Homélie de la Solennité Sainte Marie, Mère de Dieu – Vendredi 01 janvier 2021 – Année B
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Frères et sœurs bien aimés,
Avec les bergers, nous sommes réunis ce matin, auprès de Marie et de Joseph, devant la mangeoire où repose l’Enfant du Père éternel et le Fils de Marie… Marie toujours Vierge.
Cet Enfant reçoit aujourd’hui le Nom de Jésus : « le Seigneur sauve ». Celui que l’ange lui avait donné de la part de Dieu avant sa naissance.
Marie est là, présente, toute à son Fils qui a quelques jours, une semaine. Elle est aussi présente à son époux virginal, Joseph, avec les bergers qui arrivent, à chacun de nous ce matin qui venons adorer son Fils et notre Frère Jésus.
Marie retient dans son cœur, dans son intérieur, tous ces évènements et quels évènements ! Elle les médite, elle réfléchit en permanence sur eux et sur leurs conséquences, leurs effets, leurs ouvertures, leur accomplissement.
Marie est présente, toujours présente ! Présente à la réalité du monde, présente à la réalité des hommes, dans ces diverses dimensions. Avec son époux, Joseph, elle nous permet, toujours, d’appréhender et de vivre le Temps que Dieu nous donne ici-bas… un Temps de grâces, de miséricorde, de bienveillance, de la part de Dieu.
En cette année 2021, puisque nous commençons chaque année – ce sont des années de grâces en référence à la Personne du Christ, à sa naissance – en cette année qui commence, ne perdons pas de temps ! Ne gaspillons pas le Temps qui nous est donné, et qui conditionne notre histoire personnelle et commune ; sous un certain rapport, le Temps est sacré !
Nous sommes appelés en ce début d’année, à une triple attitude.
Tout d’abord à vivre pleinement le Temps : de ne pas regarder notre vie comme un film qui se déroule sous nos yeux et que nous regarderions de l’extérieur !
Un Temps rempli de la Présence du Seigneur, un Temps où nous sommes acteurs de notre vie, et pas somnolents.
Un Temps rempli de la Présence du Seigneur, en compagnie de Marie, sa Mère.
Employer chaque instant, y compris le repos, pour vivre paisiblement mais intensément ce que le Temps nous donne : la Présence de Dieu, de la Trinité, la présence de nos frères et sœurs. Puis, avec Marie, remplir notre cœur, notre vie, des évènements de la vie de Jésus, nous désencombrer de tout ce qui peut nous habiter, et qui n’est pas Jésus : des soucis nombreux et souvent inutiles.
Être remplis de Jésus, et vivre avec Lui et Lui avec nous !
Seul le Temps présent, nous permet, et, nous met en contact immédiat avec Dieu et avec les autres créatures. Demeurant dans ce présent de notre vie, en Dieu, et en compagnie de nos frères et sœurs.
Il y a quelques jours, le Pape François a donné à l’Église une Lettre apostolique, une réflexion sur la personne et la mission de St Joseph, qui a pour titre « Avec un cœur de père ».
Le Pape François nous invite à prendre Joseph comme compagnon de route, et père, durant notre vie terrestre ; comme Joseph fut l’époux de Marie et le père adoptif de Jésus.
La mission que Joseph a reçue de Dieu le Père, continue aujourd’hui envers l’Église, Corps du Christ, et sa maternité surnaturelle pour les âmes : « restaurer la vie surnaturelle dans les âmes » comme le dit le Concile Vatican II « pour tous les hommes et tous les peuples ».
A l’occasion du 150ème anniversaire de la proclamation de Joseph comme patron de l’Église universelle, le 8 décembre 1870, par le bienheureux Pape Pie IX, son successeur François nous indique le chemin à suivre, en cette année déclarée « St Joseph », du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021. Et il le met en relation, aussi, indirectement, avec l’Année de la Famille.
En cette appellation, le St Père caractérise l’attitude de Joseph de Nazareth : avec un cœur de père, première caractéristique : un père aimé.
Joseph est au service de tout le dessein sauveur de la Trinité. Joseph est un homme centré sur ce qu’il doit faire.
Dans l’Ancien Testament, dans le Livre de la Genèse, le Pharaon dit au peuple d’Égypte : « Allez à Joseph » ; et le Pape emploie cette phrase pour dire au peuple de Dieu aujourd’hui « Allez à Joseph ! »… pour demander de l’aide, pour avancer en compagnie de Jésus et de Marie.
Ensuite, le Pape décrit Joseph comme « père dans la tendresse » : Jésus a vu en Joseph, la tendresse de Dieu son Père. Et le Pape pense que c’est en regardant Joseph, que Jésus a pensé plus tard à la parabole du « père prodigue » et de son fils dissipé.
Joseph a vu grandir Jésus, et l’a aidé à devenir un homme. Jésus n’a pas fait semblant d’être homme ! Il est vraiment Dieu, mais Il a assumé la nature humaine, et c’est par Marie et Joseph qu’Il est devenu un être humain.
Ensuite, père dans l’obéissance : Joseph obéit !
Pour obéir, il faut écouter ! Et pour écouter, il faut vivre dans le silence intérieur.
Joseph demeure dans le silence pour vivre pleinement sa mission et la promptitude à répondre aux appels de Dieu, à travers les songes, à travers les évènements, avec la prudence d’un homme adulte.
Un père dans l’accueil : Joseph accueille Marie et Jésus sans fixer de conditions.
La vie spirituelle que Jésus nous montre est un chemin qui accueille – et non pas qui interroge et qui réfléchit sans cesse, et qui tourne autour de soi-même – qui accueille Jésus, qui accueille la réalité comme elle est.
L’accueil de Jésus nous invite à accueillir les autres, tous les autres, sans exclusion de qui que ce soit, quelles que soient les situations : faciles ou douloureuses, ennuyeuses.
Joseph accueille sa vie comme elle est.
Beaucoup d’évènements dans notre vie viennent sans qu’on les ait choisis.
L’important est de passer de cette acceptation sereine, et dans l’abandon, de l’amertume, de la révolte, de la tristesse, pour nous ouvrir à un accueil de notre vie, de notre histoire, comme elle est :
notre histoire familiale personnelle, notre donnée génétique, notre vie telle qu’elle est, notre monde tel qu’il est, notre histoire à nous, avec tous nos problèmes et nos joies.
Père au courage créatif.
Toute vraie guérison intérieure consiste à accueillir sa propre histoire, mais aussi il s’agit d’être actif ! Il s’agit, pour nous, du même courage créatif où Dieu compte sur nous comme Il a compté sur St Joseph. Dieu a compté sur Joseph de Nazareth pour protéger Marie et Jésus, pour prendre soin d’eux. Nous sommes invités, nous aussi, à prendre soin de Marie et de Joseph, de prendre soin de l’Église et de nos frères.
Un père travailleur !
Cet aspect qui caractérise St Joseph est bien le lien avec le travail : le travail quotidien humble, pénible, répétitif. La personne qui travaille, quelle que soit sa tâche, collabore avec Dieu, et devient un peu créatrice du monde qui nous entoure, et le transforme.
Enfin, un père dans l’ombre : Joseph est comme l’ombre du Père des Cieux auprès de Jésus.
On devient père physiquement, certes, mais on devient père en prenant soin des autres, de manière responsable.
En un certain sens, nous sommes tous dans la condition de Joseph : une ombre qui suit le Fils de Dieu et qui fait grandir les autres.
Frères et sœurs bien aimés,
que la prière de Marie, Mère de Dieu,
que la prière de St Joseph, son époux,
qui sont près de la mangeoire, qui contemplent Jésus, et qui accueillent les bergers et les anges,
nous accorde en cette année, et tout au long de notre vie, (et peut-être cette année sera la dernière pour nous),
la grâce de la conversion, de la conversion permanente,
et de vivre avec eux avant de nous retrouver tous ensemble dans la Maison du Père du Ciel pour l’éternité.
