Homélie du Vendredi Saint – Vendredi 2 avril 2021 – Année B
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Dans la Passion et la mort pleinement consenties du Christ, il y a quelque chose qui nous dépasse, quelque chose d’inexplicable qui nous pousse à nous questionner.
Cet évènement transcende notre compréhension, de sorte que nous avons du mal à trouver des mots pour en rendre raison. Nos contemporains sont en recherche de vérité mais ont rarement une juste idée de l’Amour de Dieu et du péché de l’homme.
Souvent ce Mystère de la Croix suscite le scandale ou même la dérision. L’évènement de la Passion et de la mort sur la Croix a été assumé, nous le savons, librement c’est-à-dire par amour. Il constitue à lui seul un Mystère dans le Mystère du Christ !
Ce Mystère nous concerne tous et même s’il a été inscrit à un moment de l’histoire, il transcende le temps. Il s’agit d’un fait de démesure voulu et éprouvé par Dieu pour nous réveiller de notre torpeur inconsciente. Il est à l’image de la démesure de son Amour pour les hommes. Pourtant, il n’y a que la foi qui puisse nous permettre d’appréhender et d’adorer un tel geste si scandaleux à la raison.
Le long récit de la Passion de St Jean pourrait pousser certains à l’abattement, à la culpabilisation ou à la révolte. Cependant, célébré comme il doit l’être en Église, avec piété, il doit pouvoir nous mener à pénétrer ce qu’il contient d’intercession de grâces pour repousser le Mystère d’iniquité. Ce Mystère d’iniquité qui baigne plus que jamais la vie de ce monde.
À nous, croyants baptisés, confirmés, revient dans nos combats, de méditer ce geste de guerrier pacifique, Ô combien douloureux, comme expression de l’Amour miséricordieux, accompli pour le monde.
La Croix nous appelle à vénérer Celui qui a consenti à l’embrasser pour nous délivrer de l’empire du Mal ; cela en vue de notre réconciliation avec Dieu, et ainsi d’établir une Alliance nouvelle, éternelle avec les hommes.
La Croix est donc le signe de l’espérance puisque grâce à elle, un jour, nous serons réunis à Dieu dans la paix et la joie. La Lettre aux Hébreux en deuxième Lecture, l’affirme en ce jour : « Nous pouvons déjà maintenant obtenir le pardon et recevoir en temps voulu (c’est-à-dire au moment de toute prière fervente) la grâce du secours de Dieu ».
La Vierge a été constituée par Jésus, agonisant au pied de la Croix : « Mère du genre humain restauré » (St Jean) ; elle viendra en aide à nos supplications, faisons lui confiance : nos intercessions pour le renouvellement de notre monde malade persévèreront dans la prière.
Terminons par l’extrait d’une Hymne du Haut Moyen-âge :
« Ô Puissance admirable de la Croix ! Tu tires tout à Toi, Seigneur ! Ta Croix est source de toute grâce, du grand pardon et de toutes bénédictions.
Par elle, ceux qui croient en Toi trouvent dans l’obscurité, la lumière ; dans la faiblesse, la force ; dans la pauvreté, la richesse ; dans l’obéissance, la vraie sagesse ; dans la pureté, l’illumination ; dans l’humiliation, la gloire ; dans les persécutions, la joie ; dans la mort, la vie ; dans la résurrection, la divinisation ».
Amen !