Homélie du dimanche 21 août 2022 – 21ème Dimanche Temps Ordinaire – Année C

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs,

Toute question mérite une réponse, dit-on souvent aux enseignants d’écoles ; cet adage de l’humaine pédagogie ne semble pas convenir au Maitre de l’évangile !

Il y a des questions qui paraissent légitimes et qui finalement ne le sont pas, surtout lorsqu’elles s’adressent au Maitre qui est aussi le Seigneur ; elles peuvent être inopportunes ou même inconvenantes. Plusieurs fois dans les Évangiles le Christ ne répond pas, ou répond à côté de la question, ou y répond après un détour plus ou moins développé. La question, il faut le noter d’ailleurs, n’est pas posée par l’un des disciples mais par quelqu’un de leur entourage, elle apparait déplacée à l’Auteur même du Salut, car elle manifeste une curiosité de généralisation plutôt maligne, qui ne mérite pas de réponse : Seigneur, n’y aurait-il que peu de gens à être sauvés? Sans doute est-il tout-à-fait légitime de s’interroger sur son propre Salut et sur celui de nos proches, avec délicatesse ; mais quant à vouloir évaluer le nombre des élus ! N’est-ce-pas impertinent de notre part ? Voudrions-nous nous immiscer au grand conseil du tribunal divin ? La curiosité est le premier degré de l’orgueil disait St Bernard à ses moines de Clairvaux. N’oublions jamais en effet que, quelle que soit sa forme, l’orgueil comme pour nos premiers parents, nous tourne déjà contre Dieu.

Aussi, pour nous stimuler personnellement, Jésus retourne la question d’une façon très concrète, Il nous exhorte à entrer dans le Royaume par la porte étroite, c’est-à-dire par la forme éprouvante du service de sa mission salvifique qui comporte presque obligatoirement des contradictions et des humiliations dont parle aujourd’hui la lettre aux Hébreux.

Ce n’est qu’en acceptant le chemin de la Croix assumée victorieusement par le Christ dans l’amour de Dieu le Père, que nous pourrons être au nombre des sauvés. Or cela suppose, avec le secours de la prière constante, une fidélité soutenue dans le concret des évènements de l’existence au creuset des abaissements du Christ, mais avec la joie secrète de correspondre à la volonté du Père : cela s’effectue fréquemment sous les turbulences de son Esprit d’Amour aux prises avec nous, dans les circonstances de notre vie souvent d’ailleurs très banale, ordinaire.

Soyons assurés, dans ces moments difficiles, que nous accomplissons alors les bonnes mais sévères leçons de notre pédagogue qu’est le Seigneur ; et c’est alors qu’Il nous reconnait comme ses fils. Notre offrande en Église à la suite du Christ doit prendre presque toujours, en effet, une forme sacrificielle, une renonciation, une mort à soi, conforme au grand mouvement oblatif sacramentel caractéristique de la célébration Eucharistique auquel nous participons chaque dimanche ;

et ainsi nous pouvons devenir avec le Christ une offrande à la louange de la gloire de Dieu le Père.

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