Chers frères et sœurs,

Dix jours après l’Ascension et cinquante jours après Pâque, nous fêtons en Église sur toute la terre la Solennité de la Pentecôte. Grand jour de fête qui nous gratifie du « Don de la Promesse » prophétisé maintes fois dans l’Ancien Testament, repris et confirmé sous différentes formes par le Christ Lui-même à plusieurs reprises dans les évangiles. Don de la Promesse de pouvoir vivre de la force du Salut, libéré de la suprématie du péché sous le régime nouveau de la grâce acquise à la faveur de la Croix glorieuse de Jésus-Christ.

C’est plus spécialement aujourd’hui dans l’évangile de st Jean dans la concorde retrouvée avec notre Créateur, lorsque Jésus peu après sa Résurrection, donne sa Paix à travers le geste étonnant de la projection d’un grand souffle sur ses apôtres. Pourquoi ce souffle ? Parce que le souffle, comme la colombe, et bien mieux qu’elle certainement, symbolise ici-bas le mode de la présence subtile et invisible du St Esprit.

Nous retrouvons ce même symbolisme avec plus d’ampleur, encore, dans le récit de l’évènement relaté dans les Actes des Apôtres : « Un violent coup de « vent » ébranla la maison où se tenaient les disciples ». Il est bon de savoir aussi que dans la langue maternelle de Jésus, c’est par le même mot : ruah, que sont exprimés le souffle et l’Esprit, et il en est de même pour l’esprit de l’homme, puisque selon la Genèse : « Nous avons été fait, à la différence des animaux, à son image et à sa ressemblance »… c’est à dire avec une prédisposition d’être en relation avec Dieu pour communiquer avec Lui, afin de désirer le connaitre et de l’aimer » comme le dit fort bien le Catéchisme. St Paul ne nous dit-il pas : « nul ne vit pour soi-même, si nous vivons, c’est pour Dieu que nous vivons ».

L’Esprit Saint apparait, après le Christ, comme le Médiateur immédiat entre Dieu et les créatures spirituelles (les anges et les hommes), Il transmet cette Respiration de l’amour du Dieu trinitaire qui inspire et expire ; ce qui est, le signe caractéristique de toute vie, même en Dieu. Cependant, la description des Actes des apôtres précise aussi qu’interviennent d’une manière encore plus spectaculaire, presque en même temps, également, des langues de Feu, ce feu qui symbolise d’après les Écritures de l’Ancien Testament – spécialement dans le Cantique des cantiques – l’amour ardent de Dieu pour nous.

L’Esprit Saint se manifeste donc comme la respiration de l’Amour Trinitaire qui relie les trois Personnes, et celle de chacune de ses créatures vivantes. Cette respiration d’amour de Dieu envers ses créatures, spécialement celles de la communauté humaine, se trouve intensifiée et exaucée lors de la Pentecôte. Ainsi à la Pentecôte, nous recevons par la grâce de la mort, de la résurrection et de l’Ascension du Christ, l’Amour même de Dieu.

De quoi nous stupéfier et nous faire trembler au niveau de l’esprit et du corps, alors que nous expérimentons quotidiennement que nous sommes peu aimables ; pourtant, même si nous ne nous en apercevons pas, l’Amour divin s’exprime tout autour de nous.

Il parait bon de rappeler encore, que c’est par ce dernier geste-signe de la remise de son souffle au moment de sa mort sur la croix, que St Jean écrit de Jésus « qu’Il rendit son souffle », après avoir dit : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». C’est dans l’abandon et l’obéissance que Jésus a répondu parfaitement à l’Amour de son Père ; aussi est-ce à la façon d’un baiser filial qu’Il scelle dans la mort leur communion inaltérable.

Ce Souffle qu’il offre à son Père au nom de tous les hommes parait être, alors, le même que celui que rendra le Père lors de la Résurrection de son Fils : le même souffle d’Amour commun au Père et au Fils, et qui est finalement rendu disponible, par Miséricorde, à tous les hommes (en quête de lumière).