Homélie de la fête de La Sainte Famille – Dimanche 27 décembre 2020 – Année B

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs,

La fête de la Sainte Famille… En ce dimanche de l’année B, la liturgie ecclésiale nous déplace de la crèche de Bethléem à Jérusalem.

Nous nous retrouvons dans le cadre d’un acte religieux très typique des familles pieuses d’Israël. C’est l’accomplissement d’une prescription rituelle traditionnelle, de la présentation au Temple du premier-né, pour être consacré au Seigneur.

Ce rite prend aujourd’hui une envergure unique, du fait qu’il réalise prophétiquement tout le Mystère de la mission du Christ.

Mystère hautement significatif puisqu’il rappelle l’acte d’obéissance extrême, exemplaire, exigé par Dieu au patriarche Abraham, alors même qu’il opérait le geste de substitution du sacrifice de son fils Isaac (fils unique comme nous le rappelaient les Lectures de ce jour)… geste par lequel toutes les nations seraient bénies. Il s’agit bien de restaurer l’Alliance voulue par Dieu avec le genre humain déchu.

C’est dans cette conjoncture historique grandiose « d’entrée officielle du Messie dans le Temple de Jérusalem » qu’apparaissent deux personnages merveilleux : Syméon et Anne, deux vieillards qui n’ont aucune notoriété particulière en Israël, mais qui remplissent alors le rôle de témoins.

Ce sont des gens simples mais authentiquement justes et religieux. Tous deux fréquentaient le Temple pour prier ; tous deux espéraient l’avènement proche du Messie de Dieu, parce que tous deux étaient pétris de la foi d’Israël, et vivaient sous l’influence de l’Esprit de Dieu.

C’est poussés par cet Esprit qu’ils se retrouvent, et rencontrent les parents porteurs du Saint Enfant.

St Luc, une fois de plus dans l’Évangile, nous présente l’action providentielle de l’Esprit Saint ! Dans cet épisode, il nous le révèle comme l’unique force de manifestation de l’avènement du Salut ouvert déjà à tous les peuples !

Car la gloire d’Israël s’étend à tous les païens !

L’unité de l’Ancien, et du Nouveau Testament, se trouve ici particulièrement bien exprimée, et c’est par le chant du Saint Vieillard que nous la voyons formulée.

Ce Saint Vieillard, en la circonstance, devient prophète. Il proclame avec une grande sobriété… plus grande même que celle du prêtre Zacharie au moment de la naissance de Jean-Baptiste !

Il manifeste sa joie en dansant devant Dieu, en reconnaissance, et pourtant, il va révéler le paradoxe de la mission du Messie… « Il provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël ! »… ainsi annonce-t-il par ce contraste, l’issue dramatique de la mission du Messie. Syméon peut disparaitre en paix.

Jean-Baptiste prendra le relais ; la flamme d’un Royaume nouveau va surgir à travers le ministère controversé du Christ incompris des autorités religieuses.

Il faudra la secousse tellurique – on pourrait dire – du Mystère pascal, et l’avènement de l’Esprit Saint, pour qu’émerge une assemblée nouvelle de croyants : un nouveau Temple !

Et ce sera la naissance d’une immense famille de Dieu qui se développera sous la protection maternelle de la Vierge au Cœur transpercé.

La Passion du Christ poursuivra à travers l’histoire de ce monde agité de mouvements contraires, mais elle sera porteuse d’une délivrance cachée, à jamais diffusée, proposée aux quatre coins de la terre : l’assurance dans la foi d’une victoire sur le Mal.

La vie de la Sainte Famille, à Nazareth, aussi paisible fut-elle, n’a pas été une idylle. Elle a été une compassion au monde car elle trouve sa place entre le sacrifice d’Abraham, au Mont Moriah, de son fils Isaac et celui du nouvel Isaac au Golgotha.

Puissions-nous, en Église, communier aux sentiments de la Vierge et de St Joseph, dans la prière.

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