Homélie de la Nativité de la Vierge Marie – Mardi 8 septembre 2020 – Année A

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Chers frères et sœurs,

Au cours de l’année liturgique il n’y a que trois naissances à propos desquelles la liturgie ne parle non pas de « naissance » mais de « Nativité ».

Ce sont : la Nativité de Jean le Baptiste, le précurseur, le 24 juin ; celle de Marie, la Mère de Jésus, en ce 8 septembre et celle de son Fils, le Sauveur du monde, Jésus, le 25 décembre.

Le terme de « Nativité » substitué à celui de « naissance » ajoute l’idée que cette naissance n’est pas une naissance « comme les autres », et cela à un double niveau.

D’abord au niveau biologique puisque les Écritures nous disent de Jean-Baptiste que ses parents Élisabeth et Zacharie étaient, je cite l’Écriture : « tous deux avancés en âge », et de plus Élisabeth était stérile.

De la Vierge Marie, les Évangiles, qui ne nous parlent pas de sa naissance de façon explicite, mais la tradition primitive parle de ses parents, Anne et Joachim, comme étant un couple stérile. Quand à Jésus, Il vient au monde, comme dira Paul d’une phrase lapidaire, « né d’une femme », sans qu’une semence humaine ait fécondée le sein de Marie.

Naissance « pas comme les autres » par la mission unique de ces trois personnes : Jean-Baptiste vient au monde comme le dernier des prophètes et le premier témoin de la Nouvelle Alliance. Avant lui tous les prophètes annonçaient le Messie comme « Celui qui doit venir », nous l’avons entendu dans le prophète Michée en première Lecture « jusqu’au jour où enfantera… celle qui doit enfanter ». Avant Jean-Baptiste c’est toujours « le Messie vient, il vient, c’est pour plus tard. Il est là ! »

Tandis qu’avec Jean-Baptiste, ce n’est plus pour demain, c’est pour aujourd’hui !

« Fixant son regard sur Jésus qui marchait sur les bords du Jourdain, nous dit l’évangile de Jean, Jean le Baptiste dit : « Voici l’Agneau de Dieu ! ».

« Il est là ! Il est là ! C’est l’heure maintenant de le suivre et c’est pour vous annoncer cela, dit Jean Baptiste, que je suis venu au monde. »

Quant à la naissance de Jésus, nous le savons, elle est l’accomplissement en plénitude, dans le temps et dans l’histoire, de ce que l’humanité attendait depuis des générations et des générations, dont nous a parlé longuement l’évangile de ce jour ; de cette Lecture de cette fête, depuis des générations et des générations l’humanité se préparait à accueillir la fleur de l’humanité : Jésus, né de Marie.

L’ange le dira aux bergers la nuit de Noël : « Je viens vous annoncer une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple. Il vous est né aujourd’hui dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. »

Aujourd’hui, frères et sœurs, dans le monde inquiet et tourmenté où nous vivons – et nous comprenons qu’à bien des niveaux son inquiétude et sa crainte sont justifiés – aujourd’hui, une bonne nouvelle nous est annoncée !

Aujourd’hui, comme le chante la liturgie de ce jour, à partir de la nature terrestre, un Ciel a été formé sur la terre. Ce Ciel, « c’est » Marie ! Aujourd’hui est pour le monde le commencement du Salut.

Et comme toujours dans la liturgie, lorsque nous disons « aujourd’hui », c’est « l’aujourd’hui » d’il y a deux mille ans, où Marie est née d’Anne et Joachim mais c’est aujourd’hui en ces temps 2020 de notre ère que la naissance de Marie est une bonne nouvelle, comme si nous étions contemporains de sa Nativité dans le temps. La liturgie et la foi nous mettent hors du temps, nous rendent contemporains de tous les évènements du Christ et de l’Église.

Cette bonne nouvelle de la naissance, de la Nativité de Marie, nous est confiée à nous, baptisés dans le Christ, pour témoigner là où nous vivons dans nos vocations propres personnelles. Témoigner que Dieu ne regarde pas le monde du haut du ciel en « spectateur » ! Même « un spectateur » bienveillant.

Marie est née pour donner au monde, le Sauveur, Jésus, le Fils du Père éternel (et son Fils à Elle) dont la proximité se fait d’autant plus grande aujourd’hui, que notre humanité est en souffrance.

Et lorsque tu te tournes vers Jésus miséricordieux, Il répond avec la présence maternelle de sa Mère, car lorsque tu te tournes vers sa Mère toute Sainte, Elle répond en nous donnant son Fils. Là où est la Mère, là est son Fils ! Là où est son Fils, là est la Mère !

Nous l’avons entendu ce matin à l’office de Vigiles, dans ce magnifique texte de St Bernard qui est bien connu :

« Ô toi, qui que tu sois, qui as conscience dans le cours du monde d’être davantage balloté au milieu des orages et des tempêtes, qu’en marche sur une terre ferme, ne quitte pas du regard les feux de cet astre, si tu ne veux pas être englouti sous les bourrasques. Si tu dérives droit sur les récifs des tribulations, du découragement, regarde l’étoile, appelle Marie ! »

St Louis-Marie Grignion de Montfort au XVIIIème siècle, ce grand prophète, dont la vigueur de la parole disait de Marie : « qu’ayant produit avec le St Esprit, la plus grande chose qui ait été et ne sera jamais, qu’est un Dieu, Jésus, un Dieu homme. Elle produira, poursuit Grignion de Montfort, par conséquent les plus grandes choses qui seront dans les derniers Temps »

Et, frères et sœurs, nous sommes dans les derniers Temps, c’est-à-dire dans cette période de l’histoire commencée avec l’Ascension du Seigneur dans la gloire et qui s’achèvera avec la venue de Jésus à la Parousie, à la fin des Temps dont nous ne connaissons ni le jour ni l’heure, mais nous sommes dans ces derniers Temps !

Et là, le Christ, l’Esprit Saint donné par Jésus à la Croix, accomplit, mène à son plein accomplissement dans le monde, le dessein d’amour bienveillant du Père : rassembler tous les enfants de Dieu dans l’unité de son amour. Voilà ce dont nous sommes appelés à être témoins sous le manteau et dans la miséricorde de Marie.

 

« Et le nom de la Vierge était Marie »

Aujourd’hui, le doux visage, le tendre visage de Marie, se penche sur toutes les blessures de notre humanité, les plus criantes, comme celles qui nous parviennent du Liban déchiré, comme celles plus cachées mais non moins douloureuses : des malades, des chômeurs, des prisonniers, des migrants, des personnes âgées seules ou délaissées… Et tant d’autres intentions.

L’Église, dans la compassion de Marie, se penche sur toutes ces blessures qui se présentent à elle pour y mettre le baume de l’espérance. Ce dont notre monde a le plus besoin aujourd’hui, c’est du témoignage de l’espérance… et si ce ne sont pas les chrétiens qui donnent ce témoignage de l’espérance, qui donc va le donner ?

L’Église apprend cela de Marie et Elle reçoit d’Elle ce ministère de compassion : l’un des plus beaux mots du vocabulaire chrétien avec le mot de « miséricorde ». Compassion et miséricorde !

Compassion : cum pati, souffrir avec.

Que Marie nous accompagne sur ce chemin où Elle nous précède dans la joie ; et que la joie de sa naissance aujourd’hui, soit notre joie,

Amen !

 

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