Homélie de la Nativité de la Vierge Marie – Jeudi 08 septembre 2022 – Année C
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Frères et sœurs bien aimés, les œuvres de Dieu s’accomplissent toujours – c’est la méthode divine – dans l’humilité, le silence, la pauvreté, et la patience.
Ces quatre caractéristiques se rencontrent tout au long de la révélation divine, de toute l’histoire Sainte, et manifestent l’Œuvre de Dieu ; Dieu, l’infini, le Très haut, le Tout puissant, l’Éternel, se manifeste toujours avec les signes de l’humilité, du silence.
Dieu parle dans le silence, pas dans le bruit. Il peut parler partout y compris dans le bruit, mais sa façon de procéder, c’est dans le silence extérieur et surtout le silence intérieur. Savoir faire silence en soi pour écouter la voix de Dieu, la Parole de Dieu.
Mais aussi dans la pauvreté. Jésus nous dit dans l’évangile de st Jean que tout ce qui est grand, tout ce qui a honneur dans le monde est en abomination aux yeux de notre Père du ciel. Et nous, nous risquons de passer notre vie à courir après tout ce qui brille, tout ce qui nous renvoie un miroir constructif, positif de soi-même ou des autres, une auto valorisation de soi. Et pourtant le Seigneur nous dit que tout ce qui est brillant dans le monde est en abomination aux yeux de notre Père. Non pas la création évidemment ! Non pas la beauté ou la réussite des choses humaines ! Mais tout ce qui est mondain.
Dieu travaille aussi avec patience. Dieu est patient. Dans son Fils, il a appris à pâtir. Jésus a assumé, a subi volontairement sa passion : il a souffert moralement mais aussi physiquement. Dans son fils Jésus de Nazareth, Dieu le Père a en quelque sorte expérimenté le fait de pâtir ; d’être dans l’épaisseur humaine, la difficulté de traverser la vie, la difficulté de durer dans l’épaisseur de la pâte humaine… avec tout ce qui nous retient (Jésus n’était retenu par rien évidemment) mais il a eu l’expérience dans sa chair, dans son humanité, de l’épaisseur de la vie humaine, et le fait de pâtir et de prendre patience. À tel point que Jésus nous dit dans l’évangile, il le dit à ses apôtres ou à chacun de nous : « jusqu’à quand vous supporterais-je ? »
Nous sommes invités dans cette fête de la Nativité de Marie, à accueillir ces caractéristiques de l’Œuvre divine : humilité, silence, pauvreté, patience, qui vont bien à l’encontre de la société, de tous les temps d’ailleurs, mais de la nôtre en particulier, où le bruit fait une caisse de résonnance et renvoie le bruit au bruit ; et des paroles inutiles s’ajoutent aux paroles inutiles, et des fois, complètement creuses.
Nous sommes appelés à voir la fidélité de Dieu, à voir ce déploiement de son œuvre divine quoiqu’il arrive, à travers l’histoire, à travers même la géographie, à travers toute cette pate humaine. Dans cette liste (généalogie de Jésus) que nous venons d’écouter, dans la lecture de l’évangile, il y a des hauts et des bas, il y a des crimes, des adultères, des choses vraiment moches… c’est la pâte humaine ! Et cela est intégré dans le mystère de la révélation.
Jusqu’à arriver à cette fleur qui est Marie, l’Immaculée Conception, qui va préparer la venue du Sauveur. Il est accueilli dans une femme comme les autres, mais qui n’est pas comme les autres ! Elle est l’Immaculée, c’est-à-dire, c’est son être même ! Elle a dit : « Je suis l’Immaculée Conception » : c’est son être, ce n’est pas un adjectif !
Nous sommes appelés à rentrer dans cette aube nouvelle, cette aurore qui commence aujourd’hui : Marie qui nait par ses parents Joachim et Anne qui accueillent leur fille unique. Ils vont l’éduquer pour accueillir ce Messie, même s’ils ne savent pas que c’est la mère du Messie qui arrive ; mais dans la foi ils préparent leur fille à ce sommet qui est l’accueil du Messie dans la foi, et pour Marie ce sera dans la foi mais aussi dans sa chair. Chose inouïe ! Nous sommes trop habitués à parler du mystère de l’incarnation. On est un peu blasé en quelque sorte… oui, Dieu s’est fait homme !… Mais c’est un prodige inouï.
Dieu s’est fait homme, il est l’un de nous.
Durant cette célébration eucharistique, accueillons l’Œuvre de Dieu et la manière dont Dieu s’y prend dans la vie du monde et dans notre vie pour toucher les cœurs, pour apporter le Salut. Dieu patiente. Il veut le Salut de tous les hommes et que tous parviennent à la connaissance plénière de la vérité, nous dit st Paul.
Commençons par soi-même et demandons au Seigneur de toujours plus nous convertir, de nous dilater intérieurement pour l’accueillir, lui. Que notre capacité soit remplie de sa Présence.
Mais aussi, avoir cette vigilance à rester en présence de Dieu tout au long de nos journées, avec ces caractéristiques divines de silence, de pauvreté, d’humilité, de patience, pour traverser notre vie. De la traverser dans la paix et la joie. La prière d’ouverture nous dit ce matin : que le Seigneur par l’intercession de Marie nous accorde un surcroit de paix.
Qu’aujourd’hui chacun et tous les êtres humains puissent être touchés par au moins un rayon de paix qui les transforme, évidemment les apaise, mais qui les rende davantage fils et filles de Dieu et frères en humanité.