Homélie de la Nativité du Seigneur – Messe de la Nuit – 2020 – Année B
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Frères et sœurs bien aimés,
Nous contemplons cette Nuit le visage d’un Enfant qui vient de naitre. C’est pour cela que nous veillons. C’est pour Lui que nous sommes réunis dans cette chapelle au milieu de la nuit.
Cet Enfant qui vient de naitre, ce Nouveau-Né, est Celui qui est le Créateur de l’univers, le Maitre du Temps et de l’Histoire, l’Auteur, la source de la Vie.
C’est le paradoxe de la foi chrétienne.
Dans la Personne de Jésus, nous contemplons notre Dieu et nous contemplons notre Frère. L’Emmanuel : Dieu avec nous. Le Très-Haut se fait le plus proche, le plus petit ; le plus proche de tout homme sans exception.
Charles de Foucauld, qui, dans peu de temps va être canonisé, se définissait comme le Frère Universel. Il disait que nous ne pouvions pas prendre la dernière place car c’était Jésus qui l’avait prise, et de manière définitive.
Quand Dieu se manifeste, Il le fait dans l’humilité, la simplicité, la petitesse. Dieu n’aime pas ce qui brille. Dieu n’aime pas ce qui brille aux yeux des hommes. Ce qui est grand, grandiloquent aux yeux des hommes, est en abomination devant le Père, nous dit le Seigneur Jésus.
Ce Seigneur Jésus, Fils unique du Père, ce Jésus, vrai Dieu et vrai homme, s’est fait, en naissant dans la crèche, le plus pauvre parmi les hommes afin de rejoindre tous les êtres humains ; et les êtres humains les plus abandonnés, les plus délaissés, les plus oubliés : les effacés de notre terre.
Jésus nait dans la pauvreté ; Il vit dans la pauvreté et Il meurt dans la pauvreté.
Ses parents étaient pauvres, vêtus simplement et pauvrement. Il a vécu dans une maison pauvre ; dans un village ignoré, quelque peu méprisé – « Que peut-il sortir de grand de Nazareth ? » – Il a vécu avec des pauvres ; ses premiers apôtres étaient des gens simples.
Et Il s’est occupé des pauvres.
Il a tout donné jusqu’au moment où Il a offert sa vie sur la Croix. Et là c’était la pauvreté suprême, abandonné de tous, sauf de sa mère et de quelques disciples, et quelques femmes, abandonné de tous, dépouillé ; Il avait même perdu sa réputation : mourir cloué sur une croix était un signe de malédiction pour les autorités religieuses de l’époque.
Et apparemment, Il avait même raté la finalité de sa vie et la fécondité de sa mission… donc aux yeux des hommes : un échec complet.
Et pourtant, c’est là où le Seigneur vient nous rejoindre, pour nous ramener vers son Père.
Ainsi, le Seigneur Jésus rejoint concrètement tout homme, toute situation, y compris la plus désespérée, la plus inextricable, la plus sombre…en fait ce que l’être humain ne peut pas démêler. Il vient apporter le remède de sa Présence.
Jésus demande une seule chose : être accueilli.
Et à travers les siècles, c’est cette demande qui retentit dans le cœur de tout être humain.
Dans le silence priant, par l’adoration silencieuse, nous permettons au Christ de naitre en nous, dans notre cœur… dans notre vie. Nous lui laissons la place pour naitre dans la crèche de notre âme.
Accueillons Jésus tel que nous sommes : la situation de notre vie ; offrons-lui tout ce que nous sommes, avec nos pauvretés et nos limites ; le Seigneur Jésus n’est pas rebuté par nos misères ; Il vient pour les prendre ; Il vient nous sauver et non pour nous jauger.
Gardons le regard de notre âme fixé sur Lui : sa lumière nous guérira, nous transformera. C’est Lui la Vie, la Vie véritable. Il n’est que douceur, humilité, bonté ; Il nous aime. Il nous aime à tel point qu’Il devient l’un de nous. L’Un de la Trinité devient l’un de nous !
Et puis, accueillons Jésus dans la personne des déshérités, des pauvres ; rappelons-nous le chapitre 25 de Matthieu : « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait »… tout ce que vous n’avez pas fait, par omission, c’est à Moi que vous ne l’avez pas fait !
Ces pauvres si nombreux aujourd’hui, et qui risquent de devenir encore plus nombreux dans les mois qui viennent. Ces pauvres, souvent silencieux, qui passent inaperçus.
Sachons reconnaitre, et nous faire proche de tout pauvre, de toute situation de pauvreté. Le Seigneur s’identifie toujours au pauvre. Si nous ne pouvons pas résoudre toutes difficultés, sachons présenter au Seigneur les besoins de nos frères et sœurs en humanité, dans une prière fervente, une foi vivifiante, tonifiante, car le Seigneur sait toutes choses, et Il peut tout !
Tout simplement, demeurons près de ceux qui souffrent, de ceux qui souffrent et qui sont pauvres. Notre présence fraternelle auprès du pauvre demeure l’essentiel de notre vie et de notre mission de baptisé.
« Être avec » : dans l’Évangile des synoptiques – les synoptiques voulant dire : l’Évangile de Matthieu, Marc et Luc – « être avec » est la caractéristique du disciple de Jésus, de l’apôtre. Être avec Jésus, être avec les pauvres, quel que soit la forme de pauvreté.
Frères et sœurs, puisse la Présence de l’Enfant Jésus, au milieu de nous, nous transfigurer en homme, en femme, attentifs aux réalités d’En-Haut, avec les Anges, et présents aux besoins de l’humanité d’aujourd’hui.