Frères et sœurs bien aimés,
que fêtons nous aujourd’hui ? Que fêtons nous durant cette nuit ? Nous fêtons la naissance d’un enfant ; nous fêtons la naissance de Jésus ; ce Jésus de Nazareth, Fils de Marie, Fils du Père éternel, conçu par l’action de l’Esprit Saint. Jésus le Christ, le Messie, c’est-à-dire celui qui a reçu l’onction de Dieu, et qui est l’envoyé, l’apôtre de Dieu.
Plus encore, ce Jésus qui est Dieu lui-même, qui est Fils unique du Père avant tous les siècles, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, et à l’Esprit Saint, comme nous le professons dans le Credo. Jésus, vrai Dieu et vrai homme, Dieu éternel le très haut, vrai homme qui passe inaperçu. L’Un de la Trinité se fait l’un de nous et vient vivre au milieu des hommes. Jésus dont le nom veut dire : sauveur ; il vient nous sauver ; il vient nous introduire dans la vie même de Dieu son Père, sa propre Vie ; celle que le Père veut donner de toute éternité aux hommes. Ramener l’humanité à son Père en action de grâces, par le sacrifice de la croix, et chaque être humain en particulier pour lui redonner la ressemblance divine ; et faire de chacun, de chacune d’entre nous (et de tous les hommes) un enfant de Dieu, un participant de la nature divine ; disons-le : un autre Christ, comme une continuation du Christ Jésus dans l’aujourd’hui et l’actualité du monde.
Oui, le Seigneur nous fait participer à sa divinité ; il nous déifie, il nous divinise, telle est la destinée de l’humanité, le but de l’humanité, tel est le souci essentiel qui habite nos journées. Cette venue de Dieu se veut cachée, silencieuse, pauvre, inconnue, dans le dénuement à tous les niveaux. C’est l’absolu contraire de l’esprit du monde. Lui, le maître de l’univers, le créateur du cosmos, des anges et de l’humanité, nait dans une grotte. Seuls les petits et les pauvres, les pauvres de cœur, le découvrent et peuvent le découvrir : les bergers, les mages, les cœurs simples mais aussi évidemment les anges qui sont purs et lumineux par nature.
Oui, le Seigneur veut nous rejoindre et nous rejoint. Dieu se fait discret, il s’efface pour arriver jusqu’à nous. Le Seigneur tient parole ; il tient sa parole ; il accomplit sa Parole et les Écritures, et les promesses faites aux patriarches. Et c’est pour cela que par Marie et par l’adoption de Joseph, le Christ Jésus est descendant et héritier de David, du trône davidique : Jésus est vraiment roi d’Israël et roi des Juifs.
Mais il vient humblement et comme ignoré du monde pour mener une vie ordinaire, avec des personnes ordinaires, dans un lieu ordinaire et quelque peu méprisé : Nazareth. Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? disait Nathanaël.
Le Seigneur travaille dans les grandes lignes comme dans les détails de l’histoire du monde, de l’histoire de l’humanité comme dans une histoire personnelle, à l’image du couturier qui travaille la dentelle.
Le Seigneur ne fait pas les choses « en gros » ; il n’observe pas globalement et de manière positive ce qui peut arriver. Le Seigneur s’occupe de tous les détails afin que l’ensemble soit vraiment positif.
Oui, frères et sœurs, laissons-nous habiter par ce mystère fait d’inouï, de paradoxe et de contraste : c’est la vie, la Vie de Dieu. Dès à présent, que Jésus qui est notre Dieu mais aussi qui est notre frère, trouve sa place dans la grotte de notre cœur, dans l’étable de notre vie, dans le palais de notre âme.
Que cette fête de Noël, de la Nativité du Sauveur, soit pour chacun et chacun d’entre nous, une étape nouvelle, même une étape décisive, qui nous ouvre aux réalités d’en haut dans le silence, la vie intérieure, la pauvreté choisie, dans l’humble quotidien d’une vie désormais transfigurée par la Présence de Jésus.