« Aujourd’hui, dans la ville de David, Bethléem, vous est né un sauveur qui est le Christ, le Seigneur ».

Frères et sœurs bien-aimés, cette annonce de l’Ange au Berger nous rejoint au cœur de cette Nuit de la Nativité.

Oui, aujourd’hui, Jésus vient de naître. Lui, le Sauveur. Lui, le Christ, c’est-à-dire le Messie, « Celui qui a reçu l’onction ». Lui, le Seigneur du temps et de l’histoire, le Maître du monde et de l’univers.

Aujourd’hui, avec la naissance du Christ Jésus, nous passons de l’attente à la réalisation, des promesses à l’accomplissement, de l’obscurité à la lumière, des figures à la réalité.

Aujourd’hui, frères et sœurs, la lumière l’emporte sur les ténèbres, la vérité sur le mensonge, le jour sur la nuit, le bien sur le mal, la vie sur la mort.

Le Seigneur vient à nous, il vient parmi nous, il se fait l’un de nous. L’exception de la révélation chrétienne, c’est « Dieu qui se dit », Dieu qui se révèle, Dieu qui vient à nous, Dieu qui a l’initiative de cette rencontre, de cette révélation, et de cette relation qu’il veut établir avec chacun et chacune d’entre nous. Tel est le cœur de la vie chrétienne, ce Mystère de la filiation divine : nous sommes fils et filles de Dieu, dans l’unique Fils, le Christ Jésus. C’est Lui et lui seul, le Seigneur, qui se fait Sauveur (ce que veut dire le nom de Jésus).

S’il y a une théologie, c’est-à-dire une parole sur Dieu, c’est d’abord parce qu’il y a une épiphanie, c’est-à-dire une manifestation de Dieu. Dieu se révèle. La vie chrétienne, le christianisme, est une autorévélation de Dieu, et non avant tout une théologie. « Dieu se dit », et à partir de ce « dire de Dieu », de cette Parole, et bien l’être humain peut découvrir ce Mystère par grâce.

Oui, Dieu entre dans l’histoire. Dieu n’est pas absent de l’histoire humaine. Dieu entre dans notre histoire, dans mon histoire pour la transfigurer. Dieu vient à nous, il est parmi nous : l’Emmanuel, afin que nous puissions le rejoindre. Tel est le but de la vie humaine.

L’infini, qui habite le cœur de chaque être humain, est rejoint par Celui qui a déposé ce désir en l’homme. L’homme est fait pour Dieu, aussi bien dans cette vie terrestre que dans la vie du Royaume des cieux. L’Éternel, le Très haut, le Tout autre, se fait petit enfant pour s’approcher de sa créature avec l’humilité, la douceur, la patience, qui sont le propre de Dieu.

La « toute puissance » divine devient le « tout petit » de la crèche à Bethléem ! L’inaccessible devient le vulnérable, le dépendant. Dieu se fait en quelque sorte l’hôte de sa créature.

Frères et sœurs bien-aimés, apprêtons notre cœur, notre esprit, notre âme, le plus intime de notre être, pour accueillir en cette nuit Celui qui nous communique sa propre vie : Jésus, et qui par le fait même, nous divinise, nous déifie. Irénée de Lyon disait : « Dieu se fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».

Dans le silence de l’adoration, dans le silence du monastère, plus profondément dans le silence de notre cœur, accueillons l’Amour de cet Enfant qui vient de naître et qui est notre Sauveur et notre Dieu.

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