Frères et sœurs bien aimés, en cette Nuit de Noël, en cette Nuit de la Nativité du Verbe fait chair, nous accueillons dans la foi – la foi théologale qui nous fait toucher Dieu – la venue du Seigneur pour chacun et chacune d’entre nous et pour toute l’humanité. Nous accueillons, nous contemplons, nous adorons, Celui qui, de toute éternité, partage la gloire de Dieu le Père, dans la puissance aimante de leur commun Esprit, l’Esprit Saint.
Oui, frère et sœurs, l’Un de la Trinité est venu vivre avec nous. L’Un de la Trinité s’est fait chair, a pris la nature humaine. La Personne divine du Fils unique de Dieu le Verbe, le Logos, prend chair de la Vierge Immaculée, la Vierge Marie, la Vierge de Nazareth. Nous vivons en tant que baptisé, de cette vérité révélée. Dieu se fait homme, Dieu se manifeste. La vie chrétienne n’est pas un discours sur Dieu, ou pas seulement cela, c’est Dieu qui se dit, Dieu qui vient à nous : l’Emmanuel.
C’est la vérité même du Mystère de l’Incarnation qui ouvre une vie nouvelle, une ressaisie de l’être humain et de toute l’humanité. Dieu veut que l’homme devienne participant de sa propre vie.
Ce que l’homme voulait prendre de force – qu’on appelle le péché originel – Dieu le donne par miséricorde. Dieu adopte, par et dans son Fils Jésus, l’humanité sauvée. Dieu réalise et accomplit par son Fils Jésus, l’adoption filiale ; nous devenons dans le Fils unique, fils et filles de Dieu, enfants de Dieu, en Esprit et vérité.
L’homme est déifié, l’homme est égal à Dieu par miséricorde divine. Si l’altérité entre Dieu et l’homme demeure, au niveau de l’être, au niveau de l’amour (agapè), Dieu nous met à son niveau par grâce.
Cette adoption s’accomplit par la foi et par la réception du sacrement de baptême. Le baptême est nécessaire au Salut. Nous sommes appelés à prendre conscience de cette vérité, moins comme un devoir, mais comme un acte d’amour, de correspondance à l’amour de Dieu, de lui répondre amour pour amour.
Contempler l’Enfant Jésus dans la crèche de Bethléem nous ouvre à la puissance de Salut apportée par le Christ Jésus. C’est la vérité, la véracité du mystère de l’incarnation. Ses conséquences (de ce mystère de l’incarnation) sont multiples, et à la fois unifiées.
En premier lieu, c’est le Salut éternel des hommes – il ne faut pas oublier cet adjectif : éternel des hommes – avec le pardon des fautes et le Don de la grâce divine. Dieu nous fait grâce, nous sommes graciés.
Mais aussi, la possibilité pour tout croyant de vivre l’intégralité de son existence humaine, unie au Christ Jésus. Notre vie chrétienne n’est pas une suite d’idées, la suite de valeurs morales, si belles soient-elles… c’est plus que cela. C’est accueillir Jésus dans notre vie !
Et cette nuit, nous sommes appelés à accueillir Jésus dans la crèche de notre âme. Il ne suffit pas de contempler Jésus dans la crèche, de l’adorer… si nous le laissons extérieur à notre vie, extérieur à notre âme, à notre esprit, à notre agir.
Par ce mystère de l’incarnation, l’existence humaine est appelée à être unie à Dieu dès ici-bas par la foi. Et nous qui sommes baptisés, ou qui allons être baptisés, nous sommes appelé à unir notre vie à cette Présence du Christ Jésus qui nous est toujours présent.
S’il y a le côté extensif de notre union au Seigneur dans le déroulé et l’épaisseur de notre vie, parfois la pesanteur, nous sommes aussi appelés à être unis au Christ dans toutes les dimensions de notre personne humaine, jusqu’aux dimensions les plus profondes de notre être. Dans toutes les dimensions de notre personne, nous sommes appelés à accueillir le Christ et à vivre unis à Lui.
Mais aussi à prendre en considération, la personne des autres, qui eux aussi sont appelés à accueillir le Christ et à vivre toute leur dimension humaine unie au Christ, en présence du Seigneur, du Sauveur.
Nous sommes appelés à servir l’être humain dans toutes ses dimensions et à retrouver le visage du Christ sur tout visage humain… même le plus défiguré par le Mal ; il reste toujours un enfant de Dieu, appelé à devenir lumière dans la lumière du Christ. Nous sommes appelés à être toujours remplis d’espérance, et de croire que l’autre peut évoluer en bien, comme soi-même nous pouvons évoluer en bien, toujours. Rien ne peut arrêter cette potentialité, cette puissance de progression vers le Bien. Il suffit de choisir, d’opter de mettre en œuvre notre liberté pour choisir le bien et rejeter le mal.
Et notre agir chrétien est appelé à répondre aux besoins de nos frères et sœurs en humanité, dans toute leur dimension humaine, pour les servir, et retrouver le Christ en eux et à travers eux. C’est Jésus lui-même qui nous donne cette lumière, cette force, cette persévérance, et souvent le courage d’avancer et de ne pas reculer.
La naissance de Jésus de Nazareth est une nouveauté radicale. Souvent, on entend dire « quoi de nouveau ? » ; et même l’Ecclésiaste dans la Bible, nous dit : « rien de nouveau sous le soleil ». Il y a une nouveauté radicale permanente : Jésus vivant ! Jésus né à Bethléem ; Jésus mort et ressuscité qui est toujours présent à tout être humain quel qu’il soit.
Par Lui toutes choses sont ressaisies, reprises, recrées, pour les offrir en action de grâce au Père dans la puissance agissante de l’Esprit Saint.
Frères et sœurs bien aimés, puisse la grâce de ce Noël, dans le silence de nos cœurs, faire de chacun et de chacune d’entre nous des témoins lumineux convaincants, authentiques, de cet Amour de Dieu manifesté en son Fils Jésus ; et d’annoncer non seulement par nos lèvres mais par toute notre vie : « un Sauveur nous est né ! »