La tradition de l’Église a toujours considéré la fête de la « Présentation du Seigneur » comme une fête de rencontre (comme nos frères orthodoxes l’appellent), mais aussi de lumière et de joie parce que St Luc, dans cet évangile de l’enfance, nous y rapporte le beau cantique du vieillard Syméon qui, dans le temple, bénit Dieu de lui avoir permis de voir, avant sa mort, le Messie du Seigneur.
Comme Anne qui, à sa suite, interviendra pour proclamer à Dieu des louanges, Syméon ne devait sans doute pas avoir un rang social élevé (l’évangéliste l’aurait mentionné), mais c’est par sa qualité spirituelle que Dieu l’avait élu pour goûter ce privilège de voir, et de tenir dans ses bras, le saint Enfant. Or, cela tenait à son attitude profonde, à sa simplicité et son intériorité ; St Luc nous le dit : il était un homme juste et pieux ; il serait donc heureux, dans sa vieillesse, d’être un témoin de la réalisation de la promesse, et de pouvoir rencontrer Celui qui devait venir restaurer son peuple Israël. Durant la plus grande partie de sa vie, il était demeuré dans l’attente de cet évènement unique.
Aussi tous deux, Syméon et Anne, étaient convaincus par leur foi, que le Seigneur de l’Alliance n’abandonnerait pas son peuple, parce qu’Il demeurerait fidèle dans l’accomplissement de ses promesses ; tous deux avaient le même pressentiment qu’Il ne tarderait plus. Une rencontre unique allait donc s’effectuer entre ces deux personnages âgés, entièrement tendus vers l’avènement de ce petit Enfant qui allait changer le cours du monde. Ils seraient présents à la charnière la plus marquante de l’histoire, à la naissance d’une ère religieuse nouvelle.
Syméon et Anne sont l’exemple type de ces croyants fidèles qui ne se laissent pas obséder par leurs propres soucis, ou du souci excessif des autres, mais s’en remettent entièrement à Dieu. Ils se nourrissent en effet de préoccupations spirituelles plus vastes, comme celle du partage d’une amitié véritablement divine, ou celle d’un bonheur céleste à partager, si possible, avec tous les hommes de bonne volonté, en quête de Salut. Cette ouverture ne leur vient pas uniquement de leurs qualités personnelles, elle est due, plus principalement, à leur ajustement à la mouvance de l’Esprit Saint, auquel ils s’en remettent totalement. L’évangéliste le note expressément, c’est Lui qui les poussait « à venir » au temple, pour Syméon, ou pour Anne, à « y demeurer ».
Nous ne savons certes pas quel genre de révélation avait reçu Syméon, cependant il avait la certitude intime que son désir, si vivement souhaité, aurait lieu effectivement. Cette certitude ancrée dans son âme le confortait et le préparait à cette bienheureuse rencontre. St Luc nous montre par-là (à travers cette célébration cultuelle au temple) que le St Esprit était déjà à l’œuvre. Non seulement à l’œuvre chez les grands personnages de l’Ancien Testament, mais encore, chez les plus humbles des croyants.
Cela nous invite, frères et sœurs, de ne pas trop être tranchants dans nos considérations de distinctions, concernant le rapport entre les deux Testaments !
C’est la même révélation qui se poursuit dans les deux, et qui ne trouvera son plein achèvement qu’à la fin des Temps.