« Jésus resta à Jérusalem… et ses parents le trouvèrent dans le Temple »

Frères et sœurs bien aimés,

Jésus est devenu un adulte et reconnu comme tel dans la communauté juive de son Temps. Jésus grandissait devant Dieu son Père et devant les hommes. Jésus n’a pas fait semblant d’être un homme. Il a voulu, dans son humanité Sainte, corps et âme, vivre la croissance et l’évolution de l’être humain dans la condition qui est la nôtre, hormis le péché. C’est le grand Mystère de la Personne du Christ Jésus, à la fois proche et insondable.

À l’occasion du pèlerinage annuel à Jérusalem (pour tout juif fidèle), Jésus manifeste aux yeux de tous son vécu plénier avec le Père. Ce Père qui l’a envoyé dans la puissance vivifiante de l’Esprit Saint ; ce même Esprit qui a fécondé le sein de Marie Immaculée, et qui féconde aujourd’hui le sein de l’Église pour donner de nouveaux enfants.

« Être chez mon Père »

Frères et sœurs, le Temple de Jérusalem était le seul lieu en Israël (et sur la terre) où le culte public des croyants de la Première Alliance pouvait s’exercer, et devait s’exercer. Jésus, qui a été présenté au Temple par ses parents, la Vierge Marie et st Joseph, lorsqu’il venait de naître (40 jours après sa naissance selon la loi, après Moïse), demeure présentement dans ce même Temple, à la fois pour prier son Père et participer activement à l’écoute de ceux qui étaient chargés d’enseigner le peuple au Nom du Seigneur. Il y demeura trois jours : trois jours annonciateurs des trois jours de sa passion, sa mort et sa résurrection, quelques années plus tard.

Aujourd’hui, Jésus est présent dans la discrétion d’un jeune juif qui désire vivre sa relation avec Dieu et accomplir la loi de Moïse dans son intégralité. Vingt et un ans plus tard, il rentrera à nouveau dans le Temple, acclamé par la foule qui le reconnaît comme le Messie et l’Envoyé de Dieu ; et une semaine après, il subira librement, se livrera à la passion, rejeté par tous.

Depuis sa mort et sa résurrection, Jésus est devenu non seulement l’unique grand prêtre de l’Alliance nouvelle, inaugurant le sacerdoce nouveau mais aussi le Temple nouveau et l’Autel du sacrifice. Ce qu’il dira à la Samaritaine en Jean, 4 : « Crois-moi femme, ce n’est plus sur cette colline (du Garizim), ni à Jérusalem que vous viendrez pour adorer le Père… L’heure vient, et c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit ; et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer ».

Frères et sœurs, le Temple où il faut adorer, c’est la Personne même du Christ Jésus ressuscité. « Le Temple dont il parlait, dit saint Jean, c’était son Corps ». Voilà le lieu de notre adoration, à savoir, le Christ Jésus lui-même. En Lui, par Lui, avec Lui, nous adorons le Père dans l’Esprit Saint. Nous pouvons ainsi, frères et sœurs, adorer en tout lieu et en tout temps !

L’ayant reçu (ou nous désirons le recevoir pour ceux qui ne sont pas encore baptisés), et étant reçu par Lui dans le Baptême et l’Eucharistie nous devenons par grâce « temple » de la Présence divine du Père, du Fils et de l’Esprit Saint (ce que les théologiens appellent « l’inhabitation » de la Trinité dans l’âme humaine).

Nous pouvons ainsi retrouver, mieux, vivre en permanence et non par intermittence, vivre en permanence en communion avec le Seigneur Jésus. Lui-même nous dit : « celui qui mange ma chair et boit mon sang (dans l’Eucharistie, le Pain de vie) demeure en Moi et Moi en lui ».

Cette Présence sera manifestée lors de nos assemblées liturgiques dans lesquelles le Seigneur vient à nous pour nous constituer comme son corps ; le corps de l’Église (le corps visible de l’Église) c’est-à-dire l’humanité nouvelle recréée, sanctifiée et transformée par son Action et celle de l’Esprit Saint à la Gloire du Père. Ces lieux d’assemblée seront beaux, dignes, porteurs de sens : signes de la Présence divine et renvoyant à Elle ; il y a comme une interaction réciproque entre l’assemblée des croyants (l’Église rassemblée, assemblée réunie en son Nom : « quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux ») et le lieu géographique et physique des habitations, des édifices qui nous accueillent et nous aident à reconnaître la Présence du Seigneur ressuscité.

D’où l’importance pour la foi et la culture, de la beauté, la propreté et de l’attraction des chapelles, des édifices et cathédrales qui sont signes de la Présence de Dieu dans notre vie et notre histoire personnelle, collective et publique. Ainsi, notre vie sera comme immergée dans la Présence aimante de Dieu, du Dieu trois fois saint, durant son parcours ici-bas, quels que soient les lieux et les situations existentielles. Frères et sœurs, quel réconfort pour nous et pour tout être humain !

Retrouver le Seigneur ; être en Lui ; être avec Lui dans la foi ; demeurer en Lui, en communion avec Lui et avec nos frères et sœurs dans la foi (la communion des saints), et sous certains aspects avec tous nos frères en humanité, puisque tous sont appelés à recevoir, à accueillir Jésus et à vivre de la plénitude du Baptême.

Présence d’immensité de Dieu que nous reconnaissons dans sa Création.

Présence de grâce, de la grâce sanctifiante au fond de notre être depuis notre Baptême où l’on rejoint ce « point » où Dieu nous crée en permanence, nous maintient dans l’Être.

Présence du Seigneur dans chaque être humain rencontré tout au long de nos vies, des jours et des circonstances, surtout dans les plus malheureux, les plus abimés, les plus cabossés… et disons-le, parfois dans notre vie, c’est nous les plus cabossés !

Présence du Seigneur dans sa Parole, dans les assemblées du dimanche avec comme sommet et centre la célébration du Mystère de l’Eucharistie.

Présence silencieuse dans nos chapelles et oratoires disséminés sur tout notre pays.

Présence aimante et unique devant le tabernacle de nos églises où Jésus demeure, où il demeure dans la réalité de son humanité et de sa divinité.

Frères et sœurs, ce que pouvait pressentir et même désirer le panthéisme, et l’ensemble des païens, malgré bien des erreurs de fond et de forme, le Seigneur nous accorde cette union avec Lui, dans une communion qui respecte à la fois l’être et l’identité des personnes et des choses, sans fusion ni disparition, ni absorption, mais dans une humilité et une vérité d’amour et de volonté, qui s’accomplit dans une relation libre, d’alliance et de filiation, qui nous introduit au sein même de la Vie trinitaire.

Frères et sœurs, que le Don de Dieu est magnifique ! Sachons le remercier, lui rendre grâce tout au long de cette journée ;

que la vie humaine avec ses combats, ses chutes et ses relèvements…que cette vie est belle !

Frères et sœurs, que Jésus soit vraiment notre joie et que notre joie demeure !

Historique de nos Homélies