Homélie de la Solennité de la Sainte Trinité – Dimanche 30 mai 2021 – Année B

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Chers frères et sœurs,

Si la solennité de la Pentecôte que nous avons célébrée dimanche dernier, clôt le Temps de Pâques, on peut dire que la solennité de la Trinité, que nous célébrons aujourd’hui, en est le point d’orgue.

En effet, après avoir célébré tout au long de l’année liturgique, les différents Mystères de la vie de Jésus, depuis sa nativité à Bethléem jusqu’à son baptême, sa vie cachée à Nazareth, sa vie publique sur les chemins de Palestine, puis la montée à Jérusalem, sa passion, sa mort, sa résurrection, son ascension, nous célébrons aujourd’hui la source et la fin de son incarnation.

Jésus, Dieu fait homme, en sa nature divine, a son origine en Dieu. Il est le Fils éternel de Dieu, le Verbe de Dieu – comme l’appelera Jean « le logos » : la raison, celui qui a du sens, la Parole – Dieu qui est non seulement « raison » mais « raison » créatrice, une raison qui parle et qui se communique elle-même. Jésus a son origine en Dieu et sa fin en Dieu. Il siège pour toujours à la droite du Père en sa nature divine : Il est une Personne divine mais aussi en son humanité glorifiée ; Il a vaincu la mort!

Quand nous disons qu‘Il siège à la droite du Père, nous confessons qu’Il n’a pas, en remontant auprès du Père, abandonné sa nature humaine. Jésus vit au sein de la sainte Trinité en son corps glorifié, son corps né de Marie ; ce corps qui a subi la mort et qui est maintenant à jamais dans la lumière du Père et de l’Esprit Saint où Il nous attend.

Cela pourrait nous paraitre bien étrange et lointain si notre foi ne nous faisait pas croire que, cette gloire du Fils, nous sommes à notre tour appelés à la partager, à en vivre. Comme nous le proclamerons dans un instant, dans le Credo, le Symbole de Nicée-Constantinople : « j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir » ; et dans ce qu’on appelle « le petit » Credo, le Symbole des Apôtres : « je crois en la résurrection de la chair, à la vie éternelle ».

Alors, est-ce-que vraiment nous croyons à la vie éternelle ? J’y crois, non pas comme un spectacle que je regarderais de loin comme au théâtre… mais je crois que cette gloire du Christ vainqueur de la mort sera, pour moi aussi, donnée en héritage ; « pour nous les hommes et pour notre salut, dit encore le Credo, il a pris chair »… pour nous les hommes : pour chacun d’entre nous !

Nous parlons du mystère de la sainte Trinité. Le mystère, ce n’est pas une énigme ; c’est une lumière qui comme le fait le soleil, éclaire toutes choses sans qu’on puisse la regarder elle-même ; ainsi les « tout-petits » dont nous parle l’Évangile, sont-ils souvent plus près que nous du mystère, car comme dit st Augustin : « Il s’agit avant tout de croire pour comprendre et non pas de comprendre pour croire. »

« Dieu est lumière » : ainsi le définit st Jean dans son évangile. « Et nous sommes » dit Paul « des enfants de lumière ».

Des enfants qui sont engendrés par le Père les lumières, « de qui jaillit une profusion de grâces et de lumières ». Et cette lumière qui émane de Dieu est amour.

Il s’agit de ne jamais séparer la lumière, de l’amour, comme tant de gens le font. Connaitre la vérité qu’est Dieu, chercher la vérité et aimer la vérité, c’est un seul mouvement, c’est une seule dynamique… il n’y a pas la tête de mon côté et mon cœur de l’autre !

Cette lumière de Dieu révélée par Jésus, est une lumière, oui, qui est crucifiante car elle met à jour mon péché, mes ténèbres, mais elle les met à jour pour nous en faire sortir par sa mort et sa résurrection.

Lorsque nous prions Dieu, que nous nous adressons à Lui en disant « Seigneur » ou bien « notre Père », c’est aux trois Personnes divines que nous parlons ! Même si nous n’en avons pas explicitement conscience ; car chaque Personne divine a tout en commun avec les autres Personnes. Tout remonte vers le Père et tout ce qui vient du Père passe par le Fils et nous rejoint dans l’Esprit Saint ; cependant notre Dieu dont nous confessons qu’Il est Trinité n’est point triple ! Un seul Dieu en trois Personnes ! On pourrait parler du mystère de la tri-unité !

Contempler la Trinité, c’est contempler l’Amour en Dieu, l’Amour de Dieu. « En vérité, dit encore Augustin, tu vois la Trinité si tu vois l’amour. Ils ne sont pas plus de Trois, un qui aime celui qui vient de lui (Jésus), un qui aime celui dont il vient (le Père), et l’Amour même (l’Esprit Saint). »

Pour connaitre et vivre de la Trinité, oui, frères et sœurs, il faut apprendre toujours plus à aimer ! L’amour humain nous dit déjà quelque chose de ce qu’est l’amour en Dieu : par sa gratuité, par son caractère irréversible – aimer, c’est toujours aimer pour toujours – car vraiment aimer, oui, c’est un don irréversible.

C’est ce que Dieu a fait et continue de faire pour nous. « D’un amour éternel, je t’ai aimé », dit-il dans le prophète Isaïe « et je t’ai gravé sur la paume de mes mains » dit Dieu (ou comme disait récemment le Pape François : « je t’ai gravé comme un tatouage sur la paume de mes mains ! »)

En cette solennité de Dieu Trinité, nous demandons à l’Esprit Saint de nous immerger dans ce grand Mystère de la foi en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit !

« La Trinité n’est pas une vérité abstraite, ou un simple dogme, elle est notre milieu vital appelé à devenir notre passion » écrit st Grégoire de Naziance, le grand théologien du IVème siècle.

Que le Christ Jésus, l’Envoyé du Père, nous envoie en ce jour, son Esprit pour mieux comprendre et accueillir l’Amour Trinitaire. C’est le Père qui nous communique le Fils ; c’est le Fils qui répand sur nous le feu de son Esprit : la divine Onction.

Gloire au Père ! Gloire au Fils ! Gloire au Saint Esprit ! Au Dieu qui règne maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen !

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