Frères et sœurs bien aimés, la fête de la solennité du mystère de la Trinité Sainte nous permet de célébrer le mystère fondamental de notre foi chrétienne, de notre foi de baptisé, Celui en qui nous croyons.
Cette connaissance sur Dieu est une manifestation de Dieu lui-même (on pourrait dire une auto révélation de Dieu, c’est Dieu qui se dit), ce n’est pas une parole sur Dieu, ce n’est pas une théologie, mais c’est une théophanie : une manifestation de Dieu qui se dit.
À partir de là, la théologie peut dire « un peu » quelques mots : Dieu se dit !
Dans l’acte créateur, puis dans son intervention dans l’histoire humaine, le Seigneur se manifeste de diverses manières à sa créature, qui est l’être humain – le sommet de la création matérielle – au-dessus, il y a les anges ; mais l’être humain, l’humanité, la personne humaine est le sommet de la création. Ce n’est pas l’être humain qui est au service de la création : c’est la création qui est au service de l’être humain ; il en est l’intendant, donc pas l’exploiteur. Celui que les traditions religieuses nomment « Dieu », c’est-à-dire Celui qui se suffit à lui-même, subsiste par lui-même et en lui-même ; Celui que les philosophes, et surtout les métaphysiciens, nomment « l’acte pur, le moteur premier », se révèle à l’humanité. L’intelligence humaine peut parvenir à connaitre l’existence de Dieu sans la foi ; le contraire s’appelle une erreur : le « fidéisme ». Cette possibilité de la raison humaine de connaitre l’existence de Dieu a été affirmée par le Concile Vatican I, et repris par le Concile Vatican II dans sa constitution Dei Verbum sur la Révélation divine.
Par contre, dire que : Dieu est Trinité, relève directement de la Révélation de Dieu ; seule la Révélation nous permet d’entrer dans la connaissance, l’accès à l’être et à la vie de Dieu même… à croire au Dieu unique en trois Personnes, à croire en Jésus Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme… seule la Révélation peut nous le permettre.
La Révélation judéo-chrétienne nous dévoile, de par la volonté même du Seigneur et sur son initiative gratuite et aimante : qui est Dieu, la vérité sur son Être, son dessein d’amour, de miséricorde, en faveur de toute l’humanité et son histoire – et pour chaque être humain en particulier ! Personne n’est oublié.
Celui qui nous révèle « qui est Dieu », porte un nom : Jésus… de Nazareth. L’amour fait chair qui s’est incarné. Jésus Christ et Seigneur qui se manifeste par ses paroles et ses actes, comme l’Envoyé de Dieu, l’Apôtre de Dieu, comme son serviteur fidèle et souffrant, comme le Fils de l’homme qui accomplit l’attente et l’espérance d’Israël ; cette attente basée, enracinée, dans la promesse faite à notre père Abraham, et aux patriarches : Isaac, Jacob, Joseph et les autres… exprimée aussi dans la Révélation à Moïse sur le Sinaï, l’Horeb, par le don de la Torah, le don de la loi… puis proclamée par les prophètes de l’Ancien Testament.
Frères et sœurs, Jésus est bien ce Messie, c’est-à-dire le Christ, Celui qui est marqué, qui est consacré par Dieu, pour annoncer la Bonne Nouvelle : l’Évangile du salut, la libération de son peuple, le peuple élu d’Israël ; mais en vue de l’universalité du salut par la rémission de nos péchés et la libération – la liberté donnée à tous – dans le but de vivre une relation d’Alliance destinée à chaque être humain – et à toute l’humanité – racheté par le sang du Christ, et par le don de l’Esprit Saint. Cette humanité rachetée par le sang du Christ, et mue par l’Esprit, se nomme l’Église.
L’Église du Christ, son Corps, son Épouse, qui sont des images mais qui nous disent quelque chose ; l’Église resplendissante de la sainteté du Dieu trois fois saint dans sa constitution-même, qui vient de Dieu et qui est maintenue par Dieu dans ses membres les plus saints, ceux qui sont appelés à se purifier et à se sanctifier.
Si Jésus se manifeste comme serviteur, comme le prophète annoncé par Moïse dans le Deutéronome, pour accomplir les temps messianiques, Jésus est plus qu’un prophète ! Jésus se manifeste comme le Fils unique de Dieu, son bien aimé, comme la Parole de Dieu, le Logos, son Verbe, qui parle et agit en son Nom, mais plus encore dans la Personne même du Père avec qui, il est Un.
Par son Être, par sa relation filiale, Jésus manifeste Dieu comme le Père, comme son Père qui est aussi notre Père, comme son Dieu dans son humanité qui est aussi notre Dieu. Ce Dieu qui veut le Salut de tous les hommes ; « que tous les hommes soient sauvés » nous dit Paul à Timothée « et parviennent à la connaissance de la vérité » ; c’est-à-dire : connaitre Dieu en Esprit et en vérité, connaitre le vrai Dieu, la vérité sur Dieu et les moyens à employer, à prendre, pour être sauvé ; mais aussi vivre selon la volonté de Dieu, c’est-à-dire vivre dans son Amour et son bonheur de la vie même du Père, donnée dans la Personne même de son Fils Jésus.
Jésus qui est Un avec le Père et l’Esprit Saint nous manifeste, nous révèle, exprime, la vérité sur Dieu ; l’Épitre aux Hébreux nous parle de l’empreinte de Dieu (sur le visage du Christ) ; Il nous manifeste qui est Dieu… et sa volonté, son dessein créateur, sauveur. Jésus nous donne le sens de la création et de la vie humaine.
Comme disait le pape Benoit XVI, il y a un mode d’emploi pour l’être humain. On n’utilise pas la personne humaine. On ne s’en sert pas ! Ce n’est pas « des matériaux » à expérimentation… ce qui est bon pour l’être humain et son devenir heureux, tant sur la terre que dans le Royaume des cieux ; en fait, ce qui est nécessaire pour recevoir le Salut éternel.
Cette connaissance sur Dieu nous révèle aussi la connaissance sur l’être humain : la cause de l’être humain, sa source, ses racines, le contenu de sa vie et sa destinée finale et définitive. Plus nous nous rapprochons du Christ, plus nous comprendrons qui nous sommes, qui est l’homme. Cette connaissance de Dieu nous ouvre à ce que le Seigneur demande à chacun de nous, et à toute l’humanité, comme Créateur de l’être humain (de l’homme et de la femme), ce à quoi il nous appelle ici-bas. Nous avons une boussole – plus qu’une boussole – nous avons une route qui est Jésus : une vérité qui éclaire notre intelligence, un amour qui nous meut pour arriver à cette destinée ; nous ne sommes pas abandonnés dans l’humanité errante, flottante sur les océans, ne sachant où nous allons… non !
Nous avons une source, nous avons une destinée, nous avons un contenu de notre vie qui nous est révélé ; et cela par Amour, pour vivre dans l’amour et le bonheur.
Le Seigneur nous appelle à cette relation, une relation d’amour avec lui, comme lui-même est Amour. La Trinité est une relation éternelle d’amour ; cet amour qui constitue la vie de Dieu même, mais également la vie de la personne humaine ; nous sommes des êtres de relation. L’être humain est créé pour être en relation, pour être aimé et pour aimer ! C’est la substance même de la vie humaine.
Chacun est appelé à participer, à vivre, dans cette relation ; une relation d’amour dans une alliance avec la Trinité, qui exprime et réalise notre communion avec ce Dieu unique en trois Personnes, qui nous dévoile aussi un nouveau type de relation avec les autres, avec nos frères et sœurs en humanité.
Il y a une fraternité humaine qui vient de l’acte créateur, une fraternité plus profonde qui vient du baptême qui nous fait participer, au regard des autres, comme le Christ.
Cette attitude, ce regard de foi, d’espérance et d’Agapè, qui change notre regard sur les autres, notre façon de penser sur autrui et d’agir à l’égard de tous les hommes : ceux qui sont les plus séduisants mais aussi les plus abimés.
Frères et sœurs bien aimés, en ce jour de cette solennité de la Trinité, dans la puissance de l’Esprit Saint, entrons davantage toujours plus dans ce Mystère d’amour, pour le manifester non seulement par nos paroles, par nos homélies, mais aussi par toute notre vie. Amen !