Le 11 Juillet, tous les monastères d’occident et toute l’église romaine fêtent solennellement en ce jour notre patriarche Saint Benoit comme patron de l’Europe (depuis la déclaration du St Pape Paul VI). Moines et moniales célèbrent Celui qui a été « béni par Dieu » personnellement depuis sa jeunesse, puis dans sa postérité.  

C’est Grégoire le Grand qui, à la fin du VIe siècle dans son livre des dialogues, rapporte qu’étant encore étudiant, « ce béni de Dieu » reconnut son privilège d’appartenir au Seigneur de l’Alliance et décida de rompre avec le monde de Rome qui l’entourait de distractions, pour vaquer à Dieu seul dans le silence sous son regard bienveillant.  

Sans doute connaissait-il, par quelques écrits de saints Pères catholiques qu’il existait une tradition monastique en Orient. Au dernier chapitre de sa Règle, il fera mention de St Basile dont la Règle était suivie par des grecs au sud de l’Italie, de la vie d’Antoine récemment traduite en latin, ainsi que des institutions et conférences de Cassien à St Victor de Marseille sur les moines d’Égypte. À cette époque on mettait l’accent sur la nécessité d’une expérience de la solitude, pour que le jeune chrétien soit initié à cette vie intérieure, si bien d’ailleurs déjà relatée et exercée par St Augustin. Nous connaissons son influence spirituelle sur l’esprit de St Benoit particulièrement vis-à-vis de la vie commune, et qui sera développée un peu plus tard par notre branche cistercienne au XXIIe siècle. 

Cependant Benoit avait certainement entendu parler aussi des petites communautés cénobitiques qui s’étaient répandues déjà en différents lieux comme à Ligugé ou sur le littoral méditerranéen dont faisait partie également Lérins. Nous pourrions ajouter encore l’autorité de la longue « Règle du Maître » (document monastique anonyme latin du début du VIe siècle, rassemblant une série de préceptes de vie monastique) dont il se servit pour la rédaction de sa propre règle, qu’il va qualifier en final très modestement, de « toute petite règle », mais pourtant suffisante, poursuit-il, pour parvenir sous la protection de Dieu, aux plus hautes cimes de la doctrine et des vertus, car en tout, Dieu doit être premier servi. Et rien des activités du monastère ne doit être préféré à l’amour du Christ » (ici dans sa règle rapportée). 

Au regard de l’histoire postérieure, avec le grand nombre de saints et de saintes ayant expérimentés la règle bénédictine, il n’est pas difficile de constater qu’il n’y a rien d’exagéré à pareille affirmation. Ce qui nous semble plus surprenant, c’est l’extension territoriale en Europe que prendra la Règle suivie dans diverses cultures, à la suite de l’ordonnance de Benoit d’Aniane juste après la mort de Charlemagne. 

Voilà ce qui fera accéder à partir de son observance concrète pleine de sagesse, de sauvegarder l’équilibre paisible très vivant, du sens de la fraternité évangélique, du Portugal à la Pologne, de la Suède à la Grèce ou au Liban.  

C’est peut-être cela qui a permis à chaque pays de l’Europe de subsister en dépit d’un grand nombre de conflits politiques, à partir de la base transcendante de la Paix acquise et vécue par les moines et les moniales à travers la Croix glorieuse à la suite du Christ. 

Cette fête de Saint Benoit est toujours l’occasion de rappeler l’importance qu’a joué la vie monastique bénédictine dans la formation de l’Europe. Europe qui dans ses institutions civiles, tend à minimiser actuellement l’apport de la religion chrétienne de nos pays occidentaux.  

Puissent nos prières monter vers Dieu en action de grâce pour le passé et implorer le Dieu de Jésus Christ, pour que les générations futures de notre vieux continent puissent retrouver les racines toujours vivantes de nos ancêtres. 

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