Homélie de la Solennité Saint Joseph, époux de la Vierge Marie – Vendredi 19 mars 2021 – Année B

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

« Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit »

Frères et sœurs bien aimés, cette phrase de l’évangile que nous venons d’écouter, pourrait résumer la vie de St Joseph que nous fêtons en ce jour.

Joseph est un homme qui fait ce que Dieu attend de lui. Un homme qui réalise la volonté de Dieu. Comme tout être humain, Joseph a eu besoin de discernement, de discerner, afin de comprendre et de mettre en œuvre ce que le Seigneur lui demandait.

Joseph est un homme de foi comme son ancêtre, Abraham, lui « qui a espéré contre toute espérance et qui a cru » nous dit l’Écriture ; et son lointain aïeul, le roi David ; Joseph est descendant direct du roi David. C’est lui qui porte les promesses davidiques et qui va transmettre cet héritage à la Personne du Christ Jésus, au niveau historique et chronologique. Dieu est fidèle à ses promesses, il ne fait pas les choses à moitié !

Joseph parcourt le chemin de l’existence dans la foi en Dieu, ce Dieu qui se révèle ; il adhère à la Parole de Dieu ; il fait confiance à la Parole de Dieu ; il écoute cette Parole ; il se met en marche à la suite de cette Parole.

Mais cette foi, cette foi de Joseph, est une foi active, une foi qui habite sa vie, qui anime sa vie, dans son ensemble comme dans la multitude de ses détails. Une foi qui engendre une relation avec Dieu. Une relation vivante et permanente avec le Seigneur et non par intermittence, ou par éclipse.

Même dans les moments d’interrogation, Joseph ne doute pas. Comme le disait le Cardinal St John Henry Newman : « Mille questions n’engendrent pas un doute ! »

Dans son questionnement légitime et nécessaire, Joseph s’en remet à Dieu, qui, il en est certain, l’éclairera et le guidera, à son heure, à sa manière et avec les moyens qu’il voudra.

Frères et sœurs, Joseph est un homme du réel. Il vit dans la réalité. Réalité visible et lisible dans les choses, les évènements, les circonstances de la vie, et réalité invisible, dans laquelle Dieu parle et se manifeste de façon éloquente.

Dans la vie de ce Juste, les songes sont les moyens habituels dont Dieu se sert pour se communiquer à lui. Et le monde angélique est très présent dans la vie de St Joseph.

Le songe dans la Bible, n’est pas un rêve : c’est un moyen concret, de forme passive, pour éclairer et guider des personnes, leur communiquer la volonté de Dieu, ou la mission, que Dieu veut réaliser par ces personnes. Le sujet perçoit avec acuité la réalité, le concret, de cette intervention divine, qu’il ne confond nullement avec un rêve ou un cauchemar, fut-il prégnant.

Cette accoutumance à vivre dans le réel donne, au descendant de David, une capacité à répondre aux appels de Dieu, une capacité à être ouvert aux mouvements de la grâce dans son âme, de façon immédiate et totale, sans délai, sans tergiverser. C’est une promptitude de réponse, et de réponse active, intelligente et généreuse, aux appels du Seigneur.

Joseph est donc à la fois un homme de silence et d’écoute – il n’y a pas d’écoute sans silence et surtout, silence intérieur faisant taire le brouhaha qui nous habite – mais Joseph était suffisamment maitre de lui pour laisser ces choses à leur place afin d’être à l’écoute, d’être comme un réceptacle qui reçoit ce que Dieu dit.

Mais aussi un homme réactif et efficace pour accomplir le dessein de Dieu. Cette attitude va accompagner Joseph tout au long de son pèlerinage terrestre ; pèlerinage dans la foi qui va se dérouler essentiellement à Nazareth, dans l’écoute et la mise en œuvre de ce qui est demandé, dans une fidélité, une persévérance, jusqu’au bout de la route.

Joseph mourra entre Marie et Jésus, c’est pour ça qu’il est le patron de la « bonne mort » et que nous pouvons recommander tous les mourants à St Joseph – surtout ceux qui meurent seuls (on ne meurt jamais seul puisqu’on est toujours avec Dieu) mais ceux qui sont loin de leur famille, de leurs amis, et qui meurent parfois abandonnés… – que St Joseph les accompagne.

St Benoit, dans sa Règle pour les moines, décrit l’obéissance du moine « comme une action synchronisée entre la demande du supérieur et l’obéissance du religieux »… pensait-il à St Joseph ? Il n’y a pas d’écart ou d’intervalle, mais les deux s’accomplissent ensemble en un seul mouvement. C’est ce que vivait St Joseph.

Frères et sœurs, en ce jour de fête, demandons à St Joseph, époux de Marie, père adoptif de Jésus, Patron protecteur de l’Église universelle, d’être chacun et chacune, des hommes et des femmes de foi, attentifs au monde de Dieu, attentifs aux choses d’en haut.

Que la foi soit comme une forme d’oxygène pour nous, pour vivre notre existence dans cette présence attentive et aimante à ce Dieu qui nous est attentif et qui nous aime, toujours proche de nous, même quand nous nous rendons lointains.

Frères et sœurs, plus nous serons présents à Dieu, et disponibles à son dessein de grâce et de miséricorde sur l’humanité, plus nos capacités naturelles seront comme développées pour servir nos frères et sœurs en humanité, dans le concret, le côté pragmatique de la charité fraternelle sous toutes ses formes.

Dans toute l’histoire de l’Église, les grands contemplatifs ou contemplatifs ont été des hommes et des femmes d’action, il n’y a pas de séparation entre les deux. Il n’y a pas de dichotomie entre ces deux présences : présence à Dieu et présence aux autres ; mais une profonde unité car le réel, la réalité, est « Un » et provient d’une unique Source qui est notre Créateur et notre Sauveur. C’est nous qui avons de la difficulté à appréhender les choses. Nous sommes obligés d’analyser, et l’analyse est une faiblesse de l’esprit ; Dieu n’analyse rien ; Il est ! ; Il maintient dans l’être et Il comprend tout !

Demandons au Seigneur, par la prière de St Joseph qui est comme un père pour nous, d’accomplir la vocation et la mission qui sont les nôtres. Même si nous n’en voyons pas les fruits et les résultats ici-bas !

Soyons et demeurons ses serviteurs quelconques mais ses collaborateurs, les collaborateurs du Seigneur, utiles au Seigneur, afin que la vie surnaturelle, la vie de la grâce, soit restaurée dans les âmes selon le dessein d’amour et de miséricorde du Seigneur Jésus.

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