Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs,

En cette fête de la Toussaint, il nous semble que les habitants du Ciel se rendent très proches des habitants de la terre ; c’est en effet une des fonctions de la liturgie de nous affranchir des limites du temps et de l’espace, et de nous transporter dans ce monde nouveau déjà divin qui vient à notre rencontre.

Nous sommes dans la joie de nous savoir aujourd’hui particulièrement unis avec nos frères et sœurs qui nous ont précédés dans le Royaume, ceux et celles que l’Église nous propose tout au long de l’année comme modèles par l’héroïcité de leurs vertus ; mais aussi, et c’est heureusement le plus grand nombre, des saints anonymes qui n’ont pas part au calendrier officiel. Les saints plus ordinaires qui ont reçu des charismes plus cachés, tous ceux et celles qui nous restent inconnus mais qui jouissent de la vision du Dieu Trinitaire parce qu’ils ont franchi avec la grâce de Dieu le seuil de la purification intégrale définitive.

Tous sont passés par la grande épreuve comme le déclare le livre de l’Apocalypse et ils ont été purifiés par le Sang de l’Agneau. Ils partagent, désormais dans le Corps du Christ, l’unique sainteté de Dieu mais ils partagent, il faut le souligner, cette sainteté de façon très variée et épurée. C’est à la manière d’un kaléidoscope qu’ils rayonnent leur caractère spécifique dans l’immensité multiple de l’assemblée des élus.

Cette assemblée proprement christique n’a en effet rien d’un corps uniforme, elle reste marquée par l’histoire et la géographie bigarrée de l’Église pérégrinant sous la mouvance de l’Esprit sur notre terre.

Cette assemblée n’est plus profane, elle est la sainte liturgique non plus orientée vers Dieu, mais pleinement immergée en Dieu. C’est l’Église triomphante qui clame sa joie d’être délivrée des influences malfaisantes et de gouter le bonheur tant espéré, attendu.

Cette assemblée n’a d’autre fin désormais que de révéler la victoire de la grâce sur le Mal, le mensonge et la mort ; d’autre but que de proclamer la beauté symphonique des créatures qui chantent l’action de grâce à la louange de la gloire du Dieu miséricordieux et tout puissant, Vainqueur de toute l’adversité.

L’évangile des Béatitudes exprime bien cette diversité des épreuves, des conditions existentielles auxquelles les hommes et les femmes se trouvent confrontés tout au long de leur vie, et à travers lesquelles chacun et chacune seront jugés d’après leurs dispositions profondes. Chaque situation présente la possibilité d’une manifestation de l’Amour envers le prochain où le Christ nous attend. Oui, c’est Lui qui maintenant encore nous exerce à marcher sur ses chemins de sainteté, conformes à ses rudes conditions que le Christ Lui-même a connues au cours de sa vie terrestre. Nous sommes appelés à répondre amour pour amour afin de recevoir, comme nos frères et sœurs ainés, l’objet de ses promesses dans le Royaume des cieux.

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