Chers Frères et Sœurs ;
En ce dimanche de la première semaine du mois d’août, cette année, nous est donné de célébrer la grande fête de la Transfiguration du Seigneur ; elle est considérée par nos frères orthodoxes comme la « fête des fêtes » parce qu’elle nous dévoile l’identité profonde du Christ, d’abord en sa communion avec le Père qui fait entendre sa Voix, et l’Esprit Saint qui apparait dans la nuée, mais aussi avec le genre humain, du fait de la présence des plus grands croyants que sont : Moïse et Elie, figurant ici la loi et les prophètes de l’Ancien Testament, ainsi que des trois apôtres Pierre, Jacques et Jean, qui en quelque façon, représentent les guides du nouveau peuple Chrétien.
Cette scène lumineuse, étrange, spectaculaire, est en effet une épiphanie de Dieu qu’on appelle encore, à cause de cela aussi : Théophanie. L’Invisible divin se rend visible à nos yeux chassieux. Aussi peut-on comparer cette Transfiguration à certaines apparitions, ou même épiphanies de l’Ancien Testament, qui la préfigurent. On peut remarquer aussi d’après le récit des évangiles synoptiques, qu’elle se place « historiquement et littérairement » au centre du ministère du Christ qui assume « l’humanité » pleinement, surtout depuis le Baptême, pour qu’elle devienne elle-même le foyer vivant, par où tout homme croyant a la faculté de pouvoir, non seulement, être relié à Dieu, mais dorénavant d’être divinisé !
Être homme, ce n’est pas être dans un corps comme le pensent beaucoup, à la suite des dualistes de tous genres, mais c’est : être vraiment ce corps qui agit, qui pense, qui prie (plus ou moins constamment), ce corps qui m’exprime et qui m’expose dans la société dans laquelle je vis, pour la gloire de Dieu que j’aime prioritairement.
Depuis que le Verbe de Dieu « a pris corps et âme », Il se trouve « en relation humaine », non seulement avec le Père et l’Esprit, mais aussi avec tous les hommes, et toutes les dimensions du cosmos. Le feu de sa Lumière embrase l’humanité comme le buisson ardent ; et par son baptême d’eau, celle-ci peut-être ointe de l’Esprit divin. Saint Paul nous dit que nous devons croire qu’en Lui habite corporellement la Divinité, et il ose ajouter : vous, c’est-à-dire nous, vous êtes associés à sa Plénitude. La Transfiguration du Seigneur nous ouvre donc à la possibilité de la nôtre ici-bas, avec l’assurance de l’obtenir au moins plus tard après la mort.
Que s’est-il passé dans cet évènement soudain ? Pourquoi cet éclat fugitif de la Beauté de Dieu qui transparait un instant dans le corps du Verbe ?
Deux réflexions des Pères anciens peuvent nous guider : d’abord ce changement d’apparence corporelle, de cette « métamorphose » d’après la transcription du terme grec, ne concerne pas le Christ Lui-même comme on l’imagine communément.
Saint Jean Damascène au VIIe siècle explique que le Christ se transfigure, non en assumant « ce qu’Il n’était pas » (être homme originellement), mais bien en manifestant « ce qu’Il est réellement » (être Fils de Dieu), comme le déclare la voix du Père, accompagnée de la nuée lumineuse de l’Esprit, en la présence des deux grands témoins de l’Ancien Testament.
Autrement dit, devant ses trois disciples privilégiés : le Christ leur ouvre les yeux d’aveugles qu’ils étaient ; Il les fait voyants dans la lumière de sa grâce, comme pour nous dans la foi ; à la lumière de sa grâce, également après eux, nous sommes illuminés et rendus clairvoyants.
A cette réflexion s’ajoute une autre, conformément à l’économie du Salut qui se révèle dans la Bible : le but de la Transfiguration est que Dieu, après avoir entamé à se faire connaitre et se faire proche de l’homme, cherche maintenant à se laisser voir dans un corps de lumière, pour le sauver (l’homme) et le faire vivre autrement.
Cela pourra s’effectuer selon le mode de l’adoration en Esprit et vérité, conformément au comportement du Christ qui va accepter la Croix proposée pour nous rendre enfants de Dieu.