Homélie de l’Annonciation du Seigneur – Solennité du Seigneur – vendredi 25 mars 2022 – Année C
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Frères et sœurs bien aimés,
Nous fêtons aujourd’hui le Mystère grandiose infini de l’abaissement de Dieu, de l’incarnation du Verbe.
Peut-être sommes-nous trop habitués à ce mystère infini de l’incarnation qui est surprenant, inouï, le Très-haut, celui qui est par essence même transcendant à l’univers, vient au milieu de nous, se fait l’un de nous. Le Très-haut, le Tout puissant se fait tout petit. Il se fait un élément qui commence une vie humaine, comme tout commencement de vie humaine.
Oui, c’est l’abaissement du Verbe. Le Verbe éternel entre dans le temps, entre dans l’histoire, il devient circonscrit. Nous pouvons le décrire dans son humanité.
L’une des Personnes de la Sainte Trinité vient parmi nous. L’Un de la Trinité devient l’un de nous. L’Éternel devient temporel ! Le Verbe, le Logos éternel, celui qui est décrit dans l’évangile de st Jean, dans le prologue de st Jean, lui qui était auprès de Dieu, lui qui est Dieu, se fait chair. Le Fils éternel, le Christ, lui qui partage la divinité, la toute-puissance, l’éternité, cette plénitude d’être avec le Père et l’Esprit Saint, lui qui dans sa définition de Personne divine (si on peut définir) s’appelle le Fils, qui est dans cette relation éternelle de filiation à l’égard du Père dans l’Esprit Saint, entre dans une filiation humaine, charnelle, temporelle : le Verbe se fait chair… Dieu se fait homme.
C’est le début d’un commencement tout à fait extraordinaire, tout à fait nouveau. Parfois, l’être humain cherche des choses extravagantes, pour lui changer les idées : on créée des univers dans des galaxies lointaines, on créée des êtres dans des studios de cinéma qui terrifient les plus jeunes, qui effraient les plus anciens… bref ! On rêve tout éveillé mais la réalité est bien plus grande, bien plus belle que tous nos rêves et nos fantasmes ! La réalité vient pour nous libérer car elle nous apporte la vérité, le mystère de la révélation, l’explicitation de la révélation nous fait rentrer dans ce monde nouveau, qui est apporté par le Verbe fait chair : Jésus de Nazareth. Oui ! Nous rentrons dans une création nouvelle qui sera pleinement manifestée par la résurrection du Christ, que nous allons fêter à Pâques à la fin du carême, mais qui est déjà commencée maintenant, qui commence à s’épanouir ; et comme toute grande œuvre de Dieu, cela se réalise dans le silence.
Dans le silence d’une maison de Nazareth, dans le silence de l’âme de Marie, dans le silence qui rend attentif à la Présence de Dieu, attentif à la présence des autres, des anges, de nos proches ; cette qualité de silence qui habite l’âme de Marie quand elle reçoit cette annonce et qu’elle donne son Fiat, son consentement, son ‘oui’. Ce silence !
Ce silence qui va habiter son âme tout au long de sa vie afin de faire mémoire constamment, non pas des éléments qui vont mal ou de parler sur les autres, mais de méditer sur les merveilles de Dieu.
Voilà l’âme de Marie. Marie est un ciel vivant où toutes les merveilles de Dieu sont présentes et repassent « en boucle » (si j’ose dire !) dans l’âme de Marie afin de toujours plus contempler les merveilles de Dieu. Quel appel à la conversion pour nous ! Nous pourrions nous poser la question : qu’est-ce qui nous habite ? Qu’est-ce qui nous inquiète ? Laissons-nous habiter par la Présence du Seigneur, par ses merveilles qui sont éternelles.
Oui ! Rentrons en ce jour dans cette nouveauté apportée par le Verbe fait chair. Et donc, Marie dans son humanité de femme, l’accueille pleinement et l’accueille d’abord par sa foi. Marie adhère pleinement à l’œuvre de Dieu, à la Parole de Dieu ; et parce qu’elle a cette foi plénière qui ne cesse de grandir jusqu’à son entrée au Ciel à l’Assomption, et bien, cette foi permet d’accueillir la réalité du Verbe fait chair en elle : évènement tout à fait unique !
Mais si c’est le commencement d’une nouvelle création, cette création est aussi le commencement de l’Église, comme nous le rappellent les textes de la liturgie de la messe de ce jour. C’est le commencement de l’Église : la tête de l’Église qui est le Christ Jésus, conçu dans le sein de Marie. À partir de là, tout le corps ecclésial va se développer. Ce corps ecclésial est là en la personne de Marie, qui est à la fois la Mère de Dieu et la Mère de l’Église… la servante du Seigneur et la fille bien aimée de Dieu.
Laissons-nous saisir par ce grand Mystère que nous n’aurons jamais fini de contempler ici-bas, et dans le Ciel dans l’épanouissement plénier qui nous attend. Nous sommes faits pour la gloire du Ciel. N’oublions pas : nous sommes de passage !
Nous sommes invités aussi à contempler ce Mystère de l’Église, ce Mystère de l’Église dont nous sommes membres, pierres vivantes, afin d’être toujours plus des pierres brillantes et vivantes (brillantes aux yeux de Dieu pas aux yeux des hommes !), d’être vraiment ferments d’unité, ferments de vie surnaturelle, et attractifs à ceux et celles que nous côtoyons pour les attirer vers Jésus ; ainsi, qu’à leur tour ils deviennent consciemment, librement et par amour, des disciples du Seigneur, des membres de l’Église, et avec Marie, des pierres vivantes qui vivent de la vie trinitaire, qui entrainent et nourrissent les autres.