Frères et sœurs bien aimés, cette solennité, ce mystère de l’Annonciation exprime, manifeste et réalise la véracité de l’Amour de Dieu à notre égard, envers toute l’humanité et envers chaque être humain en particulier.
Nous sommes aimés de Dieu. Cela n’est pas simplement une parole ou plus précisément : c’est la Parole de Dieu qui vient à nous, qui se fait chair, le Logos, le Verbe éternel, insaisissable ; Celui qui ne peut être entendu que par le Père dans l’Esprit Saint vient s’exprimer parmi nous et manifeste l’Amour du Père.
Cet Amour de la Trinité, du Père qui nous fait Don de son Fils, c’est-à-dire de son trésor, de son Cœur, de ce qui est le plus cher pour Lui, vient à nous pour faire de nous des fils et des filles de Dieu, des enfants de Dieu. Nous sommes adoptés par le Père, surélevés – on pourrait dire : « assomptés » – par la grâce de Dieu, par ce Mystère de l’incarnation qui vient nous saisir, qui vient saisir toute l’humanité pour l’introduire auprès de Dieu.
Cet Amour de Dieu nous transforme ! Ce n’est pas un amour extérieur qui viendrait nous toucher ou des paroles réconfortantes, belles, mais qui ne changeraient rien à notre vie.
L’amour est concret. L’amour est don de soi. L’amour est sacrifice. C’est pour ça que le Seigneur Jésus vient à nous et se fait homme ; Il se fait l’un parmi nous. L’Un de la Trinité vient parmi nous et se fait l’un de nous pour nous introduire dans la vie trinitaire. En fait, ce qui est le projet initial de Dieu : de ressaisir l’homme qui est tombé, de le guérir, le purifier et dans son Fils, tout récapituler pour ressaisir la Création dans une immense action de grâce – la vie angélique, la vie humaine, tout le cosmos – et l’introduire transfigurée dans la vie trinitaire, la vie surnaturelle qui est le but de la création de l’être humain et le but de la rédemption.
Alors ce jour est un jour de joie car nous sommes réellement et personnellement aimés, qui que nous soyons, quel que soit notre parcours ou notre situation, nous sommes aimés de Dieu. Ce que nous sommes appelés à faire, c’est, avec Marie notre Mère, en elle, de consentir à cet Amour. Qui n’est pas un amour platonique : pas simplement des sentiments, des belles idées ou une nébuleuse où l’on devrait entrer pour nous apaiser, une espèce de drogue qui nous mettrait hors sol, pour nous réconforter dans ce monde si difficile… absolument pas !
Dieu se fait l’un de nous. Il va mourir sur une croix, cela n’a rien de platonique ni de nébuleux. C’est une immense souffrance qui ressaisit toute la vie de l’humanité, chacune de nos vies, pour la sauver, la récapituler dans la Personne du Fils ; et nous introduire ici-bas dans la puissance de l’Esprit Saint, dans une vie de foi qui nous fait passer déjà dans le monde à venir, mais qui nous oblige à vivre notre vie d’homme et de femme dans toute sa réalité, dans l’épaisseur de la vie humaine, de l’humanité. Nous sommes appelés à espérer cette Vie après notre mort physique pour vivre dans la plénitude de Dieu.
Dieu nous a préparé une demeure, nous savons où nous allons ! Nous ne partons pas à l’aventure ! Dieu nous attend. Il nous accueille et au jour où il voudra, nous rentrerons dans cette Demeure. Pour le moment, nous sommes en pèlerinage, nous sommes des voyageurs.
Le Livre de l’Exode durant ce Carême nous conduit d’étapes en étapes, jusqu’à la Terre promise… pour nous ce n’est pas un sol territorial ici-bas ! C’est ce que Dieu veut pour nous : que nous devenions Dieu par participation.
Que ce jour soit un jour de joie qui nous permette de relire notre vie, de ressaisir notre vie dans la lumière de Dieu, et de vivre de plus en plus intensément dans cet Amour de Dieu qui veut tout transfigurer.