Homélie de l’Ascension

Jeudi 30 Mai 2019 – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, la grande nouvelle de l’évènement de l’Ascension que nous fêtons en ce jour, c’est bien sûr que le Christ remonte dans la gloire du Père, mais c’est aussi avant tout, et là nous sommes directement concernés, qu’il remonte afin de nous envoyer son Esprit Saint.

« C’est dans l’Esprit Saint, nous dit-il, que vous serez baptisés (c’est-à-dire plongés) d’ici quelques jours ».

C’est ce que nous fêterons dimanche prochain à la Pentecôte.

Apparemment les apôtres ne semblent pas très bien comprendre. Puisque ce qu’ils désirent d’abord recevoir à nouveau, plutôt que l’Esprit Saint, c’est la royauté en Israël, disparue depuis Jéchonias et la déportation à Babylone. Or c’est à une autre royauté que les apôtres sont appelés : participer à la royauté du Christ dans l’Esprit Saint. C’est tellement nouveau pour eux qu’ils ne peuvent pas comprendre.

Avec l’irruption du Christ en nos vies, frères et sœurs, comme pour les apôtres, tout devient nouveau, l’ancien monde disparait. On voudrait se raccrocher à ce qu’on connait, à nos certitudes humaines, aussi belles et aussi nobles soient-elles, mais le Seigneur Jésus nous attire et nous veut au-delà de nos certitudes.

« Vous allez recevoir une force » celle de l’Esprit Saint qui viendra sur vous… celle que vous n’avez pas prévue !

L’Esprit Saint ! Le grand Dérangeur, le grand Bousculeur. Celui qui nous fait entrer dans un autre ordre : l’ordre du monde nouveau !

« Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? »

Mêmes paroles au matin de Pâques de Jésus à Marie Madeleine : « Noli me tangere » … ne me retiens pas.

L’Esprit Saint, frères et sœurs, ne vient pas se substituer à la Personne de Jésus, il vient plutôt nous la communiquer… mais d’une façon nouvelle. L’Esprit Saint vient intérioriser en nous Jésus Christ !

Ce que l’Esprit Saint, frères et sœurs, accomplit en nous, n’est pas seulement une œuvre individuelle entre lui et nous, mais une œuvre ecclésiale, car, comme le dit St Paul dans la Lettre aux Éphésiens : « L’Église est l’accomplissement total du Christle plérôme, dit St Paul – lui que Dieu comble totalement de sa plénitude ».

Voilà ce que nous sommes appelés à partager : la plénitude du Christ ! En son Corps qu’est l’Église.

Voilà, frères et sœurs, notre vocation commune. Et elle est belle. Et elle est grande !

Voici qu’aujourd’hui, nous sommes appelés à regarder au-delà de nos frontières humaines. À prendre mieux conscience de notre vocation baptismale. « À prendre conscience, comme dit Paul, de la puissance infinie que le Christ déploie pour nous les croyants ». Désormais Dieu se communique à nous de façon bien plus profonde que lors de sa vie terrestre où il se manifestait par des paroles, des gestes, des évènements, des institutions. Par le Don de son Fils et de son Esprit, il se donne lui-même ! Il donne part à sa Vie !

Depuis l’Ascension du Christ, frères et sœurs, nous sommes dans ce que nous appelons « le temps de l’Église ». Les derniers temps sont arrivés ! C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner de ce qu’il y ait des combats dans le monde, dans l’Église et en nous. « Avec la Présence du Christ dans le monde, le temps s’est fait court » dit St Paul, littéralement « le temps a cargué ses voiles ».

Cela parce que nous croyons que dans le Christ ressuscité, le monde à venir, le monde éternel, est déjà présent. Et que le chrétien re-né dans l’Esprit de Jésus, participe à sa Vie par la foi, par l’espérance et par la charité. Voici que le chrétien est déjà dans l’ordre des réalités à venir.

On dit parfois « J’ai un pied dans la tombe », on ferait mieux de dire « J’ai un pied déjà dans le ciel ! ».

Jésus ressuscité apparaissait à ses disciples leur disant : « Il fallait que s’accomplisse ce qui était annoncé par les Écritures ».

À partir du moment, frères et sœurs, où le Christ se fait chair, toute Parole écrite de la Bible se réalise d’abord et avant tout dans le Christ total… le Christ vivant dans l’Église, donc en chaque croyant. Car tout ce qu’on dit de l’Église, selon un vieil adage, on peut le dire de chacun d’entre nous, de chaque baptisé.

Ce Jésus, Frères et sœurs, que nous ont transmis la tradition et de la foi de l’Église, est plus près du Jésus réel que fréquentaient les apôtres. La Parole de Dieu est avant tout le Christ vivant dans son Église, aujourd’hui, et secondairement dans les Écritures. Le Christ est porté à l’intérieur des Saintes Écritures comme l’enfant dans le sein de sa mère. Il est destiné, comme l’enfant, à se communiquer au dehors, c’est-à-dire dans le monde, dans l’Église, en nos âmes.

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, dit Jésus… vous ne pouvez les porter ».

C’est à petit à petit que les apôtres seront transformés à l’image du Christ vivant. De même pour nous, frères et sœurs, qui, tout comme les apôtres, sommes appelés à connaitre le Christ mais aujourd’hui par la foi, qui est une autre connaissance. La foi, seule, est la voie royale pour connaitre le Christ et par lui, notre Père.

Cette solennité de l’Ascension du Seigneur, frères et sœurs, nous dit tout cela avec des images spatiales : Il monte dans les cieux, Il descend vers l’homme, Il est descendu aux enfers. Nous n’avons jamais fini, vieilles outres que nous sommes, de recevoir le vin nouveau de l’Esprit de Jésus, « Lui qui fait toutes choses nouvelles ».

« Le Royaume des cieux est déjà parmi nous » … il est aussi en nous. Il est encore proche de nous. Aujourd’hui nous croyons. Demain nous saisirons.

Amen !

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