Homélie de l’Épiphanie du Seigneur – Dimanche 02 janvier 2022 – Solennité – Année C
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Par le Frère Jean-Baptiste
Frères et sœurs,
L’Épiphanie, d’après le texte qui nous vient des Grecs, l’étymologie, c’est la fête de la manifestation. La manifestation de Dieu qui vient dans notre monde sensible contingent ; il traduit l’idée de révélation surnaturelle
Dieu se fait connaître à notre nature dont il élève le niveau par grâce. Il se laisse voir ; il se fait entendre ; mieux encore, par l’incarnation il se laisse toucher.
L’incompréhensible se laisse comprendre dans tous les sens du terme. L’Épiphanie exprime la manifestation tangible de la présence divine parmi les hommes ; pour nous chrétiens, Dieu désormais n’existe pas seulement dans le ciel, il se rend présent au milieu de nous. Il n’habite plus seulement au ciel ; mais désormais il demeure présent sur notre terre sous de multiples formes, dont la plus forte est celle du sacrement de l’Eucharistie. Jésus l’a dit : « Je reste avec vous jusqu’à la fin du monde ».
Le christianisme n’est pas seulement une religion de la foi au Dieu unique véritable, il est encore celle de la présence manifeste de Lui-même parmi les siens, particulièrement en son Église.
Un certain jour de l’histoire terrestre, Dieu est né, il s’est manifesté devant les bergers de la Judée, des Mages venus d’Orient, pour l’adorer. Né sous Hérode le Grand, il a rendu témoignage non pas seulement devant ses disciples, mais sous Ponce Pilate, devant le Grand prêtre Caïphe, lui-même. Il a accepté la croix qu’on lui a présentée pour nous sauver. De fait son épiphanie se voile devant ceux qui s’enferment en eux-mêmes dans leur mauvaise foi. L’Épiphanie a beau être la manifestation universelle de Celui qui est né à Bethléem, elle demeure voilée face à l’orgueil des hommes ; ceux qui n’ont pas besoin de Dieu.
Dieu n’apparaît qu’à ceux qui se reconnaissent pauvre et faible, ceux qui le cherchent humblement, se sachant indigne de le recevoir. En dépit de tout cela, cependant, tout homme se pose une question lancinante qui perdure : quel est le sens de sa vie ? Où la conduit-elle ? Où allons-nous ? Que cherchons-nous ? Jésus, lui-même, près du tombeau, juste après sa résurrection, n’interroge-t-il pas Marie-Madeleine : « Qui cherches-tu ? »
L’Épiphanie est pour tout homme, la fête de la révélation de la vérité car c’est bien elle qui donne sens à la vie humaine. L’Épiphanie, pour nous chrétiens, est l’approfondissement du mystère du Christ, car il nous faut toujours avancer dans la perception de cette vérité incommensurable, insaisissable, en elle-même. L’âme spirituelle a toujours besoin de se purifier et de s’assurer de ce vers quoi elle tend. Elle doit croitre dans cette certitude de la Présence invisible qu’apporte la foi en ce Dieu créateur, sauveur et divinisateur.
On ne peut plus se contenter comme les païens de survivre ; notre devoir est de vivre, au sens fort du terme, notre existence en la Présence de Dieu qui s’est manifesté.
Et cela même personnellement, plusieurs fois certainement, à travers de multiples rencontres au cours de notre vie. Il nous faut refuser le non-sens de la culture contemporaine de l’absurde, chacun doit s’efforcer de suivre l’étoile qui illumine son cœur mais le chrétien, plus que quiconque, est assuré que cette étoile est l’Astre sans déclin. S’il est là (Jésus), c’est parce qu’il est déjà venu et qu’il reviendra !
Dans sa prière journalière répétée avec un minimum de sérieux et d’intériorité, le chrétien pourra grandir dans la manifestation de sa divine Présence. « Qui me suit ne marche pas dans les ténèbres » a dit Jésus dans l’évangile de St Jean.
Il lui est accordé la lumière de la vie. Notre foi dans le Christ, vrai homme et vrai Dieu, est une lumière invincible, elle fait repousser les ténèbres, dissiper les doutes ; à cette lumière surnaturelle, tout reprend sens. Notre route se trouve non seulement illuminée, mais conduite. Nous sommes véritablement accompagnés dans ce monde sombre, souvent hostile.
Alors, n’oublions pas d’offrir, comme les Mages au Christ, notre or comme à notre Roi, de l’encens – de notre prière – comme à un Prêtre et de la myrrhe, cette myrrhe de nos épreuves, car elle sert à embaumer la seule victime agréable à Dieu.
Nous cheminons tous à sa lumière ; il nous faut aussi rayonner son message de salut autour de nous. Mais il faut peut-être plus encore lui offrir notre adoration avec gratitude. Adorer en aimant comme de vrais enfants dans la joie de l’Esprit Saint, mais aussi adorer dans la douceur de la Passion du Christ juste avant sa résurrection.
« Approchez-vous de l’Enfant de la crèche, nous exhorte St Bernard, vous serez illuminés ; cependant ne brillez pas en vain à sa lumière, laissez-vous consumer par son feu ».
Que cette fête de l’Épiphanie ravive en nous la flamme de notre foi, et qu’elle nous transforme dans le feu de son amour ; nous pourrons alors proclamer dans le chant avec les anges :
« La gloire de Dieu s’est levée sur nous ! »