Préambule psalmodié : « Sachez, bien aimés frères, que par la miséricorde de Dieu, de même que nous avons goûté l’allégresse de la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ, ainsi nous vous annonçons aujourd’hui les joies prochaines de la Résurrection de ce même Dieu et Sauveur. Le 5 février sera le jour des Cendres et l’ouverture du jeûne de la Très Sainte Quarantaine. Le 20 avril, nous célébrerons avec transport la Sainte Pâque de notre Seigneur Jésus Christ. Le 29 mai, on célébrera l’Ascension de notre Seigneur Jésus Christ. Le 8 juin, la Pentecôte qui clôt le temps pascal. Le 30 novembre, nous commencerons l’année liturgique avec le premier dimanche de l’Avent de notre Seigneur Jésus Christ, à qui est honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen ».
Frères et sœurs bien aimés, dans l’Église catholique de rite latin, à la Solennité de l’Épiphanie après la lecture de l’évangile, le diacre ou le chantre annonce les fêtes liturgiques majeures de l’année qui commence.
Certes, aujourd’hui, avec les iPhone et Smartphone, on note bien avant ce que l’on souhaite faire… mais tout dépend de la grâce divine qui nous accorde la vie et les situations pour penser, agir et accomplir !
C’est un rite liturgique qui nous introduit dans le Mystère, dans la célébration des mystères de la vie du Christ. Saint Paul nous disait : « Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes dans l’Esprit, l’Esprit Saint. Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’évangile ».
Oui, ce Mystère qui était détenu et qui était enchâssé dans la révélation donnée à Israël, s’élargit à toute l’humanité, toutes les nations (c’est-à-dire tous les peuples). Sont appelés à ce même héritage de la filiation, à ce même corps qui sera et qui est maintenant le corps ecclésial, ceux et celles qui vivent de la vie de Jésus, du partage de la même promesse : la promesse du Royaume de Dieu et de l’éternité bienheureuse, la promesse du Salut pleinement réalisé.
Oui, frères et sœurs, le Christ Jésus est bien l’accomplissement de cette espérance d’Israël et la plénitude indépassable du Don de Dieu, à savoir Dieu qui vient à nous, Dieu qui se donne ! Le Seigneur ne nous offre pas seulement « des choses » et des dons, Il devient pour chacun de nous « Don de soi », « Don de lui-même », dans une initiative et une gratuité totale. La pédagogie divine dans l’histoire des hommes, c’est-à-dire la façon dont Dieu se comporte envers nous, prend comme point d’appui de manière systématique une personne, un être humain, dans son individualité et la singularité de son existence historique et géographique, pour devenir un partenaire, un collaborateur de son dessein de Salut pour le monde. Nous le voyons avec Noé, nous le voyons aussi avec notre père Abraham et les patriarches, et notamment Jacob qui deviendra Israël (avant d’être le nom d’un peuple, Israël est le nom d’une personne : « fort contre Dieu »), c’est Jacob qui devient Israël après avoir passé le torrent du Yabbok et avoir lutté toute la nuit avec l’Ange du Seigneur, puis l’un de ses fils, Joseph, qui deviendra premier ministre en Égypte ; avec Moïse et son frère de sang, Aaron, Josué et les juges d’Israël, avec le roi Saul et David, sa descendance, avec Élie et l’ensemble des prophètes de la première Alliance ; mais de façon unique et plénière avec Marie de Nazareth, la Vierge Marie, et Saint Joseph, son époux ; avec Jean le Baptiste, le cousin de Jésus, et tous les protagonistes du Nouveau Testament, de cette Alliance nouvelle.
Ce point d’appui concret, circonscrit dans le temps et l’espace, le Seigneur en fait comme un canal, mieux encore : un fleuve de grâce, non seulement pour la personne concernée mais bien plus pour tous ceux et celles qui seront atteints par ce mouvement de grâce surnaturel. C’est comme une loi divine, pratique et commune.
Oui, frères et sœurs, nous ne le dirons jamais assez : Dieu peut tout ! Il n’a pas besoin de nous, Il peut tout faire sans nous mais Il veut avoir besoin de nous. Il veut faire avec nous en sollicitant notre liberté, notre choix, notre amour. Dieu ne demande pas des robots, ça peut être utile d’avoir des robots mais Dieu ne demande pas des robots, si puissants soient-ils. Il ne demande pas une intelligence artificielle… qu’il faudrait traduire de manière plus juste comme un renseignement artificiel… Il demande une intelligence humaine, une sensibilité, un cœur humain qui bat, une volonté aimante et docile à l’action de son Esprit Saint. Bref, une créature spirituelle et corporelle qui s’appelle : un être humain, une personne humaine, pour répondre à son Amour.
Cependant, le point central de l’histoire humaine se concentre et se résume dans le Mystère que nous sommes en train de célébrer ces jours-ci, à savoir l’Incarnation du Verbe de Dieu, l’Incarnation du Verbe éternel de Dieu, le Logos éternel, la Parole éternelle de Dieu qui est aussi sa Sagesse, à savoir son Fils unique, l’un de la Trinité, l’éternel partenaire de sa gloire avec l’Esprit Saint. Et ce Logos prend chair, en ce jour de Noël, de la Vierge Immaculée, Marie de Nazareth. Cette Vierge qui devient la Mère, la mère de Dieu, par l’action de l’Esprit Saint, pour concevoir et mettre au monde Dieu fait homme, Jésus. Ce Mystère, c’est que toutes les nations (le mot « nation » dans la tradition juive, c’est tous ceux qui ne sont pas juifs), c’est que toutes les nations soient associées dans le Christ Jésus par l’annonce de l’Évangile, au même héritage, au même corps, au même partage de la promesse ; ce qui était réservé à Israël est ouvert à tous, déjà le prophète Isaïe l’annonçait, le prévoyait. Mais cela se réalise, devient concret et devient efficace, dans, et par la Personne du Christ Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Ce qui, en vue du salut de tous et de chacun, commence par le choix de notre Père Abraham (notre Père dans la foi) puis s’élargit à sa descendance charnelle mais surtout spirituelle, puis s’ouvre à l’univers entier dans la Personne de Jésus, Christ Seigneur, où s’accomplit dans ce mystère de l’Incarnation, puis par l’annonce de cette bonne Nouvelle, l’Évangile, à tous les hommes, de tous les temps, de tous les lieux, toutes conditions, races, langues, peuples, nations, religions et spiritualités et cultures.
Oui, la Personne du Christ Jésus est ce point focal, central de l’histoire du monde, de l’histoire de l’humanité et du temps. Il attire à lui tous les hommes, tous les êtres humains. Le Seigneur Jésus est bien ce centre vivant, et mieux encore : cette source, et en même temps le terme, de toute l’histoire de l’humanité et de l’histoire de chaque être humain en particulier. La venue et l’attitude des mages est la manifestation à la fois réelle et symbolique de la reconnaissance et de l’adoration des peuples de la terre envers leur Créateur, leur Roi et leur Sauveur : Jésus, unique sauveur du monde !
Mais cet événement se réalise, au cœur même de l’expérience des grandeurs du monde, non dans le faste, le luxe et la richesse, mais dans l’humilité, la simplicité, la pauvreté – pauvreté à tous les niveaux – et le silence.
Par cette volonté de Dieu de choisir la dernière place, le Seigneur donne la possibilité à tous d’être convié à sa vie, à son banquet, sans être gêné ou écrasé, humilié par la grandeur extérieure de sa manifestation.
Frères et sœurs, Dieu aime les pauvres et veut les sauver. Il veut nous sauver, car nous sommes tous pauvres d’une manière ou d’une autre. Il veut nous sauver avec une façon d’agir, une pédagogie qui respecte et honore les personnes sans les écraser ou les dévaloriser, bien au contraire. Devant la crèche de Bethléem, devant la maison où Marie se trouve avec l’enfant Jésus, chacun se sent invité, quelle que soit sa condition, sa situation, son état. Dans la crèche du Sauveur, chacun est chez soi, et nul n’est exclu.
Frères et sœurs, bien-aimés, avec un cœur d’enfant, avec la simplicité d’un enfant, avec la simplicité de ces mages, de ces hommes exceptionnels qui ont un cœur d’enfant, mettons-nous à genoux – du moins intérieurement, si nous ne pouvons le faire extérieurement – mettons-nous à genoux, adorons et accueillons Celui qui veut établir sa demeure en nous et nous introduire de façon définitive dans sa propre Demeure qui est son Cœur aimant et qui nous appelle sans cesse.