Homélie de la Nativité du Seigneur
25 Décembre 2018 – Année C
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Frères et sœurs bien aimés, que fêtons-nous en ce jour ?
Noël ; et quelle est la nature de cette fête ?
Nous fêtons la naissance, la naissance d’un enfant. Cet enfant qui n’est autre que Dieu en personne.
Une naissance à la fois comme toutes les naissances et une naissance extraordinaire qui est assumée par la maternité dans la virginité. La maternité de Marie – que nous fêterons dans une semaine le 1er janvier : la maternité divine de Marie qui finit l’octave de Noël et qui ouvre l’année civile, l’année de grâce 2019 – la maternité de Marie qui est assumée dans une virginité, dans l’être même de Marie, qui est immaculée. Jésus est vraiment un homme mais dont la Personne est divine ; ce n’est pas Dieu qui vient dans une personne, c’est la seconde Personne de la Trinité : le Fils, le Verbe, l’Unique engendré qui prend chair de Marie. Et à ce moment-là, son âme humaine est créée ; et Jésus aura cette double volonté – qui n’est pas de la schizophrénie – mais une double volonté : une volonté divine dans son unique Personne, qui est la Personne du Verbe, qui assume la nature humaine ; et sa nature humaine qui obéit, qui rentre, qui est en communion intime avec la Personne du Verbe… Ce qu’on appelle la communication des idiomes : tout ce qui pouvait passer de la divinité dans l’humanité et de l’humanité dans la divinité s’accomplit dans la Personne du Verbe.
En disant cela nous sommes sur le parvis du Mystère et nous ne pourrons jamais expliquer dans sa totalité qui est Jésus, ou qui est la Trinité… Dieu nous dépasse et nous dépassera toujours… mais la révélation que Dieu nous donne sur son être, et sur notre propre être, nous introduit réellement dans cette connaissance et dans cette communion avec lui, même si la lumière de Dieu et la grandeur de Dieu nous dépasse de façon infinie et nous dépassera toujours. Nous sommes appelés à rentrer dans ce Mystère d’amour dont nous ne sommes pas la source mais les bénéficiaires.
Dieu seul a l’être et nous sommes des êtres participés, ce qui inclus que nous devons adorer Dieu pour tous les hommes sans exception. Le fait d’adorer, de prier est un acte naturel chez l’homme… et il y a une façon d’être dénaturé, de ne plus reconnaitre que Dieu est Dieu… puisqu’il est la source de tout ce qui existe et la finalité de notre vie et de l’univers.
C’est ce que nous rappelle de manière synthétique le prologue de Jean que nous venons d’entendre, d’écouter.
Vous savez que d’après les spécialistes, le dernier livre écrit dans le Nouveau Testament n’est pas l’Apocalypse mais l’évangile de Jean vers l’an 100, à peu près. Puis Jean est mort et c’est la fin de la Révélation (ensuite il y a l’explicitation de la révélation).
Et donc ce prologue est la synthèse de l’évangile de Jean et de tout le donné révélé. C’est comme une caméra qui part de Dieu :
« Au commencement – (dans le principe) – était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu ».
Nous avons la fois l’unicité de Dieu et la pluralité des Personnes : le mystère de la Trinité. Et ce mystère de Dieu qui crée tout dans le Verbe : « C’est par lui que tout est venu à l’existence et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui ».
Paul dira « Tout a été créé par lui, pour lui et en lui ». Et tout subsiste !
C’est en cet être, cette Personne de Jésus que tout subsiste et devient un enfant. D’abord un fœtus, et puis un bébé qui a besoin d’être nourri, soigné, par sa mère ; et si sa mère l’avait abandonné, il serait mort…
Dieu se remet entre nos mains ; Dieu se fait vulnérable ; le Tout-puissant se fait petit enfant, se fait l’un de nous, accessible. Il cache sa gloire, il cache sa puissance ! Dieu n’a pas besoin de montrer sa puissance ! C’est nous qui sommes des êtres faibles, qui avons toujours besoin de montrer que nous sommes, soi-disant forts, mais c’est le signe particulier de notre faiblesse. Le fort n’a pas besoin de montrer qu’il est fort puisque c’est son propre être ! C’est le signe des faibles de montrer qu’ils sont forts.
Et nous sommes appelés à rentrer dans cette vérité de notre être et surtout d’accueillir Jésus qui vient à nous. Lui, le Verbe, le logos ; « logos » voulant dire en grec (traduit en latin) « le verbe » et a donné en français « la Parole » (ce sont des synonymes)… la parole qui n’est pas la voix.
La voix est l’instrument qui permet de porter une parole. La voix peut être indistincte mais on distingue le timbre de la voix qui est donné à chacun de nous. Comme si on décroche un téléphone, on dit que « c’est Pierre, c’est Paul, c’est Françoise… ». Et simplement au premier mot ! Le fait de dire « allo » etc… on reconnait le timbre de la voix mais ce n’est pas une parole.
La parole est la substance de ce qui porte la communication et la relation ; et la voix est le vecteur en quelque sorte : avec une couleur, un spectre, d’une signification…etc.
Mais c’est la parole qui permet d’avoir une relation et non une voix !
Nous sommes invités à écouter la Parole qui nous est adressée aujourd’hui. Et le timbre de la voix…alors bien sûr c’est pas un timbre physique mais le timbre de la voix du Seigneur qui parle dans notre cœur. Dieu nous parle sans cesse. Il parle à notre conscience. Nous avons tous une conscience ! Nous avons tous une âme spirituelle, ce qui fait la caractéristique de notre personne humaine. Et nous sommes appelés à écouter, à recevoir le Verbe qui vient en nous, comme Marie l’a accueilli. Mais aussi – c’est pas simplement statique – à recevoir Jésus, à le contempler, mais à écouter ce qu’il nous dit et ce qu’il veut nous dire en ce jour de Noël. Qu’est-ce-que Jésus me dit ? Qu’est-ce-que la Parole vient me dire aujourd’hui, ce matin… vient solliciter ma vie, personnellement, puis dans tout ce que nous pouvons faire les uns envers les autres ?
D’écouter la Parole.
Qu’est-ce que sa Parole féconde en moi ?
Le Seigneur est toujours source de vie ! Et dans le prologue que nous venons d’entendre, c’est la vie qui est lumière.
La vie est source de lumière. Plus nous favoriserons la vie en nous-mêmes et chez les autres, plus nous aurons une lumière qui nous permettra de mieux vivre, de mieux nous comprendre et de mieux nous comprendre les uns, les autres.
Alors nous sommes invités aujourd’hui, ce matin, à être des facteurs de vie, des vecteurs de vie, des canaux qui transmettent la vie. La vie humaine sous tous ses aspects mais aussi la vie qui redonne vie aux autres : la vie au moral, le partage, l’aide, tout ce qui va faire grandir l’autre, qui va lui apporter un surcroit de vie.
Alors demandons la grâce aujourd’hui (et durant toute notre vie, cette année) d’être attentifs aux autres et d’être pour eux des canaux de vie. D’être des canaux qui apportent un surcroit de vie, une qualité de vie et surtout qui leur apportent Jésus, qui est la plénitude de la vie.
Que cette célébration eucharistique où le Verbe se livre à nous dans le sacrement de l’Eucharistie, se fait pain vulnérable, se remet entre nos mains, dans notre corps, dans notre âme, transfigure notre existence.
Accueillons-le avec foi, avec dignité, avec respect, avec amour. Et laissons nous transformer par cette Parole qui est devenue chair et que nous adorons : Jésus notre sauveur !