Chers frères et sœurs,

Le 29 décembre le Pape a ouvert la Porte sainte de sa cathédrale à Rome, Saint Jean de Latran, et en ce jour de solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu, est ouverte la Porte sainte de la Basilique papale Sainte Marie Majeure. Enfin le 5 janvier, la Porte sainte de la Basilique papale Saint Paul Hors les Murs sera ouverte à son tour.

Cette année sainte, sous le thème « Pèlerins de l’espérance » s’achèvera pour les églises particulières, le dimanche 28 décembre 2025. À Rome, le Jubilé se terminera le 6 janvier 2026, avec la fermeture de la Porte sainte de la Basilique papale de Saint Pierre au Vatican, le jour de l’Épiphanie.

Voici ce qu’écrit le Pape dans sa bulle d’indiction ouvrant le Jubilé : « Outre le fait de puiser l’espérance dans la grâce de Dieu, nous sommes appelés à la redécouvrir également dans les signes des temps que le Seigneur nous offre. Comme l’affirme le Concile Vatican II, « l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques ». Il faut donc, prêter attention à tout le bien qui est présent dans le monde pour ne pas tomber dans la tentation de se considérer dépassé par le mal et par la violence. Mais les signes des temps, qui renferment l’aspiration du cœur humain, ayant besoin de la présence salvifique de Dieu, demandent à être transformés en signes d’espérance ».

Au cours de ce Jubilé, un événement important aura lieu : cela fera 1700 ans que le premier grand concile œcuménique, le concile de Nicée, a été célébré. Ce concile avait pour mission de préserver l’unité gravement menacée par la négation de la divinité de Jésus Christ et de son égalité avec le Père. Environ 300 évêques étaient présents à ce concile de Nicée, réunis dans le Palais impérial, convoqués par l’empereur Constantin le 20 mai 325. Les Pères conciliaires se sont tous reconnus par la grâce de l’Esprit Saint dans le symbole de la foi, le Credo que nous professons encore aujourd’hui dans la célébration eucharistique dominicale.

Le Concile de Nicée est une pierre milliaire dans l’histoire de l’Église. Son anniversaire invite les chrétiens à s’unir dans la louange et dans l’action de grâce à la Sainte Trinité et, en particulier à Jésus-Christ, le Fils de Dieu, consubstantiel au Père, qui nous a révélé ce Mystère d’amour. Notons, frères et sœurs, que le concile de Nicée a aussi discuté de la date de Pâques, qui providentiellement en cette année 2025, tombe le même jour pour les catholiques et les orthodoxes. Cela doit être un appel à tous les chrétiens d’Orient et d’Occident à faire un pas décisif vers l’unité autour d’une date commune de la célébration de Pâques.

Tout cela, frères et sœurs, n’est pas étranger à notre célébration, en ce jour octave de la Nativité de Jésus, en la solennité de Marie, Mère de Dieu.

« L’Espérance trouve dans la Mère de Dieu son plus grand témoin ».

En Elle, nous voyons que l’espérance n’est pas un vain optimisme mais qu’elle est un Don de la grâce dans le réalisme de la vie. Alors qu’au pied de la Croix, Marie voit Jésus innocent souffrir et mourir, bien que traversée d’une immense souffrance, Marie répète son Fiat, son « oui », sans perdre ni l’espérance ni la confiance dans le Seigneur. Dans le tourment de cette douleur offerte par amour, Marie devenait notre Mère, la Mère de l’Espérance.

Ce n’est pas par hasard si la piété populaire continue à invoquer la Sainte Vierge comme Stella maris, étoile de la mer ! Un titre qui exprime l’espérance sûre que dans les vicissitudes de la vie, la Mère de Dieu vient toujours à notre aide, nous soutient et nous invite à avoir confiance et à continuer d’espérer. « Lorsque nous adorons la naissance de notre Sauveur, écrit le Pape Saint Léon le Grand, il se trouve que nous célébrons notre propre origine. En effet, lorsque le Christ vient au monde, le peuple chrétien commence ; l’anniversaire de la tête, c’est l’anniversaire du corps ».

« Ô prodigieux mystère », nous fait chanter la liturgie de ce jour avec ces antiennes qui seront chantées à nouveau le 2 février à la Présentation de Jésus au Temple, « Ô prodigieux mystère qui nous rend héritier du ciel, le corps d’une Vierge devient temple du Très Haut. Le Dieu qui s’incarne garde sa sainteté infinie ».

C’est le paradoxe, frères et sœurs, de ce Mystère de la Nativité du Verbe que nous célébrons, que de faire se rejoindre les extrêmes. L’infiniment grand devient dans le temps, dans l’histoire, l’infiniment petit, et ce qui était caché apparaît en pleine lumière.

À Noël, c’est déjà le Mystère pascal qui se fait entendre en prémices. La liturgie a des relents d’enthousiasme semblables à l’exultation des croyants devant la Résurrection du Christ. Nous entendions cette nuit sous la plume de Pierre Chrysologue : « Aujourd’hui les saints sont conviés, les méchants confondus, les bons se réjouissent, les aveugles retrouvent la vue, les boiteux peuvent marcher, les lépreux sont purifiés, les attristés retrouvent la joie, les malades le salut et les morts ressuscitent ».

Et nous, pèlerins de l’espérance, tout au long de cette année jubilaire qui est une grâce offerte à tous les hommes, faisons notre cette parole du moine cistercien Gilbert de Hoyland : « Heureux es-tu si ta conversion devient pour les autres une occasion de salut. Heureux, et doublement heureux, si tu attires à la vie et à la vérité ceux qui, en cet instant, marchent derrière toi »

Que la Sainte Mère de Dieu nous conduise vers le havre sûr du salut ; Celle que les anges chantent et que vénèrent tous les âges de l’humanité. Amen !

Historique de nos Homélies