Chers Frères et sœurs,
Parce que la Passion du Christ est la passion de Dieu, elle est d’abord la manifestation de l’amour de Dieu pour les hommes.
L’amour de Dieu, « qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » ; l’amour de Jésus, qui a « aimé les siens jusqu’à l’extrême » ; l’amour de la Trinité Sainte : « l’amour du Père crucifiant – l’amour du Fils crucifié – l’amour de l’Esprit triomphant par la mort de la croix ».
La passion du Christ est une « passion d’amour » parce qu’elle a été voulue avant d’être pâtie. Elle est la passion de la liberté de l’amour de Dieu pour l’homme, acceptée par la liberté du Dieu fait homme. La Passion du Christ est miséricorde : « Dans son amour pour l’homme, l’Impassible a souffert une passion de miséricorde ». Citation, Origène.
Voilà ce que nous allons revivre en cette semaine sainte. Chacun selon la grâce qu’il a reçue de Dieu.
« Le clou qui pénètre en lui est devenu pour moi une clé qui m’ouvre le mystère de ses desseins. Comment ne pas voir à travers ses ouvertures ? Les clous et les plaies crient quand la personne du Christ Dieu se réconcilie avec le monde ». Citation de Saint Bernard.
Ce que nous allons célébrer en ces jours, frères et sœurs, est de l’ordre de la réconciliation du ciel et de la terre. Au cœur de l’accomplissement du dessein divin, et donc de la fondation de l’Église, se situe le Mystère pascal de la Mort et de la Résurrection du Christ. L’incarnation du Verbe est le sommet de l’histoire du Salut. En se faisant chair, le Verbe de Dieu vient racheter l’homme perdu et lui rouvrir le chemin de la communion avec Dieu et avec ses frères. Le Verbe de Dieu vient accomplir le dessein de Dieu de rassembler en lui « dans l’unité, tous les enfants de Dieu dispersés ».
Et nous qui voulons adhérer par la foi à ce grand mystère du Christ rédempteur, nous avons à faire redécouvrir à nos frères en humanité ce que la révélation porte en elle : le Salut chrétien est aux dimensions du monde ; il n’est pas indifférent à notre terre, à ses souffrances, et à son gémissement muet qui aspire au Salut. La grâce du Christ, envoyée par le Père pour donner le Salut au monde, c’est-à-dire à l’homme, s’étend à toute la création avec lui. Jésus est bien le seul Sauveur, mais pour nous sauver, il nous associe à son œuvre pour que nous soyons coopérateurs et médiateurs du Salut.
« Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi » Citation de Saint Augustin.