Homélie du 1er Janvier 2019
Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu – Année C
Par le Frère Jean-Baptiste
Frères et sœurs,
En fêtant la Vierge Marie sous le titre éminent de Mère de Dieu nous affirmons l’essentiel de notre foi.
Nous croyons, comme dit Saint Paul aux Galates au chapitre IVème, que Dieu a envoyé son Fils et qu’il est né d’une femme sujet de la loi juive.
Jésus de Nazareth est Fils de Marie, né à Bethléem ; il est clairement reconnu par les quatre évangélistes comme Fils de Dieu ; et c’est dans l’évangile de St Jean que nous trouvons le plus d’affirmations de la divinité faites par le Christ lui-même, spécialement juste avant sa passion, lors des controverses avec les juifs incrédules qui le condamneront comme blasphémateur, en dépit de tous les signes qu’il a réalisé sous leurs yeux !
L’histoire d’Israël trouve donc son achèvement dans ce temps de Noël. Nous l’avons entendu dans la liturgie de la Parole, particulièrement à travers les paroles d’Isaïe et les psaumes, mais aussi en ces jours en remontant jusqu’aux premières pages de la Genèse : après que la première femme et le premier homme se sont laissés séduire par le serpent menteur. Celui-ci s’entend dire de la part de Dieu : « Je mets une inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance ; elle t’écraseras la tête et tu l’atteindras au talon ».
Bien que chassés du paradis, à l’homme et à la femme, est promis la venue d’un Messie. Le salut promis sera issu de la descendance d’une femme, si bien qu’Adam a pu appeler sa femme, Ève, la mère des vivants.
Or fait étrange : chacun des trois grands patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, fondateurs du peuple Hébreu, épouse des femmes stériles. Et chacune d’elles pourtant enfantera à l’heure de Dieu !
Ainsi est signifié que la fécondité humaine n’est véritablement efficace qu’avec un coup de pouce divin. Que cette descendance, bénie, promise, n’existe que par la grâce de Dieu. À bien d’autres étapes de l’histoire d’Israël retentira cette sonnette d’alarme, pourrait-on dire… au temps des Juges, par exemple, Samson, Samuel mais aussi jusqu’à Jean-Baptiste issu d’un couple âgé.
Au moment où le Messie va faire son entrée parmi les hommes, n’est-il pas normal que Marie soit l’héritière de toutes ces fécondités de grâces ? Que Marie en quelque sorte se rende stérile par son vœu de virginité et ainsi que sa maternité devienne totalement dépendante de la grâce provenant de l’Esprit Saint lui-même.
Et alors son Fils pourra être reconnu d’abord par elle-même, Marie, comme un Enfant divin, né d’une génération proprement divine ! Et l’évangéliste St Luc poursuit : « Tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers » sur l’apparition céleste des Anges proclamant par des chants un tel évènement, d’un Messie divin… vraiment !
Pourtant d’après St Luc, la Vierge Marie ne semble pas être impressionnée outre mesure car elle est toute recueillie dans son mystère de Vierge Mère ; « Elle retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur » ; les bergers quant à eux « glorifiaient et louaient Dieu » ; Marie, elle, demeurait dans un silence d’adoration. Elle contemplait déjà en elle le mystère du Christ en ses deux natures associées par miracle, et cela non pas pour le Christ lui-même mais déjà pour tout le genre humain qui reconnaitrait en lui le Sauveur de l’humanité.
Comme pourra dire plus tard St Irénée « avec l’avènement du Christ sur terre apparait une nouveauté », une nouveauté vraiment neuve parce qu’elle provient de Dieu même. Elle advient de Dieu comme fruit de sa miséricorde, comme don inouï de sa grâce ; issue pourrait-on dire d’un pardon anticipé car Dieu a toujours l’initiative.
À la crèche avec les bergers, un peu plus tard lors de la visite des Mages, la Vierge Marie a compris que son enfant ne lui appartenait pas ! Il n’est pas seulement proposé aux hommes mais il est déjà offert… Il est bien le Messie envoyé au monde, comme dit le Livre des Nombres en première lecture : pour apporter la paix de Dieu, pour réconcilier les hommes entre eux et le monde avec Dieu. Voilà l’objet de la bénédiction de Dieu au petit peuple d’Israël qui va s’étendre désormais à toutes les nations. Les nations qui sanctifient le Nom très saint du Seigneur, ce même Nom qui transforme chaque croyant en fils et filles d’adoption divine.
La grandeur de la maternité divine rejaillit sur tous les hommes en puissance de pardon, sur tous ceux qui cherchent la lumière, sur tous ceux qui sont en quête d’un secours supra humain, ceux qui pressentent que l’amour vrai est plus fort que la mort.
Car c’est bien en Marie, Épouse véritable de l’Esprit Saint, que s’effectue l’Alliance nouvelle réalisée par le Christ avec l’humanité renouvelée… humanité renouvelée par l’acte de foi à l’égard d’un Dieu sauveur et par l’exercice incessant de la charité auprès des hommes.
Puissions-nous faire fructifier cette divine bénédiction tout au long de l’année 2019 !