Homélie du dimanche 30 septembre 2018

26ème dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs,

La première lecture du livre des Nombres et l’évangile de ce dimanche se correspondent car de part et d’autres, nous assistons à une sorte de scène de jalousie.

Le jeune serviteur de Moïse, Josué, comme le jeune disciple de Jésus, s’offusquent que l’Esprit de Dieu puisse agir à travers des gens qui ne sont pas immédiatement ou publiquement patentés.

Le fait que l’Église dans sa liturgie de la Parole réunisse ces deux textes d’époque éloignée et des circonstances assez différentes de l’Ancien et du Nouveau Testament, nous avertit que le jugement des hommes, même religieux et fidèles, peut être défaillant en dépit d’une volonté en chacun d’eux, d’une pureté d’intention.

Cela met en lumière que l’action de Dieu et sa providence divine débordent les institutions que Dieu lui-même a créées pour guider et instruire les hommes de sa révélation de Salut.

Dieu déborde les cadres de l’institution ecclésiale pour gouverner l’ensemble des hommes et les orienter d’une façon plus ou moins manifeste vers son Royaume. Il nous fait percevoir par là le mystère insondable de l’économie du Salut qui tend à sauver tous les hommes, exprimant ainsi souvent d’une manière étonnante sa liberté et sa transcendance.

La réaction de Josué et de Jean nous oblige aujourd’hui à reconsidérer notre attitude vis-à-vis de notre confession de foi… comment vivons-nous notre appartenance à l’Église face aux revendications d’autres églises ou d’autres religions ? Ne serions-nous pas jaloux parfois d’actes de charité accomplis en dehors de la sphère visible de l’Église ?

Peut-être serait-il bon de purifier nos sentiments à l’égard de ceux qui n’appartiennent pas à notre Église reconnue comme véritable. Certes il est heureux que notre confession de foi soit une expression de notre sincérité mais celle-ci ne suffit pas !

Toutes les communautés ecclésiales, et même peut-être toutes les autres religions, sont pleines de gens qui croient sincèrement qu’ils sont membres d’une vraie religion. Car ne s’empresseraient-ils pas d’en changer s’ils étaient dans le doute ?

N’est-ce-pas à ce niveau de mentalité « d’être sincère » que peut justement se manifester cette jalousie malsaine ? Il nous faut donc aller à un niveau plus profond dans notre appartenance à l’Église. Il faut l’atteindre dans notre attachement au Christ.

Oui, il nous faut exercer fréquemment notre relation personnelle à celui qui est le fondement de l’Église et à partir du mystère de la Croix. Nous devons le faire par la prière, certes, fondamentalement, mais aussi au milieu des moments les plus ordinaires de notre vie quotidienne que nous devons accomplir sous le regard de Dieu. Des petites actions, bonnes, tel le verre d’eau à offrir à quiconque en ressent le besoin, même peut-être à notre ennemi, trouvent grâce devant Dieu et nous en serons récompensés. Derrière cet exemple se trouve l’expression du chapitre 25ème de Mathieu sur le jugement dernier qu’opèrera le Christ à la fin des temps.

Nous, baptisés, nous sommes appelés à témoigner de notre appartenance au peuple de Dieu à travers le mystère du Christ auquel nous participons.

Nous sommes engagés à faire nôtres les sentiments et les attitudes de Jésus que nous rapportent les évangiles : il nous faut savoir partager les comportements d’humilité, de compréhension, d’accueil, de patience et de paix, envers tous les hommes même s’il leur arrive de s’opposer à nos convictions profondes. Là, se trouve d’ailleurs la véritable ascèse par l’exercice répété concret de la charité. Cela nous fera grandir dans notre liberté intérieure. Nous pourrons alors regarder les autres d’un œil fraternel ; nous nous réjouirons de ce qui les ouvre eux aussi à plus de vérité et plus de paix ; et peut-être même à plus de sainteté.

Tout cela est possible si nous nous appuyons dans la foi au grand mystère de l’incarnation et de la rédemption du Christ en vue du Salut du monde entier.

Nous n’aurons plus les réflexes de suffisance de notre société, nous renoncerons aux comparatifs mondains. Notre force de conviction vient de l’Esprit Saint qui veut que l’Esprit de l’Évangile se répande d’une manière universelle en toutes les nations. Il travaille invisiblement à la façon d’un ferment qui fait lever l’humanité vers son terme qui est déjà vainqueur du mal dans le Christ !

Mais notre souci de chrétien est-il de rendre vivant cet Esprit de Jésus…selon la figure paradoxale qu’il nous a donnée à la Croix, pleinement assumée dans les petites choses, autant que dans les grandes, de la vie qui nous est donnée d’expérimenter ici-bas…

Non pour nous-même mais pour la gloire du Dieu trois fois Saint.

 

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