Homélie du Dimanche 04 Août 2019

18ème dimanche du temps ordinaire – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs,

L’évangile de ce jour nous invite à réfléchir sur l’usage que nous faisons des richesses dans notre vie. Richesses, non seulement matérielles, l’argent et les autres biens matériels, mais plus encore peut-être richesse des connaissances, du pouvoir, qui si souvent, et plus que jamais, dans le monde actuel, sont les richesses les plus prégnantes.

Le saint Pape Paul VI écrivait en son temps que « trois grandes fêlures traversent l’homme contemporain : celle de « l’avoir », celle du « savoir » et celle du « pouvoir ».

Nous sommes plus spontanément sensibles à celle de « l’avoir » dans une société où la fracture, entre les riches et les pauvres, ne cesse de s’accroitre. Nous sommes peut-être moins sensibles à celle du « savoir » qui fractionne de plus en plus l’humanité entre ceux qui sont accès aux moyens modernes de connaissance ; nous pensons par exemple à l’informatique, mais aussi à la culture.

Quant à la fêlure du « pouvoir », elle n’est pas propre à notre temps. C’est ce que dans le langage contemporain, on appelle la libido possidendi, la voracité de posséder, par laquelle on s’impose par rapport à Dieu, par rapport aux autres, par rapport aux choses dont on fait une idole, qui exige l’adoration la plus totale.

Dans un livre récent, le cardinal Tagle, archevêque de Manille, disait que « à ses yeux, le plus grand danger de l’homme moderne était l’idolâtrie ». Celle-ci consiste à substituer à Dieu les choses de ce monde érigées en idole à laquelle on est prêt à tout sacrifier.

Or, l’homme riche de l’évangile de ce jour correspond bien à ce vice stigmatisé par st Jean Cassien, au IVème siècle, le célèbre moine marseillais : la kénodoxia, c’est-à-dire la vanité, qui se définit à partir du travail, à partir des œuvres, à partir du « faire ». St Ignace d’Antioche au IIIème siècle écrivait déjà : « Mieux vaut ‘être’ que ‘avoir’ ! »

Et de là, frères et sœurs, il n’y a qu’un pas pour tomber dans cette hybris, c’est-à-dire dans cette démesure dans le rapport à Dieu, manifestée par l’orgueil, la suffisance, l’exaltation de l’ego… bref la substitution de Dieu par le « moi ». Dès lors, les richesses, qu’elles soient matérielles, intellectuelles ou spirituelles, ne sont plus des moyens mais deviennent une fin en soi. Elles sont déviées de leur finalité, elles ne conduisent plus à glorifier Dieu.

« Que les riches, écrivait St Ambroise de Milan au IVème siècle, que les riches apprennent que le mal ne consiste pas à posséder des richesses, mais bien plutôt à en faire un mauvais usage. Car, poursuit-il, si les richesses constituent un obstacle pour les méchants, elles sont une source de vertus pour les bons ! »

Jésus, frères et sœurs, nous enseigne un autre chemin. Nous l’avons entendu dans le passage de St Paul aux Colossiens : « Recherchez les réalités d’en haut… non celles de la terre… faites mourir en vous ce qui appartient encore à la terre… revêtez l’homme nouveau ».

L’homme nouveau ! Cette si belle expression qui nous dit ce que nous sommes devenus par le baptême : des hommes et des femmes nouveaux !

Par sa présence et par son action, avec Jésus, Dieu est entré dans l’histoire de manière tout à fait nouvelle. Ici et maintenant, à Celui qui agit, non pas pour nous, pour lui-même, mais pour glorifier Dieu.

Il est devenu le Seigneur Jésus et il nous montre l’exemple en sa Personne, notre plus grande richesse. Comme dit St Paul aux Corinthiens « De riche qu’il était, il s’est fait pauvre, pour vous enrichir de sa pauvreté ».

Que sous les humbles espèces du Pain et du Vin consacrés, frères et sœurs, que l’Esprit Saint va maintenant rendre Présents parmi nous, notre foi nous fasse reconnaitre, dans le pain et dans le vin devenus le Corps et le Sang du Christ, Celui qui de riche qu’il était, s’est fait pauvre, pour nous permettre d’accéder plus facilement à la seule richesse qu’il est en lui-même, le Sauveur de tout homme créé à son image et à sa ressemblance… Amen !

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