Homélie du dimanche 06 février 2022 – 5ème Dimanche Temps Ordinaire – Année C

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

Par le Frère Jean

 

Venez, suivez-moi, je ferai de vous des pécheurs d’hommes !

Depuis le jour où cet appel a été adressé par Jésus à Simon-Pierre, à Jacques et à Jean, sur les bords du Lac de Génésareth, ce même appel continue de retentir aujourd’hui dans le cœur d’hommes et de femmes que le Seigneur appelle à sa suite. Ce n’est pas l’homme qui prend l’initiative de suivre le Christ, c’est lui qui appelle à sa suite ; c’est lui qui prend les devants. Venez, suivez-moi !

Jésus choisit lui-même et appelle personnellement ceux à qui il demande de le suivre. Selon l’usage au temps de Jésus, chacun décidait de suivre le maitre de son choix. Jean Baptiste a ses propres disciples et les évangiles témoignent même que Jésus dans un premier temps a suivi Jean Baptiste ; mais cela change avec Jésus ; Jésus appelle des hommes à le suivre ; il prend l’initiative ; il le fait souverainement par une parole d’autorité « toi, suis-moi ! »

Il le dira dans l’évangile de st Jean « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; c’est moi qui vous ai choisis ! » et dans ce ‘moi’, on pourrait l’écrire avec un M majuscule, c’est le ‘Moi’ divin ; c’est le ‘Moi’ qui a parlé à Moïse sur le Mont Sinaï. Cet appel de Jésus à le suivre, parole impérative, devait alors apparaitre à ceux qui l’entendaient, comme fascinante voire scandaleuse !

Suivre le Christ… pourquoi ? En vue de devenir disciple. Ce mot de ‘disciple’, on ne le trouve qu’une seule fois dans l’Ancien Testament. Sans doute parce que la relation de l’individu à Dieu était toujours conçue au sein d’un ensemble : le peuple d’Israël.

Dans le Nouveau Testament, il ne s’agit pas de l’enseignement donné à un élève par son maitre mais d’une relation étroite et définitive avec quelqu’un, avec une personne.

Face aux grands défis de notre temps, ce n’est pas une formule magique qui nous sauvera mais une Personne et la certitude qu’elle nous inspire : « Je suis avec vous ! » écrivait st Jean Paul II.

Le disciple est celui qui par l’appel de Jésus marche à sa suite, s’attache à sa Personne jusqu’à la mort par le don de sa vie par amour. Il s’agit véritablement d’une rencontre avec Lui ; et la rencontre est aussi importante que l’expérience car elle est rencontre d’une personne alors que l’expérience n’est que suggestive. Au milieu de la nuit un cri retentit : voici l’époux, allez à sa rencontre ! dit le passage d’évangile des ‘vierges sages’.

Suivre le Christ, c’est accepter d’aller vers ce que tu ne connais pas et pour cela, il faut passer par ce que tu ne connais pas ! Comme dit st Grégoire de Nysse.

La tentation serait de vouloir se diriger selon les voies de notre expérience. Or la vie spirituelle, frères et sœurs, est précisément le fait d’être introduit par Dieu dans ce qui est étranger à notre expérience ; voyons Abraham dans la Lettre aux Hébreux : Il partit sans savoir où il allait.

Et partir sans savoir où l’on va, c’est toujours inconfortable. L’âme s’appuie alors sur la seule Personne de Dieu, sur sa Parole !

Suivre le Christ, c’est la première vocation du croyant, du peuple que Dieu s’est choisi, dans une attitude de disponibilité afin que l’Esprit Saint puisse exercer en nous son action transformante, son action transfigurante.

Le chrétien est un autre Christ ! disait Tertullien. Il s’agit de le devenir par participation, de connaitre le Christ pour l’aimer et cela c’est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous. C’est l’Esprit Saint qui éveille en nous un amour profond du Christ qu’il met au centre de notre vie ; car nous ne pouvons pas nous mettre nous-mêmes au centre. Suivre le Christ, c’est déplacer son centre de gravité, c’est « se renoncer » ; et la foi nous donne alors de pratiquer des choses impraticables.

Il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux, dit st Paul. Il s’agit de permettre à l’Esprit Saint de façonner en nous un nouvel être, une créature nouvelle, comme dit Paul, un retournement intérieur conduisant à un dépassement des pratiques trop légales, trop conventionnelles. Il s’agit bien d’une nouvelle naissance, renaitre… or renaitre, c’est devenir nous-mêmes, il s’agit que le faux ‘moi’ meure, pour que le véritable ‘moi’ intérieur apparaisse. C’est ce qui s’est réalisé pour Simon, pour les apôtres, et pour tous ceux qui depuis plus de deux mille ans consentent à suivre le Christ dans la fidélité à leur promesse baptismale.

Que la grâce de cette Eucharistie nous donne de grandir dans l’amour du Christ et dans le don de notre vie à sa suite pour la gloire de Dieu, pour le service de l’Église et pour le salut des hommes.

Amen !

 

 

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