Homélie du dimanche 9 août 2020 – 19ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Chers frères et sœurs,

Après la mort de Jean le Baptiste, Jésus s’est retiré vers un lieu désert, puis Il rejoint les foules. Il fut « pris de pitié » pour eux et guérit les infirmes, puis a lieu ensuite la fameuse « multiplication des pains », où avec cinq pains et deux poissons, Jésus nourrit cinq mille hommes, sans compter nous dit l’évangile, les femmes et les enfants. Enfin, Jésus se retire seul dans la montagne, à l’écart, pour prier.

Les disciples, quant à eux, sont renvoyés par le maitre pour passer en barque sur l’autre rive. Et voici qu’alors une grande tempête survient.

À la peur de sombrer, s’ajoute la peur, non moindre, quand ils voient venir vers eux, Jésus marchant sur les eaux. « C’est un fantôme » disent-ils, poussant des cris de frayeur.

Dans l’évangile d’hier, samedi, toujours en St Mathieu, Jésus répondait aux disciples qui s’étonnaient de n’avoir pu chasser le démon de l’enfant dit ‘lunatique’ : « Si vous n’avez pu le chasser, c’est à cause de votre manque de foi ».

Et dans l’évangile de ce jour, Pierre s’entend dire à son tour, alors que Jésus vient de le tirer des eaux : « Homme de peu de foi ! »

Laissons-nous, frères et sœurs, interrogés par cette Parole de Jésus qui nous rejoint nous aussi : « homme de peu de foi ! »

On comprend alors la supplication des apôtres : « Seigneur, augmente en nous la foi ! ».

Augmente en nous, Seigneur cette capacité, que nous avons reçue par le Don de la foi, au jour de notre baptême, de te contempler, de voir la création, de voir chacun de nos frères, de nous regarder nous-mêmes avec ton regard.

« Que la foi, disait Tertullien au IIème siècle, ne soit pas seulement habitude mais vérité »

Une vérité à aimer, une vérité qui est aussi beauté. Car toute vérité véritable est toujours belle, qu’elle soit dans l’ordre du créé ou de l’ordre de l’Esprit.

La foi de Pierre marchant sur les eaux, à l’invitation de Jésus, mérite toute notre attention. St Augustin dira de lui : « C’est d’abord la force de l’Église qui est célébrée en Pierre parce qu’il suivit le Seigneur allant à la passion. Mais une certaine infirmité de l’Église est aussi mentionnée, car interrogé par une servante, il reniera le Seigneur »… St Augustin, ici, unit en une seule personne, Pierre et l’Église. Là où Pierre s’élève, l’Église s’élève ; là où Pierre chute, l’Église chute !

Et le Pape Benoit XVI aura cette parole : « Pierre, en soi, n’était pas un roc mais un homme faible et inconstant. »

En bonne théologie, frères et sœurs, nous disons que notre foi est fondée sur la foi de Pierre… de cet homme-là ! Si bien que chacun de nous peut se reconnaitre en Pierre.

Comme lui, nous sommes capables de grands élans de générosité (souvenons-nous la magnifique confession de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! … je te suivrai partout où tu iras ». Mais comme lui nous sommes capables de lâcheté, de faiblesse, dans notre foi…

« Je ne connais pas cet homme-là », dira-t-il à la servante dans la cour de Pilate, à l’heure de l’arrestation de Jésus.

Dans ce monde agité où nous vivons, qui a perdu le sens de Dieu, il nous faut plus que jamais, cultiver notre foi en ce Jésus ressuscité. Cultiver l’unité de foi en la protégeant de tout ce qui peut l’abimer, la flétrir, la corrompre, et cela sans rigidité, ni crispation.

Parce que la foi chrétienne, telle qu’elle nous est enseignée par l’Évangile et par la Tradition de l’Église, est joyeuse, parce que la foi est belle, parce que nous n’en sommes pas les propriétaires mais les dépositaires.

Parce que la foi, frère et sœurs, est un trésor que le sacrement de baptême a déposé au plus profond de notre âme, et qu’il nous faut protéger, faire grandir.

Une foi catholique, oui, c’est-à-dire, nourrie par la Parole de Dieu, attentive aux enseignements des successeurs des apôtres et à ce que nous appelons, au sens le plus noble du terme, « la Tradition » avec un T majuscule.

Une foi qui est un Don de Dieu avant même de s’épanouir en des œuvres. « Mieux vaut ‘être’ que ‘faire’ » disait St Ignace d’Antioche.

La première Lecture du Livre des Rois, que nous avons entendu proclamée, nous a conduits auprès du prophète Elie, caché dans une caverne, de nuit, à l’Horeb. Et voici que Dieu, après le fracas d’un ouragan, après l’effroi d’un tremblement de terre, après la fascination du feu, voici que Dieu se révèle à Elie, dans « une brise légère », dans une « voix de fin silence ». C’est ce qui s’est passé avec Pierre et les apôtres, dans la tempête du Lac de Tibériade : Jésus s’avance au-devant de Pierre et tout redevient « Paix ! ».

Là où est la Paix, là est la Présence divine.

Elie, déjà, avant Pierre, a connu lui aussi, le découragement ; en route vers l’Horeb, fuyant la colère de la reine Jézabel, épuisé par la marche dans le désert, il alla s’assoir sous un genêt. Il souhaita de mourir et dit : « C’en est assez maintenant, Seigneur ! Prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères. Il se coucha et s’endormit. Et voici qu’un Ange le toucha et lui dit « Lève-toi et mange ! ».

Car, frères et sœurs, pour Elie, comme pour nous, sans nourriture : pas de marche ! Sans marche dans le désert, on le sait, c’est la mort.

Et bien, nous aussi, ballotés dans les vagues de ce monde, dont on se demande parfois, si elles ne vont pas renverser la barque Église, et nous avec Elle, nous recevons chaque dimanche, le Pain de Vie, la Sainte Eucharistie, le Pain quotidien de la Parole de Dieu.

Nous recevons aussi, ne l’oublions pas, le soutien de nos frères dans la foi, qui sont à nos côtés, et avec qui nous pérégrinons vers le Royaume.

Avec le psaume 61, dont le verset suivant a été chanté avec l’Alléluia de l’Évangile, nous pouvons redire : « Dieu seul est mon rocher, mon salut ; d’en haut, il tend la main pour me saisir, il me retire du gouffre des eaux ».

À Lui soient tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles.

Amen !

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