Homélie du dimanche 9 septembre 2018
23ème dimanche du temps ordinaire – Année B
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur
Le style oral a été conservé
Frères et sœurs, l’évènement merveilleux de la guérison du sourd-muet se passe en territoire païen. En dehors d’Israël, au nord de la Judée, en un lieu appelé la Décapole qui est une confédération de dix villes grecques soustraites à l’administration d’Hérode, Prince de Galilée, et rattachée, selon les historiens depuis Pompée, à la province romaine de Syrie.
C’est une région limitrophe, donc, du pays de Jésus et certainement sa réputation de thaumaturge l’a précédé. Sans doute alors est-il reconnu comme Messie attendu des Juifs. En tout cas célébré comme thaumaturge investi de la puissance divine qui dépasse toute frontière.
Le sourd-muet est le symbole de tout païen qui n’est pas touché directement par la Parole révélée, ou comme la grande partie du peuple de Dieu, qui reste sourd ou ignorant des prophètes de la loi ou des célébrations liturgiques du Temple.
Et pourtant Jésus accepte la supplication de ces gens bien indisposés à son égard, qui cherchent à le rencontrer. Aussi leur amènent-t-ils un sourd-muet, en le priant de déposer sa main sur lui.
L’imposition des mains est un rituel qui appartient à cette époque à la médecine comme à la religion. On sait que cela était coutumier dans la pratique religieuse d’Israël, notamment au sujet de la lèpre. Jésus accepte donc leur confiance, sinon même leur foi comme le note St Marc. Jésus n’aime pas le spectacle, il souhaite la discrétion, et choisir un climat de recueillement en se retirant de la foule.
Alors l’évangéliste nous décrit le protocole de ce miracle : Jésus touche l’infirme par deux fois à la tête comme auraient pu le faire apparemment d’autres guérisseurs…en lui mettant les doigts dans les oreilles, en mettant de sa salive sur la langue… mais ces deux gestes sont enveloppés par la grâce au sens exclusif de l’intercession du véritable grand Prêtre qui implore Dieu comme son propre Père.
C’est bien là la signification de l’élèvement de son regard vers le ciel.
Puis il soupire longuement pour manifester la présence opérative de l’Esprit Saint en proclamant à la manière d’un exorciste « Effata ! » c’est-à-dire « ouvre-toi ! ».
Il y a comme une description rituelle de son geste guérisseur divin qui nous révèle une véritable délivrance opérée par la communion des trois Personnes divines qui apportent chacune sa propre vertu. La réalisation de ses miracles est comme un exemple, un paradigme de tout acte de Salut qui se réalise dans l’histoire des hommes captifs de l’emprise du Mal.
L’injonction verbale « Effata ! », « ouvre-toi ! », fais résonner la parole du Christ non seulement à un niveau physique curatif de la personne mais lui communique en même temps un effet de grâce au niveau de son âme (en Dieu les deux réalités ne font qu’une) ; et nous devons bien nous persuader que le corps et l’âme en l’homme sont liés indissolublement.
Nous avons besoin sans cesse de nous retourner vers la lumière de Dieu pour proclamer ses merveilles, les merveilles que Dieu fait pour nous. Le vrai miracle n’est pas tant d’être guéri d’un mal physique que de se retrouver en relation immédiate avec le Seigneur, dans sa bienveillance qui vient restaurer son Alliance avec une humanité restaurée.
Nous devons être émerveillés au point de proclamer « Tout ce que Dieu fait est admirable, il fait entendre les sourds et parler les muets » car comme le chante le prophète Isaïe dans la première lecture « C’est Dieu lui-même qui vient jusqu’à nous pour vaincre notre ennemi, pour nous sauver ». N’ayons plus seulement la foi des païens ou même celle des Juifs, soyons des croyants dans le mystère du Christ qui vient nous toucher au plus profond de notre cœur !
L’important pour nous désormais est de demeurer dans la proximité du Christ, Verbe de Dieu, qui veut s’incarner spirituellement dans notre pauvreté d’homme. Chaque jour, Jésus cherche à nous toucher à travers les Écritures mais aussi à travers les autres auxquels il veut se laisser découvrir ; il veut nous toucher aussi intimement pour nous communiquer son Esprit de force et de sainteté à travers sa Présence ineffable sacramentelle qui est l’Eucharistie.
Frères et sœurs, soyez vraiment heureux et faites partager votre bonheur de pouvoir communier au corps du Christ, le pain de vie du Royaume car il nous permet d’être mystérieusement incorporés à lui et secrètement divinisés pour sa joie, pour notre Salut et pour celui des autres, pour l’adorer, lui rendre gloire en Esprit et en vérité.