Homélie du Dimanche 15 Juillet 2018

15ème dimanche du temps ordinaire – Année B

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, dans l’Évangile de ce jour, St Marc se préoccupe de nous fournir les traits essentiels de la physionomie du disciple.

Celui-ci, le disciple, est une personne qui est mise à part, qui est choisie, qui est séparée. C’est ce que veut dire le mot ‘Saint : séparé, mis à part.

Quand St Augustin, dans sa cathédrale d’Hippone s’adressait à ses fidèles en leur disant « Vous, les saints de Dieu », il ne signifiait pas par-là que ses auditeurs étaient des gens parfaits, impeccables, mais il leur signifiait, bien plutôt, par cette expression, que par leur baptême, par leur intégration dans l’Église catholique, ils avaient été mis à part, séparés du monde. Ce que dit St Paul dans son magnifique prologue de la lettre aux Éphésiens que nous avons entendu en seconde lecture :

« Dieu nous a choisi, dans le Christ, avant la fondation du monde pour que nous soyons Saints, immaculés devant lui dans l’amour »

Quelle magnifique perspective, frères et sœurs, que notre vie baptismale.

La première caractéristique du disciple, en terre chrétienne, c’est que l’appel de Dieu, le choix de Dieu, est antérieur à toute réponse de notre part. C’est ce que nous avons entendu dans la 1ère lecture du prophète Amos :

« Je n’étais pas prophète » répond-il à Amazias « j’étais bouvier, je soignais les sycomores mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau » ; comme le petit David, le dernier de la famille, qui va devenir roi d’Israël. « J’étais derrière le troupeau et le Seigneur est venu me chercher ».

C’est lui qui a pris l’initiative !

A l’inverse de que ce que nous pouvons souvent constater dans le monde, frères et sœurs ; dans l’Église, dans l’Église de Dieu, on ne s’auto proclame pas missionnaire, prophète, chef de communauté, ou père spirituel. On est d’abord appelé par le Christ, ensuite on est envoyé au nom du Christ par son Église.

Pour illustrer cela, frères et sœurs, le rite de l’ordination des diacres, et des prêtres est bien significatif. Au début de la Messe d’ordination, ceux qui vont être ordonnés diacres ou prêtres se tiennent à leur place et à l’appel de leur nom par l’évêque ou par son représentant, ils s’avancent devant l’évêque après avoir répondu « me voici », adsum, ils répondent à l’appel de l’évêque, qui, lui-même appelle au nom de l’Église, qui, elle-même appelle au nom du Christ.

Les 12 apôtres, frères et sœurs, choisis par Jésus, l’évangile nous montre comment Jésus, après avoir prié toute la nuit, les appelle par leur nom pour se mettre à sa suite : Pierre, André, Jacques, Jean, Barthélémy.

Pour devenir ses disciples les plus proches, puis pour vivre avec eux, et ensuite… mais ensuite seulement, pour les envoyer en mission. Avant de partir en mission aux quatre coins de l’univers, les apôtres vont vivre avec Jésus, ils vont devenir au sens propre du terme, les compagnons de Jésus. Jour après jour, ils vont l’écouter, ils vont lui obéir, se faisant même parfois sévèrement corriger par lui. Pensons aux apôtres repris par Jésus alors qu’en chemin, ils étaient en train de discuter pour savoir lequel d’entre eux aurait la première place dans le Royaume !

Oui, frères et sœurs, quand on reçoit une charge dans l’Église, quelle qu’elle soit, ce n’est pas à l’issue d’une campagne publicitaire « Votez pour moi ! ». C’est toujours un appel de celui qui exerce dans l’Église un mandat d’autorité. De même dans les monastères, lorsque les moines élisent un Abbé, il n’y a pas une campagne des frères avant en disant « Votez pour moi ! » – mais si ça se passe, c’est plutôt dangereux.

Rappelons que celui qui exerce un mandat d’autorité dans l’Église, demeure toujours lui-même un serviteur, un disciple.

Oui, frères et sœurs, on est disciples du Christ toute sa vie ! Rappelons-nous cette belle expression par laquelle le pape St Grégoire le Grand, au VIème siècle, définissait son ministère de successeur de Pierre, d’évêque de Rome : serviteur des serviteurs de Dieu.

Il nous faut toujours avoir présent à l’esprit, cette Parole de Jésus dans son discours après la Cène, au soir de ce que nous appelons le Jeudi saint : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi le Seigneur, qui vous ai choisis ».

Dès que nous oublions que l’autorité est un service, nous ne sommes plus dans l’esprit de l’Évangile et ceci est valable, non seulement à l’intérieur de l’Église où c’est un devoir, mais même dans la société civile, professionnelle, politique.

Toute autorité est un service !

Et la meilleure façon d’ailleurs de faire respecter son autorité, c’est de l’exercer comme un service ; dès que nous oublions que l’autorité est un service, nous ne sommes plus dans l’esprit de l’Évangile.

Oui, frères et sœurs, dans l’Église, on ne s’auto-proclame pas ! On reçoit une mission – petite ou grande, peu importe – qu’on accomplit en serviteur.

Des apôtres envoyés en mission, dans l’Évangile de ce jour, il est dit « qu’ils expulsaient beaucoup de démons ; qu’ils faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades (la source de notre actuel sacrement de l’onction des malades) ; et qu’ils les guérissaient ».

Si les apôtres, frères et sœurs, n’avaient pas été persuadés que c’était la force de Jésus en son Esprit Saint qui agissait à travers eux, ils seraient tombés dans une paranoïa démesurée. Leur action et leur Parole a porté du fruit et elle continue d’en porter aujourd’hui dans l’Église, parce qu’ils sont toujours restés des serviteurs du Christ.

C’est cette expression que St Paul, lui-même, emploiera dans l’une de ses épitres ; lorsqu’il veut signifier sa vie d’apôtre ; il dit « Moi, le serviteur du Christ ».

C’est son plus beau titre ; serviteur du Christ : ses lettres de noblesse.

Ce sont aussi les nôtres, frères et sœurs, qui, comme Paul et les apôtres, avons été baptisés dans le Christ. Et nous qui avons reçu au baptême et au sacrement de confirmation la marque de l’Esprit Saint, la Sainte Onction, le chrisma ; remercions le Seigneur de nous avoir fait la grâce immense du Baptême, d’avoir été mis à part pour proclamer les merveilles du Christ en gardant toujours l’Esprit du Christ : « Lui qui s’est abaissé prenant la condition de serviteur » comme dit Paul dans la lettre aux Philippiens.

Que ce dimanche, frères et sœurs, le Jour du Seigneur, nous affermisse dans notre foi en Jésus, l’unique Sauveur du monde, le Rédempteur du monde, notre joie et notre paix, Amen !

Historique de nos Homélies