Frères et sœurs bien aimés,
Le Salut annoncé aujourd’hui dans le Christ Jésus a été préparé depuis des siècles selon la proclamation des prophètes de la Première Alliance, et par l’attente remplie d’Espérance du peuple d’Israël dans sa partie la plus fervente et humble. À travers le prophète Isaïe, le Seigneur nous appelle à préparer le chemin. À préparer le chemin de Celui qui doit venir libérer et consoler pleinement son peuple, le peuple de Dieu. Au milieu d’une forme de désolation, à savoir : le désert, les terres arides, nous préparons la venue du Seigneur, la venue de son Christ qui se fait lui-même le Chemin.
Les lectures de la Messe de ce deuxième dimanche de l’Avent nous décrivent et nous introduisent à deux caractéristiques de l’Avent : préparer et attendre. Préparer le chemin du Seigneur ; attendre sa venue. Cette préparation prend la forme d’une consolation du peuple qui est accablé et affligé. Par une proclamation solennelle, par une action qui rend droit, et rectifie, afin de tracer droit, de tracer droit une route pour Dieu.
Il nous demande de combler les ravins, les niveler, c’est-à-dire : supprimer les injustices, toute forme d’injustice à l’intérieur de nous-mêmes et à l’extérieur dans la société. De raboter, d’abaisser les sommets, afin que la ligne d’horizon s’élargisse et donne à voir ce que le Seigneur veut donner à son peuple et à chacun de ses membres.
Car le Seigneur veut prendre soin de son peuple, et de fait il prend soin. Il vient lui-même parmi nous pour nous sauver, pour nous guérir, pour nous guider. Hier, dans la première lecture de la Messe (toujours du prophète Isaïe), le Seigneur s’exprime ainsi à travers le prophète : « Si tu suis les chemins du Seigneur, le Seigneur te guidera ; si tu dois aller à droite ou à gauche, Il te dira : « prends ce chemin ».
Le prophète nous dit : « Voici votre Dieu ». Il est comme un berger – ce thème du berger qui traverse toute la Bible – le Seigneur veille comme un bon pasteur, un bon berger, non seulement sur l’ensemble du troupeau mais aussi sur chacune des brebis, et sur les agneaux les plus faibles, les plus fragiles ; et le texte nous dit qu’il prend ses agneaux en les pressant sur son cœur. Ce cœur du Christ qui nous aime, ce cœur qui est transpercé par la lance du soldat et d’où jaillissent le sang et l’eau, sources uniques de la vie : de la vie en Dieu.
Le psalmiste s’adressait au Seigneur, lui demandant, et nous avec lui : « Fais nous voir ton amour et donne-nous ton salut ». Oui, frères et sœurs, le Seigneur nous a montré son salut et son amour tout au long de la révélation. Il a payé le prix le plus fort, le prix de la Croix ; cet amour n’est pas désincarné, cet amour est incarné ; Jésus a vraiment souffert, il est mort sur la croix puis ressuscité mais il a souffert et il est mort, ne l’oublions pas.
Il montre cet amour et cette présence, encore aujourd’hui et toujours, par le fait de demeurer parmi nous, par sa présence permanente, parmi nous ; Dieu n’est pas loin, il est l’Emmanuel : « Dieu avec nous ».
Il se manifeste à nous notamment par les sacrements. Et de façon unique dans l’Eucharistie, dans le mystère de l’Eucharistie ; ce mystère que nous ne finirons jamais de contempler ici-bas et dans l’éternité, où l’Eucharistie ne sera plus présente mais c’est la réalité de l’Eucharistie, c’est à dire le Christ offert en permanence à la gloire de son Père et pour le Salut du monde.
Si le Seigneur nous demande de préparer le chemin pour sa venue, il nous somme d’attendre ; le Seigneur emploie des impératifs. Une attente nourrie par l’espérance des biens à venir – du Bien à venir et des biens déjà donnés – l’espérance de l’accomplissement de sa Parole. L’apôtre saint Pierre nous dit dans sa deuxième lettre : « …pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse ». C’est le rapport du temps avec l’éternité et du développement du Salut dans l’histoire humaine.
Et Pierre précise : « le jour du Seigneur viendra comme un voleur ». Pierre reprend ainsi les paroles de Jésus qui compare sa venue – c’est la parousie, sa dernière venue – au jaillissement de l’éclair dans l’orage.
Oui, il y aura des signes de la venue du Seigneur et en même temps sa venue sera immédiate, universelle. Alors là, il y aura un changement, un bouleversement, où l’univers, le cosmos, sera ressaisi par Dieu dans une transformation totale, étonnante, universelle, que rien ni personne ne pourra contenir ou arrêter. Alors, se réalisera ce que nous attendons : un ciel nouveau et une terre nouvelle. Dieu crée toujours du nouveau, Dieu est toujours devant nous, jamais à l’arrière. Cette terre nouvelle où résidera la justice selon Dieu : c’est l’image de la Jérusalem céleste qui nous attend, et dont Dieu est l’architecte et le bâtisseur, nous dit l’auteur de l’Épitre aux Hébreux. Là où se trouve ce que Jésus nous promet : les nombreuses demeures qui nous sont préparées par notre Père du ciel.
Dieu nous attend. La mort n’est pas le dernier mot. Dieu nous attend ! Par le passage de la mort, nous allons vers notre demeure définitive… le cimetière, les cimetières, sont des lieux temporaires pas définitifs.
Cette attente qui suppose une patience, ce qui veut dire : il faut pâtir ! Une patience et une vigilance, c’est-à-dire : une fatigue à veiller, à être attentif, à être présent à ce qui se passe à l’intérieur de soi, proche de chez soi, et dans le monde. Oui, cette attente qui suppose la patience et la vigilance, qui permet de faire des choix radicaux, d’écarter tous les péchés. Nous avons un choix radical à faire : tout ce qui nous éloigne de Dieu doit être tranché de façon immédiate et définitive. On ne discute pas avec le Mal, avec nos complicités intérieures avec le Mal.
Oui, écarter tout péché, tout défaut, et de vivre dans la Paix donnée par Jésus, et dans sa Joie.
Par l’annonce et la proclamation du Précurseur du Christ, son cousin, Jean, dit « le baptiste », cette attente commence à voir son accomplissement. Jean prépare le peuple et ses élites. Toute la Judée, et Jérusalem, venaient se faire baptiser. Pour un Juif pieux, l’idéal c’était de vivre – et c’est toujours le cas – de vivre en Judée, et si possible à Jérusalem. Jean témoigne par sa propre vie et son martyre à l’âge de trente ans. Il annonce Celui qui vient après lui : Jésus. Jésus de Nazareth, connu comme Fils de Joseph, héritier et descendant du roi David, c’est-à-dire en droit : roi d’Israël, roi des Juifs, qui est nommé aujourd’hui Roi de l’univers.
Jésus, Dieu fait homme, Dieu parmi nous ; pourquoi ? Afin que l’homme, tout homme, devienne participant de la nature divine. C’est le mystère de la rédemption et de la ressaisie, le Salut que Dieu nous propose. Dieu veut nous sauver et nous déifier, nous diviniser ; ce que Adam et Ève voulaient saisir en prenant le fruit défendu, nous le recevons de la main de Dieu. Dieu nous demande simplement de recevoir, et non de saisir les choses.
Rempli de l’Esprit Saint dans son humanité Sainte, Jésus nous communique cet Esprit Saint qu’il partage avec le Père.
Frères et sœurs, notre vie présente, notre vie ce matin, se déroule donc comme enracinée dans le Christ, bâtie dans le Christ, conduite par l’Esprit Saint, pour accomplir l’œuvre de Salut du Père, manifestée aussi par une charité fraternelle active qui témoigne en vérité de cette Alliance avec le Dieu vivant.