10ème dimanche du Temps Ordinaire – Année B
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur
Le style oral a été conservé
Frères et sœurs bien aimés, nous voici en ce dimanche avec des textes riches de sens et d’orientation pratique pour notre vie ordinaire.
Tout d’abord la 1ère lecture nous indroduit dans le récit biblique de la faute originelle. Plus précisément sur les effets de cette faute, les conséquences de la faute originelle.
Nous constatons un désordre engendré par ce séisme du péché originel. Si l’homme, si l’être humain garde l’image de Dieu, il perd, avec cette faute, sa ressemblance avec lui. Sa relation est cassée. L’homme créé à l’image de Dieu est marqué par la relation à l’image des relations trinitaires, mais la relation est touchée par la faute originelle à trois niveaux : la relation de l’homme avec Dieu, avec soi-même et avec son semblable.
La qualité de la relation humaine est altérée, est défigurée. De la confiance en Dieu, l’homme passe à la défiance ; il doute de la bonté de Dieu ; il tombe dans la suspicion.
L’être humain tombe dans la peur : peur de Dieu, peur de soi, peur des autres, peur de tout et de tous.
Le sacrement de baptême enlève le péché originel qui affecte tout être humain. Le péché, ce péché-là, est un péché personnel pour ceux qui l’ont commis, mais est un péché antitatif, c’est-à-dire un péché qui touche la nature humaine et implique une rupture avec Dieu ; c’est l’un des motifs du baptême des petits enfants.
Le baptême enlève, donc, le péché originel et les péchés personnels pour ceux qui sont baptisés à l’âge adulte, mais le baptême n’enlève pas les conséquences du péché originel ! Ce qui implique un combat, un combat spirituel de toute la vie et de tous les instants pour demeurer dans la lumière et la vie trinitaire.
Et le pape François, dans sa dernière exhortation apostolique sur la sainteté, insiste sur ce combat qui va durer toujours, jusqu’à notre entrée au Ciel.
Il reste en l’être humain une force, une tendance, une orientation vers le Mal, ce qui est appelé habituellement le fomes Peccati (le foyer de concupiscence, le foyer de péché). Cet état, cette tendance, ne sont pas des péchés mais comme une prédisposition à être attiré par ce qui est tordu, par ce qui est mal. Donc notre nature humaine, qui n’est plus une nature pure et droite même si elle est ontologiquement bonne – c’est-à-dire créée par Dieu et voulue par Dieu – demande à être sauvée, corrigée, fortifiée et sanctifiée.
Notre vie humaine est donc une vie de combat, non une tension insupportable, physique ou psychologique ; mais plutôt comme une vigilance, une attention sans tension pour réorienter et redresser notre pensée et notre agir, à l’exemple d’un radar qui capte constamment les satellites pour garder le cap et aller au bon port… et par mauvais temps, demande beaucoup plus d’énergie et de persévérance.
Ce combat pourrait se définir comme une passivité active ; c’est-à-dire « être et demeurer enraciné en Jésus » comme dit St Paul ; et tout attendre de lui qui nous communique la force de son Esprit Saint pour nous conduire au Père.
Mais en même temps une exigence de vie, avec une douce fermeté, pour rejeter consciemment et par amour les tentations et les sollicitations du Démon.
Comme nous le rappelle souvent le Pape François, suivant toute la tradition de l’Église universelle d’Orient et d’Occident : le Démon, appelé aussi « Diable » (celui qui divise) ou Satan, est un être réel, personnel, spirituel, perverti, et cherchant à pervertir les autres, et entrainer l’humanité à sa suite.
Il va appuyer de toutes ses forces, et nous tenter sur les faiblesses et tendances naturelles, qui ne sont pas démoniaques, mais qui vont plonger sous les assauts de l’adversaire ; et nous faire ployer sous ses efforts pour nous faire tomber, nous salir ou nous troubler.
Ce sont les trois techniques du Diable… quand il ne peut pas casser ou défigurer, il veut salir ; et quand il peut ni casser, ni salir, il veut troubler !
Quand nous recevons l’Esprit Saint, l’Esprit Saint nous apporte la paix, la joie, la charité, la confiance dans les autres, la bonté, la magnanimité, la douceur et la maitrise de soi.
C’est à cela qu’on peut discerner la différence entre les esprits.
D’où dans ce combat, frères et sœurs, la nécessité de recourir à la prière fréquente, à la lecture de l’Écriture Sainte, la Bible, de se nourrir des sacrements : de l’eucharistie et de pénitence. La pénitence qui est là pour nous relever de nos fautes, mais aussi et peut-être plus encore, de nous donner cette délicatesse d’âme pour être réceptif aux motions de l’Esprit Saint et recevoir l’Eucharistie avec dignité et plus de fruits.
Nous sommes donc invités à mieux nous connaitre pour avancer avec lucidité et sérénité dans la lutte pour une vie pleine et belle. Et pour cela nous avons besoin de l’aide d’un autre : ce que nous appelons l’accompagnement spirituel, la paternité spirituelle ou du moins le conseil spirituel ; afin d’être éclairés et de discerner avec un tiers dans la foi.
Mais aussi nous sommes appelés à discerner la qualité de nos relations humaines avec cette acuité qui nous permet de discerner le bien et le mal. Nous devons aimer tous les hommes, sans exception !
Mais nous devons aussi savoir renoncer ou rompre promptement avec certaines relations qui nous entrainent au mal, ou qui pourraient nous conduire au mal, selon la troisième promesse du baptême : « renoncez-vous à ce qui conduit au Mal ? Oui, je le rejette ! »
Certaines intentions, avec une pseudo charité, peuvent nous conduire aux portes, sinon au fond de l’Enfer !
Les commandements de Dieu ne sont pas facultatifs !
Les commandements de Dieu ne sont pas des conseils !
Mais des commandements : des actes à faire ou à rejeter ; cela ne varie pas selon l’humeur du temps, ou nos sentiments, ou nos idées fixes !
Sur ce chemin de la vie véritable, nous pouvons et nous pourrons toujours compter sur le Seigneur Jésus. Toujours présent à notre existence, quel que soient les circonstances ; et toujours prêt à nous accueillir, nous éclairer, nous pardonner, nous réconforter, nous relever. Toujours prêt à nous donner sa vie avec une abondance sans égal, quel que soit le passé ou le passif !
Et cette proximité du Seigneur, non seulement nous éloignera du Mal et du péché, mais plus encore et surtout, nous rendra familier de lui, comme une mère, une sœur, un frère ; il deviendra alors notre frère, notre confident, notre ami, comme il est aussi notre Seigneur et notre Dieu, notre Sauveur !
Notre vie deviendra alors, frères et sœurs, une aventure, une véritable aventure, merveilleuse ! Où chaque jour, où chaque nuit, sera une avancée sur le chemin lumineux et joyeux – au cœur même des difficultés, des défis, des tracas – qui seront alors vécus, non plus comme un fardeau insupportable, mais autant de buches de bois à mettre dans la cheminée de notre vie intérieure pour alimenter le feu de l’Amour,
Amen !