Homélie du Dimanche 10 Novembre 2019
32ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Frères et sœurs, ce dimanche nous apporte une réponse à la grande question que nous posons tous : quelle sera notre vie après la mort ?
La semaine dernière, déjà, quand nous commémorions après la Toussaint, les défunts du Purgatoire, alors que nous avions prié pour leur âme : que leur âme parvienne plus vite au Royaume céleste, nous aurions pu méditer, alors, sur la première lecture de l’Ancien Testament de ce jour qui relate ces jeunes gens martyrisés atrocement au 1er siècle avant le Christ, à cause de leur fidélité à la pratique de la loi mosaïque, expression de la Parole de Dieu.
Les sept frères martyrs ont témoigné qu’il fallait mieux mourir par la main des hommes plutôt que de transgresser les lois du Roi du monde : ce Roi du monde qui promet la résurrection pour la vie éternelle à ceux qui croient en lui.
Cette conviction de la résurrection est fondée, déjà avant le Christ, sur la promesse d’un au-delà supérieur à la vie d’ici-bas toujours éphémère. Si nous cherchons comment ils sont arrivés à une telle cohérence dans l’application concrète de leurs convictions, nous remarquons que cela tient certainement au contexte de persécution qui sévissait alors à l’encontre des pratiques de la religion d’Israël. Leur fidélité n’a pas débuté lorsqu’ils ont été amenés devant le roi Antiochus mais depuis leur tendre enfance, en famille, ils avaient choisi de rester fidèle et d’accepter les risques que cela pouvait comporter. Nous dirions aujourd’hui qu’ils étaient des croyants engagés, des jeunes gens droits et craignant Dieu.
Quel contraste avec nous qui vivons dans un monde qui tend à abolir et rejeter bon nombre de valeurs spirituelles. L’opposition de notre monde à la foi chrétienne est plus difficile à déceler que pour ces sept frères martyrisés parce qu’elle se trouve justifiée par l’usage contestable des progrès opérés par la science et l’influence sociologique des mass-médias. Sans parler de l’amenuisement de l’autorité du discours de l’Église, et le manque d’éléments porteurs de la liturgie trop référencié au contentement des fidèles qu’à l’élévation des âmes vers Dieu dans la prière.
Tout cela provoque et accroit les difficultés ‘dans la difficulté’ à croitre dans la foi, si nous ne sommes pas suffisamment vigilants et courageux dans notre fidélité concrète qui comporte toujours des renoncements à faire par rapport à la mentalité du monde. Alors deviendra peu à peu, impossible de croire à la résurrection ! Cette résurrection pourtant déjà réalisée dans, et par, le Mystère du Christ. Cette foi doit donc être le résultat d’une sagesse de vie soutenue et encadrée par une prière persévérante, beaucoup plus que par l’aboutissement d’un raisonnement intellectuel.
St Paul l’avait compris quand il encourageait les Thessaloniciens à prier pour que nous soyons délivrés des hommes égarés et mauvais, « car, souligne-t-il, la foi n’est pas donnée à tous ». La foi se fragilise au contact répété avec le monde païen, ambiant ; et cela peut-être plus qu’à d’autres époques de notre histoire. Nous sommes la proie des influences contraires à la pensée judéo-chrétienne qui trouve son accomplissement dans le Mystère du Christ et sa Croix glorieuse.
Mais avant d’en arriver à cette fin, recevons dans la foi, à notre niveau, la double réponse de Jésus à ses contradicteurs Sadducéens. D’abord, il existe un changement de condition entre la vie de ce monde terrestre et celui de la vie du Ciel. Quand les morts ressusciteront, ils seront semblables aux anges. Ainsi sont-ils sortis des lois de la biologie où tout se pense en termes de transformation, de remplacement dans la temporalité caduque : ils sont devenus fils de Dieu ; leur vie humaine participe désormais à la vie de Dieu.
Pour parler de l’au-delà, de la mort, il n’est pas possible de le faire en partant simplement de notre vie terrestre. Il s’agit de toute autre chose. Cette première réponse peut paraitre négative ; aussi Jésus ajoute-t-il devant les Sadducéens une référence au Livre de la Genèse et de l’Exode auxquels ils se cantonnent. Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob, n’est pas un Dieu des morts mais des vivants car tous vivent pour Lui !
Voilà une parole tout à fait fondamentale qu’il nous faut inscrire au profond de notre cœur. Dieu est vivant parce qu’il est le Dieu vrai, unique, par qui toute chose subsiste. C’est Lui la réalité absolue, qui a créé le ciel et la terre, les eaux mouvantes et même les abîmes ténébreux, d’après les premiers versets de la Genèse.
Nous pourrions ajouter d’après les Paroles mêmes de Jésus : ce Dieu créateur est capable de faire toutes choses nouvelles car, si nous serons comme des anges, nous serons dispensés de manger, de boire, de dormir et d’engendrer.
Notre corps sera complètement assumé par l’Esprit de Dieu… transformé ! En sorte que nous vivrons de la vie de Dieu !
Nous serons fils de la résurrection, associés à la gloire du Christ, comme faisant partie, par la grâce de Dieu, du plérome de son Corps ressuscité.
À quelle action de grâce ne sommes-nous pas invités, en ce dimanche d’automne… sachant qu’un jour prochain nous vivrons libérés des contraintes et des contrariétés de la vie présente et des influences du Malin.
Oui, avec St Paul, nous mettons en Dieu notre confiance et cela nous conduit à la perfection de l’Amour, bien sûr par la persévérance dans l’attente de la venue du Christ lui-même.