Homélie du Dimanche 11 Août 2019

19ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs, toute la prédication du Christ dans l’Évangile est centrée sur l’avènement du Royaume.

Il est présenté sous une pluralité d’images à travers des paraboles, parce que le Royaume ne ressemble pas aux royaumes de la terre. Sa description demeure analogique au gouvernement qu’imaginent les hommes. Ainsi est-il déclaré comme « très proche » ou même « déjà arrivé » ; « qu’il est parmi nous » ; « qu’il est en croissance », bien qu’on ne peut le voir.

Avec St Luc aujourd’hui, Jésus, va, semble-t-il, un peu plus loin en disant « qu’il nous est donné ». Il est mis à notre disposition, si du moins, nous nous comportons comme des pauvres à son égard ; car on ne peut se l’accaparer.

Le Royaume, ici, est mis en relation avec les Béatitudes que nous connaissons. Ce sont elles qui nous incitent à imiter l’attitude que Jésus a manifesté tout au long de son ministère public avec ses apôtres. Il semble que l’Église, en ce dimanche d’été, nous appelle, avec les autres lectures, à développer l’objet de notre espérance du Royaume au moyen de l’exercice de notre foi.

Déjà dans l’ancienne Alliance, la foi n’était pas privée de toute garantie, par exemple la réalisation de la délivrance pascale était connue d’avance, la promesse au roi David comme aussi la prédiction des prophètes pour l’exil et sa durée. Tout croyant un peu attentif reçoit de pareils signes et en fait mémoire à la louange de la gloire de Dieu. C’est cela que nous assure le Livre de la Sagesse en première Lecture ; mais nous avons mieux aujourd’hui : avec la seconde lecture, au chapitre XIème de l’Épitre aux Hébreux, qui nous donne de méditer sur le comportement de ces grands hommes de foi que nous rapporte l’Ancien Testament. Ainsi les patriarches n’ont pas été l’objet d’illusions puisqu’un peuple est né d’une réponse prolongée durant plusieurs générations.

Cette foi s’objective à travers une fidélité éprouvée, à une proposition de Dieu renouvelée au long de l’histoire. L’Épitre aux Hébreux nous propose une double définition de la foi. D’une part, elle est une manière de posséder ce que l’on espère selon les promesses que Dieu nous révèle ; d’autre part elle est un moyen de connaitre les réalités qu’on ne voit pas, mais qui sont pourtant bien réelles, puisque c’est d’elles qu’adviennent les choses visibles, comme nous le dit ailleurs ce même écrit inspiré.

La foi judéo-chrétienne met donc en valeur des faits extraordinaires qui ont valeur de signe ; non pas en eux-mêmes mais dans le contexte où ils sont, l’histoire des hommes.

Notre aventure terrestre est enveloppée et soutenue par la pensée de Dieu sur nous ; des pensées qui nous disposent à le reconnaitre. Depuis la création du monde, son projet divin se déroule à notre insu, bien souvent. Ce qu’apporte la foi, c’est donc non seulement qu’elle nous donne un sens à notre vie, mais encore qu’elle nous pousse à agir, à prendre des décisions, d’apparences parfois même déraisonnables aux yeux du monde, parce que Dieu nous offre invisiblement sa grâce.

St Irénée, évêque de Lyon au IIIème siècle, disait que « la foi est un savoir supérieur ». Il l’appelait d’ailleurs « la gnose véritable » par rapport aux fausses gnoses de son temps, aux gnostiques. Et qu’on pourrait étendre aujourd’hui à tous les gnostiques de notre temps, aux agnostiques de la libre pensée. Entendons-nous bien : ce savoir ne vient pas des hommes, même de sa tradition ; il nous est communiqué par la Parole même de Dieu.

Cette Parole, souvent dérangeante à notre raison, doit être pleinement acceptée à l’exemple de la Vierge Marie, dans la confiance. La foi en Dieu nous donne non seulement une conscience subjective mais encore une assurance objective, car Dieu infuse en nous les réalités invisibles fondamentales qui sont sources de lumière et de force. Aussi la même Épitre, à partir de l’exemple des patriarches, proclame que la foi nous obtient d’obéir à Dieu. Il nous découvre ainsi sa volonté ; nous correspondons à cette volonté. Cette volonté, nous le savons, est finalement que son règne advienne sur la terre.

Nous croyons de plus en plus que les vérités nous sont révélées et que Dieu ne se trompe pas mais nous affermit dans sa lumière et son Amour.

Dans cette perspective de la foi, nous nous mettons au côté de ceux qui, dans les paraboles de Jésus, attendent le retour de leur divin maitre. Nous gardons notre tenue d’humbles serviteurs, mais nous restons éveillés. Nous demeurons fidèles aux grands principes de justice, de bonté, car nous avons l’assurance que l’Esprit Saint travaille dans le secret des âmes de tout homme de bonne volonté. La foi touche directement l’intelligence et entraine ensuite la volonté mais elle touche aussi notre mémoire, et cela nous sert d’appui à notre dynamique de vie.

L’homme de foi ressent ainsi de plus en plus que le temps se déroule face à l’éternité ; et que les taches terrestres les plus humbles se trouvent ennoblies par le Mystère du dessein de Dieu qui s’accomplit dans le monde en gestation de vie nouvelle.

Nous découvrons bien l’utilité de la recommandation de veiller que nous donne aujourd’hui Jésus dans la parabole, de vivre en présence du Seigneur qui nous sert ; et nous respectons ce Don de Dieu

Soyons donc semblables à ces gens de l’évangile qui attendent la venue du Seigneur, Lui qui sait ce qu’il faut faire, Il le réalisera comme cela doit être.

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