Homélie du dimanche 11 novembre 2018
32ème dimanche du temps ordinaire – Année B
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur
Le style oral a été conservé
Frères et sœurs bien aimés, le récit évangélique de la pauvre veuve dans le Temple nous renvoie à notre propre générosité, non seulement au niveau économique, matériel, mais encore plus profondément, au niveau de notre vie humaine dans son sens le plus étendu et le plus profond.
Cette femme est veuve et apparemment sans enfant, elle est donc dans la société de son temps comme marginalisée et mineure au niveau social. Elle est pauvre ; elle vit avec peu, avec très peu. Mais, c’est elle qui donne le plus dit Jésus car elle donne tout ! Et tout par amour.
Elle le fait sans contrainte et sans rechigner. Même si c’est très peu au niveau quantitatif, elle donne tout en réalité… tout ce qu’elle a ! C’est-à-dire sa vie. Elle se donne elle-même !
Donc elle donne plus que tous les autres !
Frères et sœurs, nous aussi à la suite de cette sœur ainée dans la foi, Jésus nous invite à tout donner et à nous donner, à nous donner entièrement, sans réserve, sans peur. Nous avons toujours peur de perdre, peur d’être sans sécurité !
C’est ce que Jésus attend de nous ! Lui, le Christ Seigneur s’est offert en oblation à son Père par amour pour nous sauver. Notre réponse, la cohérence de notre vie implique nécessairement ce don total de réciprocité : aimer, c’est donner ! C’est se donner par amour de l’autre et des autres. Certes, et ce n’est pas restrictif, cette femme est seule et donc libre de gérer sa vie selon les désirs les plus fous et les plus amoureux envers Dieu et envers le prochain !
Un père de famille ou une mère de famille ne peut pas mettre sa famille en péril dans la misère sous prétexte que Dieu pourvoira ! Sauf cas exceptionnel et discerné, la vertu de prudence dispose à éviter la présomption et la tentation de mettre Dieu à l’épreuve. Satan disait à Jésus « Jette toi en bas, les anges t’aideront, t’assisteront ! »
En valeur absolue, Dieu peut tout et envoyer ses anges afin de ne pas être blessé, mais en valeur relative et ordinaire, il ne le permettra pas, laissant les lois de la nature agir, et pour nous, finir à l’hôpital.
Ce qui est visé dans ce récit, c’est la nature de l’agir de cette femme. Cette femme donne tout dans la condition qui est la sienne. Nous aussi aujourd’hui, donnons-nous entièrement et par amour au Seigneur Jésus.
Ce qui ressort aussi de ce récit évangélique, c’est le contraste entre les donateurs bruyants et généreux mais qui donnent du superflu, et le caractère inaperçu et silencieux de la pauvre veuve et de son geste. Dieu seul le voit. Même les apôtres n’ont pas fait attention. Seul le Seigneur Jésus connait les cœurs au-delà des apparences, au-delà du paraitre.
Permettez-moi de raconter une anecdote : il y a quelques années, un supérieur général d’ordre est à New-York et avait fait une demande d’aide pour une œuvre caritative ; et il est reçu en grande pompe dans un hall américain tout à fait bien aménagé ; et une actrice de cinéma vient dans sa limousine faire un don solennel sous les flashs des journalistes et des caméras et lui donne solennellement une enveloppe. La soirée se passe et le Père rentre dans sa résidence, et là il ouvre l’enveloppe où il y avait 50 $… Évidemment ces 50 $, c’est-à-dire 40 €, ne sont pas négligeables mais est-il nécessaire de convoquer la presse pour faire si peu de choses ?
Alors peut-être soyons miséricordieux, cette dame avait des difficultés ophtalmiques… ou bien s’est trompée mais cependant objectivement le déplacement n’en valait pas vraiment la peine !
« Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite » dit Jésus « Et ton Père qui voit dans le secret te le rendra »
Agir avec discrétion et en vérité.
Alors d’une façon ou d’une autre la lumière jaillira et les hommes rendront gloire à Dieu pour sa miséricorde et ses merveilles qu’il réalise à travers et par ses amis et ses proches, ceux qui se laissent conduire par lui, et celles qui répondent à son amour comme St Martin.
Pour nous, frères et sœurs bien aimés, demeurons dans une attitude de confiance et de pauvreté… et de confiante pauvreté ; vivant dans le réalisme de la foi et à l’aune, à l’horizon de l’éternité ; obéissant chacun et chacune à la Parole de Dieu, et à la réalité de la vie et du quotidien pour nous et pour nos frères et sœurs en humanité.
En ce jour où nous fêtons St Martin de Tours, imitons sa foi et son agir. S’il n’a donné que la moitié de son manteau au pauvre dans le froid dans la ville d’Amiens, c’est que l’autre moitié appartenait à l’état, à l’armée ; il ne pouvait donner ce qui n’était pas à lui.
Certains risquent d’être très généreux avec l’argent des autres !
Mais il a donné ce qu’il pouvait. Et il s’est donné à Jésus et au pauvre tant sur le plan matériel que sur le plan pastoral en tant qu’évêque pour le Salut des âmes.
Pour agir ainsi frères et sœurs, nous devons être unis à Jésus de manière indéfectible jour et nuit.
Être uni au Christ en permanence, c’est possible. C’est la vie chrétienne ordinaire, la sainteté ordinaire. Être unis à lui ! Demandons cette grâce les uns pour les autres.
Le Pape St Grégoire le Grand, au début du VIIème siècle, écrivait et décrivait la vie de St Benoit de la manière suivante :
« Il habitait avec lui-même sous le regard du Suprême témoin ».