Homélie du Dimanche 12 Août 2018

19ème dimanche du temps ordinaire – Année B

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, ce deuxième dimanche d’août de l’année liturgique B, l’Église poursuit sa méditation sur la partie centrale du grand discours de Jésus sur le pain de vie, au chapitre VIème de son évangile.

Dimanche dernier, Jésus déclarait qu’il était « Le pain de Dieu descendu du ciel pour donner la vie au monde. »

Cette déclaration heurtait les représentants de l’autorité juive, alors qu’ils étaient capables de saisir l’interprétation traditionnelle de la Bible. Celle-ci peut s’illustrer dans le verset bien connu du Deutéronome que Jésus reprendra lors de la tentation diabolique « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Le Christ reprend donc le symbolisme de l’Écriture qui compare la nourriture spirituelle à du pain ! Il prend alors l’exemple mémorable du miracle de la manne qu’avaient mangé les Hébreux dans le désert, lors de leur exode vers la terre promise. Par-là, il veut les entrainer à une compréhension de l’accomplissement des Écritures qu’il réalise en tant que Messie venant d’en haut. C’est pourquoi il tient à préciser que ce prodige effectué en raison de leur situation alors précaire, ne provenait pas de la puissance de Moïse mais bien de la bonté de Dieu !

À travers cet évènement extraordinaire – qui dura, ne l’oublions pas, quarante ans – le Christ veut leur rappeler que c’est Dieu qui a l’initiative et qu’il prend soin de son peuple en état de faiblesse.

La première préoccupation de l’homme ici-bas est, certes, de sustenter son corps ; mais cette activité, terre à terre si on peut dire, a une signification plus haute à laquelle elle se trouve liée par la prière, l’action de grâce dans la foi, car Dieu veut nourrir l’homme en sa totalité, c’est-à-dire avec sa spécificité de créature spirituelle. Plusieurs fois dans l’Évangile, Jésus insiste sur cette réalité ; par exemple, en disant : « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? ».

Comme souvent lors des controverses avec les pharisiens, le Christ ne répond pas directement mais revient en arrière de son discours afin d’essayer de les hisser du niveau naturel au niveau surnaturel, pour avoir une interprétation des faits que Dieu a réalisé dans l’histoire. Ainsi, dit-il : « Tous ceux que le Père me donne, viendront à moi » ; puis devant eux encore il a l’audace de proclamer « Nul ne peut venir à moi si mon Père qui est aux cieux ne l’attire ».

Jésus tente de leur dire par là que Dieu respecte la liberté de tout homme. Dieu le Père ne contraint personne à croire mais il les sollicite par des signes pour obtenir une réponse. Or ils viennent d’être témoins du grand signe de la multiplication des pains qui rappelle évidemment les miracles de la manne. Les Juifs se trompent donc en ne voulant pas reconnaitre la puissance de Dieu dans le geste significatif qu’il vient de réaliser. Il est notable que dans ce passage où le Christ s’identifie au pain venu du ciel, par trois fois, il répète le verbe « être » qui est le verbe propre au nom de Dieu révélé à Moïse. Mieux encore de façon plus explicite, juste après, Jésus cite un verset du prophète Isaïe « Ils seront tous instruits par Dieu lui-même ! », et c’est alors que, solennellement, il ajoute « Tout homme qui écoute les enseignements de mon Père vient à moi » ; et comme pour sceller ses Paroles, il ose déclarer « Personne n’a jamais vu le Père sinon celui qui vient de Dieu » ; ces Paroles magistrales nous renvoient au prologue de l’évangile de st Jean qui écrit en grec « Le logos de Dieu s’est fait chair et il a demeuré parmi nous » ; ce logos est traduit en latin par le ‘verbe’ et en français par la ‘parole’.

Ce qui revient à énoncer la lumineuse correspondance « Le pain vivant descendu du ciel, c’est la Parole de Dieu incarnée ».

Le Christ est bien celui qui vient combler la faim métaphysique et spirituelle de l’homme ; c’est lui qui, par le moyen de notre foi en lui, nous communique la lumière et la vie véritable. Ainsi sans le dire explicitement mais en employant le langage symbolique de l’Écriture, Jésus nous enseigne comment il nourrit le monde ! Alors qu’on lit une Parole et qu’on essaie de la saisir intellectuellement pour y conformer notre vie… le pain à manger, lui, offre un processus d’assimilation pour la compréhension théologale de l’enseignement de Jésus.

Jésus nous dévoile ainsi que par la foi, Dieu intervient lui-même à l’intime de notre personne en vue de la transformer radicalement, et cela par son Corps et dans son Corps.

Nous le savons maintenant, nous baptisés, cela s’opère sacramentellement, à travers le rite sacré de la manducation eucharistique qui doit s’effectuer avec un grand respect, dans l’adoration et l’action de grâce.

« Si quelqu’un mange de ce pain », conclut Jésus, « il vivra éternellement ! ».

Remarquons donc pour finir que dans cette phrase merveilleuse, Jésus emploie le futur, certainement pour évoquer sa passion et sa croix, qui expriment le Don extrême, qu’il fera de lui-même pour le Salut de tous.

Que cette célébration eucharistique nous aide à pénétrer davantage dans le mystère du Don de Dieu pour tous les hommes.

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