Frères et sœurs bien aimés
nous voici rassemblés dans la chapelle du monastère, en ce dimanche matin, pour écouter et mettre en pratique dans notre vie la Parole du Seigneur, qui vient éclairer et guider nos pas sur le chemin qui nous mène au Royaume du Fils de son amour, comme le dit saint Paul dans l’Épitre aux Colossiens, à savoir, le Seigneur, le Christ Jésus.
La Parole qui vient nous solliciter en ce sixième dimanche du Temps Ordinaire est une parole de vie, une parole forte et nourrissante. Cette Parole nous parvient par le texte inspiré, tiré de plusieurs livres de la Bible, et annoncée avec autorité dans la célébration liturgique de l’Église, cette Église qui est notre Mère dans l’ordre de la vie surnaturelle.
Cette Parole a une double particularité : tout d’abord, elle provient de Dieu lui-même. Le Seigneur s’adresse à nous au fil des siècles à travers différentes personnes, à travers l’Écriture Sainte. Cette Parole s’adresse à toute l’humanité à partir d’un homme, Abraham, et à partir du peuple d’Israël ; puis à la plénitude des Temps, en son fils né de la Vierge Marie, ce Fils bien aimé qui est la Parole faite chair, afin de vivifier notre humanité pour la ramener à Dieu son Père, dans l’Esprit Saint.
Cependant, cette Parole s’adresse à un peuple : le peuple des croyants. Dans la première Alliance avec le peuple juif (qu’on appelle “l’Ancien Testament”, testament voulant dire « Alliance »), le salut vient des juifs, comme nous dit Jésus, puis en Jésus dans la personne même de Jésus, et par son Église comme plénitude des moyens de Salut ; avec l’Alliance définitive, avec cette Alliance éternelle, comme nous le disons dans la prière eucharistique, dans la Personne même du Christ Jésus, vrai Dieu et vrai homme, unique médiateur entre Dieu et les hommes, Lui le grand Prêtre par excellence et le Pasteur des brebis et de tous les fidèles.
La Parole qui nous est donnée dans la liturgie de ce dimanche, vient nous provoquer, et attend une réponse de notre part ; une réponse non seulement vocale, labiale, mais plus encore une réponse existentielle, d’engager notre vie. Le point de jonction des textes que nous venons d’écouter se situe entre trois termes, à savoir : la Parole vivante de Dieu qui nous appelle, qui s’adresse à nous, puis notre liberté qui est sollicitée, et enfin l’œuvre de la grâce divine qui agit dans notre âme, dans notre cœur, dans notre esprit et notre intelligence. Ce point de jonction demeure en partie un mystère que Dieu seul connaît dans sa profondeur et sa plénitude.
St Jean nous dit dans sa Première Lettre : “Si ton cœur vient à te condamner, Dieu est plus grand que ton cœur, et il connaît toute chose”.
Mais ce point de jonction qui vient nous rejoindre en profondeur, nous permet de nous situer en conscience et en vérité devant la Parole vivante de Dieu, cette Parole qui scrute les cœurs et les reins de tout être humain, de toute réalité, et qui est plus efficace et effilée qu’une épée à double tranchant.
Frères et sœurs, la Parole du Seigneur nous appelle : “Veux-tu ? Choisis ; agis”
Veux-tu ? Le Seigneur est toujours poli. Il sollicite notre liberté. Il attend notre consentement. Le Seigneur s’adresse à des créatures libres et spirituelles… des personnes humaines. Dieu ne force personne, jamais ! Il appelle, il sollicite, il demande, il patiente. Il veut des personnes libres et aimantes pour rentrer avec elles dans une relation d’Alliance, et les faire participer à la vie de son peuple : le peuple des croyants, l’Église, l’assemblée des croyants ; le peuple de ceux et celles qui adhèrent à sa Parole par la foi et la confiance en Lui, ce Dieu qui se révèle, ce Dieu qui se dit et qui veut communiquer sa propre vie divine.
Le Seigneur nous appelle à un choix : veux-tu ? Certes ! Il nous appelle. Mais aussi à faire un choix : à discerner ce que Dieu nous demande et à avancer sur ce chemin. Faire le choix de Dieu ; choisir librement et par amour, ce Dieu d’amour qui se donne, qui se livre sans réserve, pour attirer tous les êtres humains à Lui. “Quand j’aurai été élevé de terre, dit Jésus, j’attirerai à moi tous les hommes”.
Choisir le Bien, la Vérité, l’Amour, la Lumière.
Oui, le Seigneur nous appelle : “Veux-tu ? Choisis”. Mais aussi : “Agis”, “Passe aux actes”, après avoir répondu positivement à la voix de Dieu, après avoir choisi le Seigneur de manière déterminée, le Seigneur nous appelle à passer à l’action, à agir, à mettre en œuvre cette vie d’alliance, à pratiquer cette alliance. Vivre comme un partenaire vivant avec Dieu, coopérer à sa grâce et à son œuvre, le suivre partout où il va ; nous laisser guider et conduire par son Esprit, quoi qu’il arrive… on pourrait dire “quoi qu’il en coûte !”
Cette attitude intègre toutes les dimensions de notre vie et les différents types de relation humaine, et concerne la justice qui vient de Dieu, le respect et l’obéissance à ses commandements qui passent avant toute chose, avant toute loi humaine, avant tout sentiment ou ressenti. Pourquoi? Tout simplement pour être pleinement, et définitivement, et en vérité, un être humain : pour être totalement humain. Ce n’est que dans le Christ que nous pourrons être pleinement humain, c’est-à-dire : enfant de Dieu et frères et sœurs en humanité avec tous nos semblables.
Frères et sœurs, il y a comme un mode d’emploi de la vie humaine. L’éloignement de ce mode d’emploi, ou son rejet, entraîne nécessairement des conséquences insoupçonnées, douloureuses, néfastes et mortifères, pour tous les hommes. Le Seigneur nous demande de vivre dans un profond respect les uns envers les autres ; plus encore, il nous demande de nous aimer les uns les autres, comme Lui-même nous a aimés ! Il exige de nous, de pratiquer la miséricorde envers tous, et de laisser là notre offrande pour nous réconcilier avec qui nous sommes en désaccord – le pratiquer autant que les circonstances et les personnes nous le permettent.
De porter un regard vrai, droit et pur, les uns sur les autres. Ne pas nous arrêter à une pureté périphérique mais une pureté qui va au plus profond de soi. D’entrer de plus en plus dans un comportement intérieur et extérieur, fait de droiture, de clarté, de promptitude, à choisir le bien et à rejeter le mal, à rejeter le mensonge qui est omniprésent ; de rejeter l’impureté, de rejeter la duplicité, la violence, l’orgueil, la démesure, le jugement sur autrui.
La finale de l’évangile de ce jour, nous éclaire de façon particulière, et nous donne comme une règle pratique de vie.
Le Seigneur nous dit : « Que votre parole soit “oui” si c’est oui, “non” si c’est non, ce qui est en plus vient du Mauvais ». Ce Mauvais, c’est le Démon, le Diable, Satan, le diviseur, le menteur professionnel, le menteur toute catégorie.
Choisir le Bien et rejeter le Mal. Le rejeter dès qu’il se présente à nous, quelles que soient ses formes, et ne jamais dialoguer avec.
Oui, frères et sœurs, choisir le bien, y demeurer avec une ferme détermination et en présence de Dieu ; cette Présence qui ne nous quitte jamais ; cette Présence vivante, vivifiante et agissante du Seigneur et de sa grâce, tout au long de nos jours.
Que ce soit là pour chacun et chacune d’entre nous, notre paix, notre joie, et notre avenir.