Homélie du samedi 2 Février 2019
La Présentation du Seigneur au Temple – Année C
Par le Frère Jean
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Chers frères et sœurs, dans la liturgie latine, la nôtre, cette fête s’appelle la « Présentation du Seigneur au Temple » ; puisque comme le dit l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus est présenté au Temple par ses parents, Marie et Joseph, conformément aux prescriptions de la loi du livre de l’Exode.
Dans la liturgie des chrétiens d’orient cette fête a reçu le nom en grec de « hypapanté », qui signifie « rencontre », mettant l’accent sur la rencontre qui s’effectue entre les deux personnages s’y attachant de Syméon et Anne et ce jeune couple de Marie et de Joseph qui montent allègrement les marches du Temple avec leur Enfant dans les bras (et deux petites colombes mais dont l’évangile ne nous dit pas que Marie et Joseph avaient avec eux deux petites colombes, on comprendra pourquoi dans un instant).
En occident, le projecteur est dirigé sur l’Enfant qui passe des bras de Marie à ceux du vieillard Syméon et d’Anne. En orient, le projecteur est dirigé sur ce couple charismatique de Marie et de Joseph, sur ce couple charismatique de Syméon et d’Anne, qui s’avancent à la rencontre de Jésus, de Marie et de Joseph. Nous comprenons que le centre de cette scène est bien l’Enfant Jésus. Et c’est autour de lui que tout s’organise ; c’est vers lui que Syméon et Anne accourent avec empressement « poussés par l’Esprit » nous dit l’évangile, et c’est lui, Jésus, que Marie et Joseph, viennent offrir au Seigneur.
Lui qui est beaucoup plus important que les oiseaux que l’on offrait pour la circonstance et que les cinq sicles d’argent que Marie et Joseph n’ont pas, parce qu’ils sont peu fortunés, qu’on offrait au prêtre pour le rachat du premier-né.
L’usage en effet, dans le milieu juif, était que le premier enfant mâle qui naissait dans une famille, devait être racheté à Dieu ; soit avec de l’argent, soit en offrant des sacrifices d’oiseau. Rien de tout cela pour Jésus ! C’est que Marie et Joseph n’ont pas besoin de racheter leur enfant comme le prévoyait la loi, car c’est lui, Jésus, qui est notre rachat, au prix de sa vie à lui, l’Agneau de Dieu. C’est lui qui vient nous racheter ! La Lettre aux Hébreux l’a bien dit en deuxième lecture : « Ayant souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa passion, il peut porter secours à ceux qui subissent l’épreuve ».
En cet Enfant porté dans les bras de Marie, nous reconnaissons le salut du monde : « C’est fou aux yeux des hommes mais sagesse aux yeux de Dieu ».
Dans la fragilité et la vulnérabilité de cet Enfant, tout se joue !
St Paul le dira en l’écrivant aux Colossiens : « En lui, Jésus, habite corporellement toute la plénitude de la divinité ».
Pour croire cela, il faut avoir la foi ! Il faut comme Syméon et Anne, être mû par le Saint Esprit.
Cet Esprit qui a conduit Syméon et Anne vers Jésus, Marie et Joseph, n’est pas un Esprit différent de celui que vous allez recevoir, vous qui êtes ici rassemblés, dans quelques mois au jour du sacrement de Confirmation. C’est le même Esprit Saint !
Cet Esprit est l’Esprit de Jésus ; c’est lui qui vous sera donné en plénitude, qui nous sera donné en plénitude, lorsque Jésus sera exalté à l’heure de sa Passion. C’est lui, l’Esprit, ce même Esprit, qui au jour de l’Annonciation, a fécondé le sein de Marie : elle devint enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Mais l’Esprit Saint ne travaille pas seulement dans l’extraordinaire.
Au cours de nos vies, même si nous n’avons pas atteint le grand âge de Syméon et d’Anne, 84 ans, nous savons que Dieu, par son Esprit, peut réaliser de grandes choses à partir de réalités que nous aurions tendance à considérer comme petites ou comme sans importance ou banales.
C’est ce même Esprit Saint qui a poussé, par exemple, une sainte Geneviève, patronne de Paris, dès l’âge de 15 ans, à s’offrir à Dieu dans une vie de célibat, de prières et de services de sa ville de Nanterre et de Paris où elle vivait.
C’est ce même Esprit Saint, que vous allez recevoir, qui a mis dans le cœur de celle qui allait devenir Sainte Jeanne d’Arc, de se mettre au service de Dieu, elle aussi dans le célibat (que nous appelons la virginité consacrée, c’est la même réalité) puis, comme Dieu lui a montré le chemin, à se lancer dans cette grande aventure qui devait la conduire à Chinon, puis à Reims pour le sacre du roi, pour finir en mourant sur un bucher à Rouen.
C’est ce même Esprit Saint qui chacun de nous, vous comme moi, nous pousse si nous sommes attentifs à lui, à faire des choses que nous serions complètement incapables de faire s’il était pas là tout d’abord pour nous en inspirer le désir, et ensuite pour nous donner la force de l’accomplir… car c’est bien d’avoir des grands désirs mais c’est encore mieux de réaliser ces désirs, s’ils viennent de Dieu !
D’où l’importance de la prière dans notre vie de chrétien pour entendre les désirs de Dieu.
C’est ce même Esprit qui va conduire la jeune Marie de ce jour, 32 ans plus tard, au pied de la Croix de son Fils, en réalisation de la prophétie qu’elle entend aujourd’hui dans le Temple :
« Ton Fils sera un signe de division… Ton cœur sera transpercé par une épée ».
Comment ça va se passer ? Elle en sait rien mais elle a dit oui ! Et en bloc et dans le détail, au jour de l’Annonciation. Comme nous, jour après jour, Marie va découvrir le chemin que l’Esprit Saint lui ouvre.
Oui, l’Esprit Saint veut faire en chacun de nous de grandes choses comme il en a faites en Marie et en Joseph, en Syméon et en Anne, en Geneviève, en Jeanne d’Arc et en tant d’autres.
« Le vieillard, chante la liturgie de ce jour, portait l’enfant mais l’enfant dirigeait le vieillard ».
Tout est à l’envers ! Et c’est précisément ce qui apparait dans nos vies comme « à l’envers » qui est le signe du passage de Dieu, comme dans une tapisserie ; l’envers de la tapisserie nous parait en désordre mais le dessus de la tapisserie nous parait harmonieux.
Que nous soyons, comme Anne et Syméon, de vieux routiers de la vie spirituelle, ou comme Marie et Joseph, porteurs d’une mission divine plus particulière, à chacun de nous est demandé d’avoir le regard fixé sur Jésus.
Lui, l’auteur de notre foi, à qui soient tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles.
Amen !