Homélie du Dimanche 13 Octobre 2019

28ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs bien aimés, en ce dimanche, les textes de la liturgie, dans un grand mouvement à trois temps, comme une valse divine adressée à chaque être humain, nous voyons ces dix lépreux s’approcher de Jésus, le suppliant de les guérir.

Cette maladie, la lèpre, toujours présente dans le monde, mais qui peut aujourd’hui être soignée, était à l’époque de Jésus jusqu’à un temps récent pour nous (1981) une maladie quasi-incurable, contagieuse, et par le fait, même, qui excluait le malade de toute vie, non seulement sociale mais aussi amicale et familiale, sous peine de contaminer ses proches.

Une maladie qui ronge ! Une maladie qui ronge l’être humain et le tue à petit feu, le laissant défiguré et invalide comme un mort-vivant.

Cette maladie a souvent servi par analogie, par comparaison, avec le péché et ses conséquences. Le péché qui est une réalité ; le péché qui éloigne du Seigneur après l’avoir offensé ; qui nous éloigne des autres, de nos proches ; qui nous défigure spirituellement et parfois physiquement ; mais qui peut conduire surtout à une mort définitive, cette séparation choisie d’avec Dieu que l’on appelle l’enfer : cette vérité révélée qui nous montre la gravité des choix humains et leurs conséquences ici-bas et après notre mort physique… quoiqu’en disent certains.

Dans ce passage évangélique, le Seigneur Jésus répond à la supplication de ces pauvres hommes malades, exclus et méprisés, en leur accordant la guérison. Souvent la maladie dans l’Ancien Testament était liée à un châtiment divin. La guérison accordée renvoie à une réalité plus haute, plus lumineuse. Mais cette guérison demande un acte de foi. Sur la Parole du Seigneur, les lépreux se mettent en marche pour aller faire constater par le prêtre, leur guérison – leur nouvelle naissance en quelque sorte – qui leur permettra en retour d’être réintégrés dans la vie sociale et toutes ses dimensions. Sur la Parole du Christ, ils se mettent en marche alors qu’ils ne sont toujours pas guéris. Comme le Général Syrien Naaman, ennemi d’Israël, qui va se baigner, se plonger sept fois dans le Jourdain, pour obéir à la demande du prophète Israël, Élisée.

Dans chaque cas, il y a une obéissance à ce que le Seigneur demande par la voix de celui qui parle en son Nom.

Notre croissance dans la vie chrétienne est avant tout une réponse de foi. Croire à la Parole que Dieu nous adresse aujourd’hui ; croire à ce qu’Il me demande en ce moment pour que je puisse franchir un cap, traverser un ravin, passer sur l’autre rive. Un acte de foi qui met en marche !

La foi nous donne suffisamment de lumière pour avancer avec certitude ; mais laisse une part d’obscurité pour que nous ayons le mérite d’avancer, pour que nous ayons une réponse libre et amoureuse à l’appel, à la sollicitation du Seigneur. Le Seigneur ne demande pas des logiciels préprogrammés… mais des êtres humains qui répondent avec amour !

La plupart des « sorties de route », sans contrôle, proviennent d’un manque de foi !

La foi est donc ce premier temps de ce grand mouvement dans l’avancée vers Dieu. Cette foi nous fait voir combien nous sommes aimés !

Aimés par Celui qui nous a créés, qui nous a voulus, qui nous a sauvés par le Sang de son Fils et qui veut nous communiquer son Esprit Saint. Nous sommes aimés du Seigneur, chéris par Lui !

Seul l’Amour peut nous libérer !

Découvrir dans la foi cet Amour du Seigneur qui nous rejoint, et veut nous rejoindre, est vraiment le fondement de la liberté humaine.

Le fondement de notre liberté et de notre agir humain, c’est-à-dire de notre vie morale, notre vie éthique. Cet Amour vient nous dilater, et nous permettre de développer toutes nos potentialités au service du Seigneur et au service de nos frères et sœurs en humanité.

Seul l’Amour fait vivre pleinement !

Et cet Amour conduit à l’action de grâce, à la gratitude, aux remerciements, à la louange. Tel cet ancien lépreux Samaritain qui revient vers Jésus pour le remercier « glorifiant Dieu à pleine voix ».

Il n’a rien à faire des conventions, du respect humain ou de l’usage des comportements en société. Il crie sa joie et sa reconnaissance !

Il est à noter que les Samaritains étaient des schismatiques et des hérétiques pour les Juifs. Donc, c’est quelqu’un qui, comme Naaman le Syrien – en plus qui est un ennemi militaire – qui sont guéris et qui sont remplis d’action de grâces envers le Seigneur.

C’est le paradoxe de la puissance de la Grâce !

Oui, frères et sœurs, la foi nous ouvre à la connaissance de cet Amour qui est la source de la vie et sa finalité, et à l’action de grâce, à la louange, qui en découlent nécessairement. La foi et l’Amour nous conduisent à la paix profonde et à la joie véritable, que rien ni personne ne peut nous enlever quoiqu’il arrive dans la vie.

Mais cette rencontre avec le Christ, la joie d’être aimés, nous pressent à la mission. C’est-à-dire à l’annonce à tous, sans exception, de cet Amour qui veut se répandre dans tous les cœurs… qui veut se répandre par nous dans tous les cœurs !

Jésus nous dit « J’ai soif ! » : ce n’est pas simplement une soif physique sur la croix ; c’est la soif du Salut des âmes ; c’est la soif de notre réponse d’Amour ; la soif de notre don de soi pour le servir et servir nos frères. Nous sommes invités à étancher la soif du Christ.

Certes, cela ne se réalise que par la vie spirituelle vécue avec ferveur et authenticité, mais aussi, inséparablement, par le témoignage de vie et de paroles auprès de ceux qui nous entourent et des plus lointains. Ne tombons pas sous la condamnation du prophète Isaïe qui dit « Nous sommes des chiens muets ! »

Comment l’Amour de Jésus ne pourrait transparaitre dans notre quotidien ? Comment quelqu’un qui aime d’autres personnes, ne manifeste pas cet Amour ?

La foi nous conduit à cet Amour qui dépasse tout, et nous ouvre à l’action de grâces par une vie qui rayonne le Christ Jésus présent et vivant au milieu de nous.

L’Église, de par sa nature, est missionnaire. Le chrétien, le baptisé, de par sa structure, par son être, par sa nature, est missionnaire. Tout baptisé, homme, femme, enfant, vieillard, malade, bien-portant, qui, par son être et sa vie, témoigne du Seigneur et conduit à Lui, quelle que soit sa réalité dans la vie sociale, renvoie au Seigneur Jésus.

Frères et sœurs, en ce mois d’octobre dédié à la mission – et plus spécialement le Saint Père a demandé que ce mois soit un mois spécial pour la mission – ce mois d’octobre qui est aussi consacré au Rosaire, à la récitation du Chapelet (et qui est fortement recommandé pour s’approcher du Seigneur), demandons à Marie, notre Mère, de faire de chacun, et de chacune, d’entre nous de véritables disciples de son divin Fils, des hommes et des femmes selon le Cœur de Jésus.

Amen !

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