Frères et sœurs bien-aimés,
Jésus notre Seigneur se manifeste tout au long des évangiles et de l’Évangile, comme Celui qui est le chemin, la vérité et la vie. Il se définit comme la « vigne » du Seigneur, la vigne dont le Père est le vigneron et dont nous sommes les Sarments. Dans l’allégorie du « bon berger », aussi, il dit : « Je suis le bon Pasteur, le bon berger ».
Il se définit lui-même non seulement comme doux et humble de cœur, mais comme la lumière du monde. Jésus n’est pas une lumière parmi d’autres, il est LA lumière. Lumière du monde parce qu’il est la Vie, la vie véritable. La vie était la lumière des hommes, nous dit Saint Jean dans le Prologue.
Dans le passage évangélique de ce dimanche, le Seigneur Jésus redonne à Bartimée la lumière de ce monde. La scène évangélique qui nous est relatée (selon saint Marc) peut renvoyer chacun et chacune à son chemin de vie chrétienne, comme une actualisation de son chemin catéchuménal, pour recevoir au terme l’illumination donnée par le sacrement de baptême : la lumière définitive et indépassable. Bartimée n’a pas une connaissance parfaite de Jésus, mais il croit ! Il adhère à Jésus qu’il reconnaît et qu’il proclame, qu’il crie comme « Fils de David », c’est-à-dire de façon implicite comme le Messie, le Christ attendu par Israël. Le Messie devait être de la descendance du roi David qui avait reçu les promesses d’une royauté qui ne passerait jamais et la stabilité de sa maison royale (dans le premier livre de Samuel au chapitre 7). Bartimée n’a cure du respect humain, surtout au point où il en est ! Sa condition de cécité, de mendiant assis par terre dans cette ville de Jéricho (qui est bien plus basse que Jérusalem, qui est à 900 mètres d’altitude) a une détermination spirituelle ; et cette situation de mendiant, de pauvreté, d’handicapé, l’accule à cette détermination spirituelle. Cette dernière l’engage contre toute adversité à une conscience que rien ni personne ne peut entraver. Il sait, lui, que Jésus peut le guérir. Il sait que le Fils de David, Jésus, peut accomplir ces signes messianiques annoncés par les prophètes : les aveugles retrouveront la vue.
Frères et sœurs, quelle que soit l’étape de notre parcours catéchuménal, ou bien notre marche dans la vie baptismale, notre vie chrétienne, nous sommes invités en ce jour du Seigneur à renouveler notre confiance et notre espérance en Jésus ; Jésus est l’unique sauveur de l’homme : de chaque être humain en particulier, comme de l’humanité en son entier. Il n’y a pas d’autre Sauveur. Il n’y a pas d’autre Salut ! Jésus est le chemin et Il se définit comme tel. Dans l’évangile de Marc, Jésus est toujours en marche, toujours en chemin. Il nous conduit. Il nous entraîne à sa suite. Il nous attire.
Frères et sœurs, nous sommes créés pour la lumière et la vie. Le Seigneur attend de nous une seule attitude : accepter de le recevoir, de l’accueillir dans notre vie. Est-ce que ce matin ne serait pas le moment décisif ? Jésus nous demande : « Veux-tu ? Que veux-tu ? »
Lui fera le reste…
Il y a quelques années, une enseigne publicitaire d’une chaîne de supermarchés indiquait « la vie, la vraie vie »… Je ne sais pas si dépenser son argent dans ce supermarché était la vie et encore moins la vraie vie ! … Mais nous savons que Jésus, lui et lui seul, nous donne et veut nous donner la Vie, la vie véritable, c’est-à-dire sa propre vie ; cette vie qui jaillit du Père et qu’il nous communique par son Esprit Saint : la vie trinitaire. Nous sommes faits pour être déifiés. Nous sommes faits pour partager la vie de Dieu, pour devenir Dieu avec lui par grâce, par participation. Voilà la vie chrétienne, voilà la vie humaine.
Jésus est venu jeter un feu sur la terre, le feu de son Amour, de l’amour trinitaire qui jaillit par son cœur humain qui continue à battre dans l’éternité, non par nécessité mais par amour. Un amour qui jaillit de l’Esprit Saint. C’est le feu de l’Esprit Saint ! Ce feu de l’Esprit Saint qui est l’amour même du Dieu trois fois Saint, de la Trinité Sainte, que Jésus dépose dans notre cœur afin que la lumière de cet Esprit Saint illumine, embrase, transforme le plus intime de notre être, toutes les dimensions de notre personne et de notre existence, sans aucune exception.
Frères et sœurs bien-aimés, la vie chrétienne pourrait se résumer comme une rencontre : la rencontre avec Jésus ; la rencontre de Jésus qui change radicalement le cours de l’existence, cette rencontre qui bouleverse ; cette rencontre parfois fortuite, comme pour Bartimée à la sortie de Jéricho, qui ressaisit la vie de celui ou celle qui s’ouvre à cette expérience, qui consent à cette rencontre, qui veut l’accueillir et qui change tout.
Durant cette Eucharistie, demandons pour soi-même et les uns pour les autres, pour tous les membres de l’Église et de l’humanité… la grâce, la grâce de Dieu, la grâce de vivre cette rencontre profonde, ou du moins de l’actualiser aujourd’hui et sans cesse ; de devenir toujours davantage les disciples de Celui qui est la lumière, la lumière du monde, et d’être pour autrui, porteur de lumière et témoin de cette Lumière du monde, Jésus, notre Sauveur.
Frère Jean-Marie, Père Prieur de Sénanque