Homélie du dimanche 14 novembre 2021 – 33ème Dimanche Temps Ordinaire – Année B

Par Mgr Léonard

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Mes frères et mes sœurs, dans quinze jours, nous allons entrer dans le Temps de l’Avent, a.v.e.n.t. : mot qui vient de adventus en latin et qui désignait la joyeuse entrée d’un souverain dans la capitale de son pays ; en grec, ça se dit parousia qui a donné le mot ‘parousie’ ; et pendant le dimanche qui précède l’Avent est évoqué la venue de Jésus dans la gloire à la Fin des Temps, pour inaugurer un nouveau monde.

Ce sera un grand ébranlement, qu’on peut difficilement décrire sinon en images, mais dont nous aurons fait quand même deux fois la répétition. Nous avons vécu un grand ébranlement quand nous sommes sortis du sein maternel ; jusque-là on nageait dans une piscine à 37° ; on n’avait rien à faire, on ne devait même pas respirer, on était nourri par notre mère et il a fallu sortir par un goulot très étroit et débarquer dans ce monde froid ; et où il fallait pour la première fois respirer avec ses poumons, et nous avons commencé par pleurer, par gémir, et par crier.

Nous vivrons dans quelques temps un autre ébranlement : celui de notre mort ! Même la mort la plus douce est un redoutable ébranlement ; il nous faut quitter ce monde mais c’est pour entrer dans un monde nouveau ; et cela est une grande joie !

Alors, pour décrire l’ébranlement final de la création telle qu’elle est maintenant – déchue depuis la chute originelle – pour décrire l’ébranlement de ce monde, avant de passer aux cieux nouveaux, la terre nouvelle, on se sert d’évocations qu’on appelle ‘apocalyptiques’ ; ça vient du mot grec ‘apocalypsis’ qui signifie ‘dévoilé’ : le fait de dévoiler, enlever le voile, révélation, dévoilement. Ce sont des textes (nous l’avons entendu dans le Livre du prophète Daniel, tout à l’heure, la Première Lecture) qui évoquent comme ils peuvent l’ébranlement de ce monde, et Jésus lui-même quand il parle de sa venue dans la gloire, de son Avent, de son avènement, de sa parousie, Jésus lui-même emploie ces mêmes images. C’est impossible de décrire le passage de ce vieux monde au monde nouveau ! Puisque le monde sera nouveau !

Et donc, Jésus emploie les images classiques : le soleil qui s’obscurcit, la lune qui ne donne plus sa clarté, les étoiles qui tombent du ciel, les puissances célestes qui sont ébranlées, lors de sa venue dans les nuées avec puissance et gloire.

Dans d’autres passages apocalyptiques – il y a trois apocalypses dans les Évangiles : chez Mathieu, chez Marc, chez Luc – on emploie toutes sortes d’images et notamment des signes avant-coureurs, à savoir, les guerres, les épidémies, les tremblements de terre, toutes sortes de catastrophes naturelles qui sont les prémices, l’annonce de ce qui vient. Et Jésus déconseille absolument de faire des calculs quant au moment, cela n’appartient qu’au Père ; le moment où ce monde basculera pour que soit recréé, transfiguré, un nouveau monde où la vie ne débouchera plus comme ici-bas sur la mort, et où nous ne devrons plus tuer des vivants, des plantes ou des animaux pour entretenir notre vie ; tout cela sera révolu !

Et « lorsque vous verrez tous les signes avant-coureurs », dit Jésus, « lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte ».

Le Temps qui vient – ces derniers dimanches de l’année, 33ème– 34ème et le Temps de l’Avent – doit nous rappeler tout cela, car nous risquons de ne pas penser suffisamment au monde nouveau pour lequel nous sommes créés. Nous ne sommes pas créés pour que notre corps finisse tout simplement dans la putréfaction, la nourriture des vers, les cendres que l’on disperse sur une pelouse… nous sommes créés pour la gloire, âme et corps, donc c’est un Temps de grande espérance et il ne faut pas manquer ce rappel chaque année du Temps de l’Avent.

Le texte d’aujourd’hui se termine par une phrase qui peut paraitre curieuse : « Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »

Apparemment, dirons-nous, ce n’est pas arrivé ! Que veut dire Jésus en disant : « Cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive » ?

Et dans le même Évangile de Marc, au chapitre 9, le verset 1, Jésus dit : « Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu venir avec puissance. »

Apparemment, il n’est pas venu ! Mais c’est que pour Jésus, sa résurrection sera le début de la fin de ce monde et le début du monde nouveau. La résurrection a été l’évènement capital dans l’histoire du monde, qui fait que le monde présent où nous sommes encore est déjà en principe périmé ; il est déjà dépassé par la résurrection de Jésus qui inaugure un monde nouveau où la vie est incorruptible, et où la vie se développe, se déploie, dans la vie et non plus dans la mort. Et en ce sens Jésus a parfaitement raison de dire : « Cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive ».

Sa résurrection s’est produite au milieu de l’histoire pour inaugurer la fin de ce monde. D’ailleurs, aussitôt après ce passage que nous avons lu, il y a le récit de la transfiguration où Jésus laisse entrevoir déjà dans cette vision la gloire de sa résurrection. Après quoi, il leur annonce aussi sa passion ; il faut passer par une mort pour entrer dans le monde nouveau, c’est ce que nous vivons.

Et bien que la grâce du Seigneur nous accompagne sur le chemin de notre vie, d’abord jusqu’à notre mort, mais aussi avec la ferme espérance que notre destination ultime sera la gloire, la béatitude, dans les cieux nouveaux et dans la terre nouvelle.

Amen !

 

 

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