Homélie du dimanche 14 Octobre 2018

28ème dimanche du temps ordinaire – Année B

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

« Elle est vivante la Parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ».

C’est parce que nous avons entendu la Parole de Dieu et que nous y avons répondu, que nous sommes rassemblés ici ce matin dans cette chapelle. Il y a dans l’Église une véritable symphonie de la Parole qui s’exprime de différentes manières, comme un chant à plusieurs voix. À la lumière du prologue de st Jean, la Parole de Dieu s’est tout d’abord la Personne de Jésus Christ, le Fils éternel du Père fait homme. Mais la Parole de Dieu, c’est aussi la création, le liber naturae, le livre de la nature, qui fait partie de cette symphonie. Cette parole de Dieu se révèle de façon imminente dans l’histoire du Salut, elle culmine dans le mystère de l’incarnation, dans la mort et la résurrection du Fils de Dieu ; elle se prolonge enfin dans la prédication des apôtres, dans la tradition de l’Église. La Parole de Dieu, c’est la Sainte Écriture, Ancien et Nouveau Testament.

Oui, comme l’écrit st Bernard : « Le christianisme est la religion de la Parole de Dieu, non d’une Parole écrite et muette mais du Verbe incarné et vivant ».

Cette Parole, le jeune homme riche l’a entendue et l’a mise en pratique ; mieux que l’entendre, il l’a écoutée… et pourtant : « Une seule chose te manque »…parce que tu pensais obtenir la perfection dans l’accomplissement des commandements, mais il y a un au-delà de l’accomplissement des commandements de Dieu.

St Clément d’Alexandrie a cette Parole au sujet de ce jeune homme riche : « Non, il ne voulait pas aussi fortement la vie qu’il le prétendait, il ne se préoccupait que d’afficher sa bonne volonté » ; et Clément de poursuivre : « Certes, il avait pu se montrer plein de zèle pour beaucoup de choses mais cette seule chose : mener à bien cette œuvre de Salut… il en était incapable ; pour cette entreprise il était amorphe et défaillant ».

Le Seigneur attendait de lui un surplus d’amour : « un supplément d’âme » pourrait-on dire, et ce surplus d’amour à offrir au Seigneur… ce jeune homme ne s’est pas senti le courage de l’offrir.

Cela nous fait réfléchir à la façon dont nous-mêmes répondons dans notre vie aux appels du Seigneur, de son Esprit Saint. On entend parfois des gens dire : « Mon Père, j’ai tout fait : baptisé, petite communion, grande communion, confirmé », sous-entendu « je suis en règle avec Dieu » mais comment peut-on croire qu’on est « en règle avec Dieu » ?

Combien de gens ne sont pas « en règle avec Dieu » (dans le sens où je viens de le dire) ? Et pourtant mènent une vie peut-être plus proche de Dieu que ceux qui sont en règle ?!

Ce jeune homme qui était « en règle avec Dieu », qui avait fait tout ce qu’il fallait… « Jésus l’aima » ; comme il aime tous ceux qui s’efforcent de vivre selon ses commandements. Mais il y a ce « Si tu veux aller plus loin… », parce que… observer les commandements, fusse de façon irréprochable, ne suffit pas pour être « parfait ». Comme fait encore remarquer Clément : « Si « observer les commandements » avait obtenu à ce jeune homme la perfection, Jésus ne lui aurait pas dit « si tu veux être parfait ».

Jésus dit ailleurs dans l’évangile : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

Mais cela nous parait folie ! Comment croire, penser, être aussi parfait que Dieu qui est à la source de tout Bien, de toute perfection naturelle et surnaturelle ?!

Et Jésus nous répond : « Pour les hommes cela est impossible mais pas pour Dieu, car tout est possible à Dieu ». C’est à peu près la même Parole que l’ange Gabriel répondit à Marie à l’Annonciation à propos de la fécondité de sa cousine Élisabeth : « Rien n’est impossible à Dieu », comme Dieu avait dit à Abraham concernant sa femme Sarah qui allait enfanter Isaac : « Y a t-il rien de trop merveilleux pour le Seigneur ? ».

Il y a beaucoup de jeunes hommes riches parmi les chrétiens :  ce sont « de bons chrétiens ». Ils observent bien tous les commandements, mais ils restent sourds à ce qu’on pourrait nommer « le second appel » que Dieu leur adresse au cours de leur vie. Ils restent dans ce que le Pape François appelle parfois un « christianisme soft », finalement une vie de foi qui s’arrête aux portes de Jérusalem où le Seigneur entre pour offrir sa vie jusqu’à l’extrême.

En ce mois où l’Église célèbre à Rome un synode où les Pères s’interrogent entre autre sur la façon d’aider les jeunes à mieux répondre au Christ, en ce jour aussi où l’Église proclame saint le Pape Paul VI qui a été entrainé – en obéissant au Christ – au-delà de ce qu’il aurait pu rêver pour lui, de mener à terme le Concile Vatican II ; jour aussi où Monseigneur Oscar Romero est proclamé saint, lui qui a suivi le Christ jusqu’au martyre à cause de sa parole, il dérangeait les nantis.

Que leur exemple nous entraine de cette docilité à l’Esprit Saint dont ils nous montrent l’exemple par leur vie et par leur mort.

Amen !

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