Homélie du dimanche 16 Février 2020
6ème Dimanche du temps Ordinaire – Année A
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
« Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »
Frères et sœurs bien aimés, ces Paroles de Jésus viennent saisir notre cœur et notre intelligence dans leur fond comme dans leur forme.
Jésus se qualifie Lui-même de lumière ; lumière du monde. « Je suis la lumière du monde » dit-Il « celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie ».
Dimanche dernier, le Seigneur nous appelait à être ‘le sel de la terre’ et ‘la lumière du monde’.
Par le baptême nous participons à la vie du Christ. Donc, par le fait même, nous sommes illuminés par Lui et remplis de sa propre lumière.
L’apôtre Paul nous appelle à être, et à demeurer, des enfants de lumière, des enfants du jour.
Le Christ Jésus, qui est lumière, vient illuminer toute les dimensions de notre personne et toutes les zones de notre vie. Sa lumière vient illuminer notre intelligence et son Amour vient fortifier et murir notre volonté afin d’agir comme Il nous le demande.
Ainsi, tant pour notre vie intérieure que pour notre action extérieure, Jésus nous accompagne et demeure à nos côtés pour nous aider à vivre réellement le Mystère d’Alliance qui nous unit à Lui.
L’intelligence et la volonté, ces deux facultés de notre âme, étant ainsi nourries et fortifiées, nous pouvons discerner les choix à faire et nous avons la force intérieure pour l’accomplir sans délai.
‘Oui’, c’est oui ; ‘non’, c’est non.
Déjà dans le Siracide, le Seigneur rappelait à tout être humain, la possibilité concrète d’observer les commandements de Dieu : « Si tu le veux, tu peux ! » ; « Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle ». Et St Paul d’ajouter : « Aucune tentation ne vous est survenue qui dépassa la force humaine… dans la tentation, Dieu donne toujours les moyens d’en sortir vainqueur. »
Les commandements de Dieu ne sont pas des conseils, des orientations possibles, ni des propositions surérogatoires au gré du désir de chacun.
Les commandements de Dieu sont des demandes expresses du Seigneur à mettre en œuvre.
Et cela pour notre bonheur véritable et la paix de notre âme dès à présent, et pour plus tard dans l’éternité, mais aussi pour notre propre Salut et celui de nos frères et sœurs en humanité.
Notre culture contemporaine, avec ses richesses, baigne aussi dans un climat de relativisme… c’est-à-dire :
Notre comportement ne dépendrait plus de l’objectivité du réel, ni de l’objectivité d’une loi qui me dépasse et me précède, puisque venant de Dieu Créateur et Providence. Notre comportement dépendrait de notre seul critère de jugement personnel, subjectif, conditionné par la satisfaction du plaisir immédiat, l’épanouissement ressenti, l’assouvissement de nos désirs primaires dans une consommation effrénée des biens matériels, appelée ‘consumérisme’… assorti d’un éloignement de tout ce qui pourrait contrarier, enrayer, cette attitude de pseudo sérénité et d’égoïsme aigu.
Cette attitude hédoniste est protégée, valorisée et défendue, comme une quasi dictature de la pensée, de la parole, et du comportement.
Malheur à celui qui s’y oppose ou qui ose émettre quelques réserves, il est tout de suite anathème…
La Parole du Christ Jésus vient, ce jour, éclairer et démasquer ce mensonge, dans lequel inconsciemment ou consciemment, l’homme prend et veut prendre la place de Dieu.
Cette Parole du Christ Jésus vient éclairer, mais aussi orienter et guérir, les intelligences et les cœurs meurtris, blessés, embourbés ou paralysés, dans ces sables mouvants de l’incertain, de l’inconsistant, du provisoire permanent et de l’éphémère, établis comme normes qui pourraient régir la vie des hommes. L’être humain est fait pour la Lumière, la Vérité, la Vie, l’Amour.
Seul Celui qui est notre Créateur et notre Rédempteur peut nous donner, en toute sécurité et vérité, ce qui est bon pour nous, et nous orienter vers la vie véritable et définitive.
L’homme n’est pas sa propre mesure ; il est plus grand et plus beau que ce qu’il peut réaliser par ses seules propres forces. Seul, le Seigneur Jésus peut nous donner la lumière et la force de devenir ce que nous sommes appelés à être depuis notre création.
Le Christ Jésus nous donne d’être déifiés en vérité, de participer à sa vie divine qui est le but de la Création et du Salut, de recevoir ce Don et d’en vivre dès à présent. Vouloir y arriver par nos seules forces, comme nos premiers parents, est une illusion mortelle et destructrice, qui nous éloigne les uns des autres, et conduit le monde au régime du plus fort et un enfermement de chacun sur soi.
La Parole du Christ s’adresse à notre liberté : « Veux-tu ? Veux-tu, car tu peux ! »
C’est notre liberté qui engage la responsabilité de nos choix et de nos actes, ainsi que notre dignité de personne humaine. Une personne humaine unique et irremplaçable.
Jésus appelle chacun et chacune, de façon explicite, à vivre concrètement un combat ; et comme le rappelait le Pape François, ce combat est continu ! Il n’est pas par alternance, il dure toute la vie ! Combat, certes spirituel, mais qui met en jeu notre vie toute entière et notre éternité.
Le premier danger serait de sous-estimer l’importance de la lutte, ou bien sa nécessité.
Un autre danger, qui guette notre époque, est une forme d’anesthésie. Une anesthésie lente, progressive, douce, qui au fil du temps nous endort face aux enjeux et à la gravité de notre situation personnelle et sociale.
Des propos tels que :
« Rien n’est grave… Il ne faut pas dramatiser… Dieu n’en demande pas tant… Puis il pardonne tout… Je n’y peux rien… D’ailleurs tout le monde le fait… Puis c’est trop tard… On verra plus tard ou j’ai d’autres préoccupations »… Etc…
Le Seigneur Jésus nous appelle en ce dimanche à couper net : tout ce qui nous éloigne de Lui ! Nous sommes appelés à ne plus tergiverser.
De couper net avec le péché mais aussi avec ce qui nous conduit au péché et qui n’est pas directement mauvais.
Cela rejoint les Promesses de notre Baptême, où on demande au baptisé, aux parrains, marraines, aux parents : « Rejetez-vous le péché ? » ; « Oui, je le rejette ! »
« Rejetez-vous Satan, qui est l’auteur du péché ? » ; « Oui, je le rejette ! »
« Rejetez-vous ce qui conduit au péché ? » « Oui, je le rejette ! »
Des éléments dans notre vie ne sont pas directement des péchés mais nous conduisent au Mal de manière sûre et certaine. Et c’est là où nous devons couper, et jeter loin de nous ces sujets, ces moyens, qui nous conduisent au Mal.
Afin de vivre libre !
Frères et sœurs bien aimés, mettons-nous en marche !
Sortons d’une torpeur mortelle pour vivre en enfants de Dieu, libres, par une vie lumineuse remplie de clarté et de vérité, aimant intensément tous les êtres humains, dans la Paix et la Joie que Dieu seul peut et veut donner.