Chers frères et sœurs
La liturgie de la Parole de ce Dimanche est centrée sur la connaissance de la Révélation de Dieu qui s’offre à tous les hommes de bonne volonté ; mais aussi plus étonnamment encore, comme saint Paul nous l’affirme, à la création entière, livrée pareillement à la dégradation du pouvoir du Mal, depuis la prévarication de nos premiers parents.
D’après la Bible, c’est bien l’homme, et non pas Dieu le Créateur de notre vie, qui est responsable de l’introduction de la corruption dans le monde ; l’homme en effet détient au départ, par sa faculté de contrôle qui vient de l’intelligence, l’aptitude de maitriser la terre et d’en contempler ses richesses, pour y découvrir avec reconnaissance sa beauté, et qu’il sache y répondre dans l’amour, en pleine correspondance et harmonie à la divine volonté ; hélas, comme nous le rapporte le Livre de la Genèse : à cause du mépris de l’ordre de Dieu, cela ne dura pas longtemps.
N’oublions jamais en ces temps de remise en valeur de l’écologie intégrale, pour nous croyants judéo-chrétiens, que la terre est un Don, mais qu’elle reste aussi toujours une promesse, c’est-à-dire : avant même nos initiatives à son égard, elle se trouve dans la dépendance de la Bienveillance de Dieu. Pourtant, l’issue de la terre se trouve aussi en rapport aux comportements adoptés par les hommes qui l’entretiennent et la cultivent. C’est toute la problématique de la parabole de ce jour, avec la révélation de la Parole jetée par le Seigneur dans le vaste champ diversifié du cœur des Croyants.
La réponse du Seigneur montre en effet que c’est dans les cœurs des auditeurs qu’on trouve un début de compréhension des choses divines, du moment que la Parole entre en eux, car « à celui qui a, on donnera ». Mais si le cœur s’endurcit, la semence ne s’ouvrira pas, l’homme ne comprendra pas. Si nous sommes trop préoccupés par les soucis du monde, ou bien si nous demeurons superficiels, agités par de multiples informations souvent futiles, la semence ne germera pas. Le Seigneur exige de nous un minimum de réflexion, de profondeur et d’intérêt, sur le sens de notre existence éphémère. Si nous vivons ce n’est pas pour rien, « pour le néant » comme le disent parfois les philosophes matérialistes modernes ; nous, nous vivons selon la belle expression de saint Paul pour le Seigneur, et notre devoir alors est d’offrir notre souffrance non pas en solitaire, mais en communion avec le tourment de toutes les créatures qui sont sous le même ciel.
L’espérance d’être libéré de l’esclavage du péché nous est donc commun : à toutes les créatures de notre terre depuis la chute ; notre corps est une parcelle du cosmos, et nous gardons un lien radical avec Lui. Notre foi nous assure cependant qu’avec le mystère du Christ ressuscité, il nous est possible désormais, avec la grâce du Saint Esprit, d’attendre une terre nouvelle complètement transfigurée.
Cette attente néanmoins, d’après la parabole du Semeur, ne peut pas être passive ; au contraire elle nous oblige à une surveillance constante, à un travail de jardinier « spécialiste », et même, on ne doit pas le cacher, à un combat psycho-spirituel avec l’armure de la Croix.
C’est pourquoi notre travail devra toujours être accompagné de la Parole de Dieu. Pas de meilleurs conseillers que la rumination des Écritures et la prière, pour défricher notre âme, qui n’oublions pas, porte déjà en elle, le germe de la vie éternelle.
Aussi quand les choses ne vont plus, appelons à l’aide le Seigneur, la Vierge Marie et les saints ; gardons toujours confiance, le Seigneur est plus grand que notre cœur. Saint Jean nous l’a attesté.