Homélie du dimanche 17 Février 2019
6ème dimanche du temps ordinaire – Année C
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Frères et sœurs bien aimés, écouter les Béatitudes, c’est accueillir l’essentiel de notre vie. C’est accueillir et se nourrir de l’essentiel de notre vie de baptisé.
Ces Paroles nous renvoient à la réalité la plus profonde de notre être et de notre comportement dans la cohérence de notre existence chrétienne. Les Béatitudes nous attirent car elles font échos aux désirs les plus inscrits, les plus profonds dans l’être humain. Et leur résonnance, leur échos, élèvent l’âme et l’orientent vers ce pour quoi, et pour qui, elle a été créée.
En même temps les Béatitudes nous effraient, nous déstabilisent, et nous renvoient à la réalité de ce que nous vivons, avec son décalage entre le désir et l’accomplissement.
Ces deux constats sont pragmatiques, réalistes mais ils sont insuffisants.
Ces Paroles prononcées par la Parole, Jésus, n’ont été vécues dans leur plénitude, à l’infini, que par celui qui les a prononcées, le Christ lui-même. Cependant, Jésus nous donne de pouvoir les vivre en vérité. Ce n’est pas un idéal inaccessible. Comme dit le livre du Deutéronome, « cette Parole n’est pas en-haut dans les cieux, elle n’est pas au plus profond de la terre, elle est dans ton cœur et dans ta bouche ». Il suffit d’y consentir.
Laissés à nos seules forces, à nos idées, à nos perspectives, nous sommes dans l’impossibilité radicale de les mettre œuvre, et même de commencer. Ancrés dans le Christ Jésus, enracinés en lui par la foi, par les prières, avec l’aide des sacrements – de Pénitence, d’Eucharistie, la dynamique de notre Baptême, par la méditation de l’écriture Sainte, de la Bible – nous pouvons non seulement les écouter, les accueillir mais aussi et surtout les mettre en œuvre, les vivre.
Par le Don de son Esprit, Jésus nous donne la lumière, la force et la persévérance pour vivre les Béatitudes afin que notre vie devienne une Béatitude pour les autres. Comme nous le rappelle magnifiquement le Pape François dans son exhortation apostolique à la sainteté que vous avez tous lu, ou que je vous invite à relire, qui s’adresse à tous et à chacun sans exception, les Béatitudes peuvent être réellement et authentiquement vécues par chacun des baptisés. Il ne s’agit pas en soi de mettre en œuvre, dans leur plénitude, toutes les formes possibles des Béatitudes, mais de vivre concrètement dans notre vie ce que nous pouvons faire avec la grâce de Dieu ! Et souvent comme pour tous les saints, une Béatitude se dégagera davantage que les autres pour témoigner dans notre vie de tous les jours. Et en vivant ainsi l’ensemble des Béatitudes seront présentes dans notre existence. En fait, chacun, chacune, est appelé à mettre en œuvre dans sa vie ce que Jésus nous déclare dans les Béatitudes.
Ce n’est pas facultatif, ce n’est pas une option parmi d’autres !
Le Pape François nous dit que le mot heureux ou bienheureux devient synonyme de saint. Parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu, et qui vit de sa Parole, atteint dans le Don de soi, le vrai bonheur.
Frères et sœurs, être saint ne signifie pas avoir le regard figé dans une « pseudo extase » mais de repartir du Christ. St Jean-Paul II écrivait : « Si nous sommes vraiment repartis de la contemplation du Christ, nous devrons savoir le découvrir, surtout, dans le visage de ceux auxquels il a voulu, lui-même, s’identifier. »
Le texte des Béatitudes n’est pas une simple invitation à la charité, c’est une Parole qui nous révèle qui est le Christ ; une page qui apporte la lumière, un rayon de lumière, sur le Mystère même du Christ Jésus. Jésus nous appelle à le reconnaitre dans les pauvres et les souffrants, quelle qu’en soit l’expression. Il nous révèle son sentiment et ses choix les plus profonds auxquels tout saint essaie de se conformer.
Le Pape François écrivait : « Vu le caractère formel de ces requêtes de Jésus – dans les Béatitudes ; le Pape continue – il est de mon devoir en tant que son vicaire, vicaire du Christ sur la terre, de supplier les chrétiens, de les accepter et de les recevoir avec une ouverture d’esprit sincère « sine glossa » (en latin, ça veut dire sans glose), autrement dit : sans commentaires, sans élucubrations et sans excuses, qui les prive de leur force – et le Pape continue – le Seigneur nous a précisé que la sainteté ne peut pas être comprise, ni être vécue, en dehors de ces exigences, parce que la miséricorde est le cœur battant de l’Évangile. »
Il n’est pas fréquent, frères et sœurs, que le Pape dise « en tant que vicaire du Christ ». Souvent il se qualifie d’évêque de Rome, ce qui théologiquement est très juste, il est le Pape parce qu’il est l’évêque de Rome. Mais il est aussi le vicaire du Christ sur la terre.
Frères et sœurs bien aimés, nous sommes tous appelés à la sainteté, à vivre les Béatitudes dans le concret de notre vie, de notre existence aujourd’hui. La grâce divine, le Don que le Père nous fait de son Esprit Saint par son Fils… c’est aujourd’hui qu’il nous le fait, dans le présent de notre quotidien ; non pas hier ou demain, il y a cinq minutes ou dans cinq minutes, mais dans l’aujourd’hui de Dieu qui nous rejoint dans l’aujourd’hui de notre vie. On pourrait dire « Dieu aime le présent ! »
La sainteté, c’est vivre sa vie en union au Mystère de la vie du Christ, en union permanente, sereine, sans tension, avec Jésus.
Chacun est unique, avec une vocation unique et une mission unique. Vocation, mission, être unique, dans l’histoire de l’humanité et dans l’histoire de l’Église. Telle est la volonté de Dieu !
Il y a des saints, des témoins, qui sont utiles pour nous encourager, pour nous stimuler… les premiers de cordée ; non pour que nous les copions, car cela pourrait même nous éloigner de la volonté de Dieu, du chemin que Dieu veut pour nous ; par contre nous sommes tous appelés à être des saints, des témoins. Cependant il y a de nombreuses formes de témoignages.
Laissons la grâce de notre Baptême, la grâce et la puissance du sacrement de Confirmation que nous avons reçu, porter du fruit dans un chemin de sainteté dans la société humaine d’aujourd’hui, dans notre vie personnelle, notre vie familiale, dans notre vie sociale, politique, dans notre vie relationnelle. Avançons avec audace et détermination vers ce projet unique que le Seigneur a voulu et veut pour nous, qui est notre vie et notre mission propre. Et nous n’aurons pas de clonage ; dans toute l’histoire de l’Église et à supposer qu’il y ait des clonages humains, et bien, deux clones n’auront pas la même identité, ni la même vocation, ni la même mission.
Laissons l’Esprit Saint agir, et œuvrer, en nous et dans notre vie telle qu’elle se présente à nous dans la réalité. Ne fuyons pas le réel mais laissons le Seigneur nous transformer, nous transfigurer, ainsi que notre vie, pour être des témoins de Jésus dans le monde d’aujourd’hui,
Amen !