Homélie du dimanche 17 janvier 2021 – 2ème Semaine du Temps Ordinaire  – Année B

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

« Samuel ! Samuel ! »

La voix de Dieu qui appelle.

La voix de Dieu qui retentit aux oreilles de cet enfant, qui retentit au plus profond du cœur de l’homme. À l’intime de notre conscience.

« Samuel ! »

Ce prénom pourrait être changé par le nôtre, par le prénom de tout homme, de toute femme.

Frères et sœurs bien aimés, le Seigneur ne cesse pas de nous appeler. De nous appeler à la vie et de nous appeler tout au long de notre vie. Jésus nous appelle sans cesse ; Il nous appelle pour entrer dans son Amour éternel, pour étancher sa soif : soif de combler l’être humain de sa Présence divine, de son Amour infini, ce pour quoi il a été créé et sauvé.

Cet appel de Dieu prend différentes formes et joue avec les circonstances de la vie. Tel sera appelé directement et de façon impérieuse, comme le jeune Samuel, ou bien comme Paul de Tarse sur le chemin de Damas. D’autres par l’intermédiaire d’un maitre comme Jean Baptiste à l’égard de ses propres disciples, ou bien par un proche, un familier, comme Simon Pierre, par son frère de sang : André.

Il y a des temps, des lieux, il y a des personnes dans le cours de notre existence qui deviennent des manifestations de Dieu, des signes de sa Présence appelante. Parfois de son rappel, rappel insistant et exigeant. Dieu ne se lasse pas.

Des lumières précises pour marcher sur le chemin de la vie et du bonheur véritable. Cet appel concerne des êtres à vocations précises et radicales mais aussi à vivre, tout bonnement mais en vérité, comme disciple et témoin du Ressuscité.

C’est la vocation de tout baptisé, de chaque chrétien. Ce n’est pas une vocation, un appel au rabais pour gens ordinaires et médiocres, c’est la vocation plénière de la destinée humaine et de la sainteté de tout baptisé, et du corps ecclésial. Malgré le bruit, la distraction voire la noirceur du péché, le Seigneur sait nous retrouver, nous chercher, nous rejoindre, Il sait et Il veut toujours nous accompagner.

Le Seigneur attend de nous une réponse personnelle, ce qui nous concerne en propre ; et que seul nous pouvons donner.

Il n’y a qu’une chose que nous pouvons donner au Seigneur et qui soit vraiment personnelle, qu’Il sollicite mais ne force jamais : notre liberté… « Veux-tu ? »

Le Seigneur demande toujours, Il nous respecte, Il nous attend, Il patiente ! On pourrait dire, Il est poli ! Mais l’Amour est insistant et impétueux pour notre bien, notre bien éternel.

Dieu attend notre « oui », notre collaboration, notre consentement, afin de devenir co-responsables de notre vie et de celle des autres.

À l’exemple du jeune Samuel ou de l’apôtre Pierre, nous avons besoin d’être aidés. Samuel est éclairé par Eli, ce prêtre âgé et presque aveugle, impotent. Pierre est éclairé par son frère André qui l’informe, l’interpelle et le conduit à Jésus. Tous et chacun, d’une façon ou d’une autre, nous avons été conduits à Jésus ; d’autres nous ont guidés, conseillés, conduits, orientés, sur la route pour discerner et rencontrer le Seigneur Jésus. On devient un chrétien grâce à Dieu mais aussi grâce aux autres, divers et multiples ; même parfois des gens qui sont loin de la foi, peuvent de manière indirecte ou directe, par la providence divine, nous orienter vers Dieu. Parfois une rencontre inattendue change le cours de notre vie et l’oriente vers la lumière qui ne s’éteint pas.

À notre tour, frères et sœurs, nous sommes appelés à témoigner de Jésus. Samuel est devenu Juge d’Israël, il a guidé le peuple pendant de longues années.

L’apôtre Pierre a été choisi par le Christ pour devenir le roc, signe du Christ Jésus sur lequel l’Église est bâtie et se construit.

Un enfant offert pour le service du Seigneur, Samuel. Un simple pécheur du Lac de Tibériade devenu par le Christ le chef du Collège Apostolique et celui qui détient les clés du Royaume de Dieu, chargé de guider les hommes dans la lumière de la vérité.

Dieu fait grand avec les petits, avec les humbles.

Dans la grâce de cette Eucharistie, répondons avec toujours plus de ferveur et de vérité à notre vocation et notre mission propres, chacun et chacune, aujourd’hui. Prions aussi le Seigneur d’envoyer des hommes et des femmes sur les chemins du monde, de notre monde qui est aimé de Dieu, qui est voulu de Dieu ; afin que ce monde, notre monde, soit éclairé ; et que nos contemporains ouvrent les yeux à la beauté et à la dignité de la vie humaine, dès sa conception, jusqu’à son terme naturel et non précipité.

Il y a des combats qui supposent, et qui supportent, une argumentation persuasive, une raison droite et logique. Dans nombres de combats, tout cela est nécessaire, certes, mais ne suffit pas, ne suffit plus.

Face à l’aveuglement et à l’obscurcissement de la conscience humaine contemporaine, nous devons prendre les canaux de lumière pour le combat de la lumière face aux ténèbres du Mal. Ces canaux de lumière sont la prière, la pénitence, la réflexion sage et profonde, éclairée par la Révélation, et la parole toujours respectueuse et douce mais courageuse pour dire à temps et à contretemps, la Bonne Nouvelle du Salut : l’Évangile de Dieu qui est attendu par tout être humain, consciemment ou inconsciemment. Et parfois tout simplement à rappeler le bon sens.

L’apôtre Paul nous rappelle que le corps humain est appelé à devenir le Temple de l’Esprit Saint, et depuis notre baptême, est réellement l’habitation de l’Esprit Saint, l’habitation de la Trinité. Et ce corps ressuscitera un jour, nous professons la résurrection de la chair.

C’est un don, ce corps est un don pour rendre gloire à Dieu et servir nos frères. On ne peut en user pour la débauche, l’impureté sous toutes ses formes, ou bien porter atteinte à son intégrité ou le supprimer ; nous devons en prendre soin avec respect et amour pour soi et pour les autres sans l’idolâtrer, sans le délaisser.

Les évêques de France nous appellent en ces jours à prier et à jeuner, à méditer sur la Parole de Dieu pour discerner les situations, afin que notre société ouvre les yeux sur la nature des enjeux contemporains, et notamment des lois dites « bioéthiques » – et pour reprendre une expression connue : qui n’ont rien ni de « bio », ni de « éthique »…

Nous assistons impuissants depuis fort longtemps à ce qui pourrait se rapprocher d’un massacre d’innocents, et à l’élimination organisée de certains êtres humains qui demandent une seule chose : vivre ! Le droit à la vie, de vivre tout simplement ; droit premier et fondamental mais qui leur est refusé.

Ces innocents qui ne peuvent ni se défendre, ni s’exprimer, puisqu’ils ne sont pas encore nés.

Puissions-nous, frères et sœurs, avec tous les chrétiens, dans la grâce de prière de cette semaine pour l’unité des baptisés, vivre et témoigner de l’Amour du Seigneur pour chaque être humain sans exception, et de remplir la vocation et la mission que Jésus nous donne en Lui et par Lui, d’être porteurs de lumière de la Vie.

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